La France a-t-elle encore négligé le Parlement européen ?

, par ProEuropa

La France a-t-elle encore négligé le Parlement européen ?

Une tribune de ProEuropa, une association de jeunes professionnels de l’Europe.

Dans une semaine, la séance plénière du Parlement européenà Strasbourg marquera la rentrée des eurodéputés. Mais à Bruxelles, ceux-ci prennent déjà leurs marques et l’activité reprend progressivement. Signe de l’importance toujours croissante de cette institution, José Manuel Barroso présentera dans les jours qui viennent son programme aux différents groupes politiques afin d’obtenir leur soutien en vue de sa reconduction à la tête de la Commission européenne.

Les efforts que déploie le Président de la Commission témoignent d’une évolution majeure des rapports de force entre les institutions communautaires, entamée en 1999 avec la démission de la Commission Santer. Le Parlement est désormais prêt à jouer pleinement son rôle de représentant du peuple européen, en exerçant le contrôle sur l’exécutif communautaire qui en découle.

Qu’en est-il alors de l’influence française dans ce nouveau Parlement ?

Quatre des 22 commissions permanentes sont présidées par des eurodéputés français : la très importante commission des Budgets, dont la présidence revient à Alain Lamassoure(PPE), la commission « Emploi et affaires sociales » pour la socialiste Pervenche Berèsqui perd par la même occasion les affaires économiques et monétaires, « développement » pour Eva Joly(Europe-Ecologie) et la sous-commission « sécurité et de défense » pour Arnaud Danjean, jeune élu UMP spécialiste des questions internationales. Seule l’Italie, avec cinq présidences, a fait mieux. Mais la réalité est plus complexe, car il convient de tenir compte de l’importance variable des différentes commissions.

Bien sûr, l’emploi, les affaires sociales, la sécurité et la défense sont des sujets politiques majeurs pour l’avenir commun des Européens. Mais le poids du Parlement européen sur ces sujets reste faible. S’il est adopté, le traité de Lisbonne donnera un pouvoir accru aux députés européens, mais quoi qu’il arrive toujours largement centré sur les sujets à dominante économique. Or, les commissions économiques sont aujourd’hui principalement présidées par des députés britanniques (« marché intérieur-protection des consommateurs », « transport-tourisme » et « affaires économiques et monétaires ») et allemands (« Industrie-recherche-énergie » et « environnement-santé publique-sécurité alimentaire »).

Du côté de la présidence du Parlement européen, même constat. Le nouveau Président polonais, Jerzy Buzek, sera accompagné de 14 vice-présidentsparmi lesquels trois Allemands, deux Britanniques, deux Espagnols, deux Italiens, mais aucun Français.

De fait, les dernières élections européennes ne laissaient pas entrevoir une réelle prise de conscience française de l’importance du Parlement européen. Investitures difficiles et beaucoup trop tardives à droite comme à gauche, guerres de chapelles et de territoires, campagne courte (deux semaines !) et, sans surprise, fort taux d’abstention : ces élections ont malheureusement ressemblé aux précédentes.

Mais il y eut néanmoins quelques bonnes surprises  : on retrouvera la semaine prochaine à Strasbourg des députés ayant marqué la précédente législature par la qualité de leur travail (Alain Lamassoure, Pervenche Beres, Françoise Grossetête…) et quelques jeunes députés maîtrisant bien les affaires européennes et décidés, semble-t-il, à s’investir pleinement dans leur nouveau mandat (Arnaud Danjean, Yannick Jadot, Damien Abad…).

Les élections du 7 juin l’ont rappelé avec force, il est aujourd’hui nécessaire d’amener le débat européen auprès des citoyens en donnant la visibilité nécessaire à nos eurodéputés. Si le Parlement européen reste dans l’esprit de nos responsables une « oubliette politique », que l’on met en lumière deux fois par décennie à l’occasion des élections européennes, il ne faudra pas s’étonner si dans cinq ans à nouveau, près des deux tiers de nos concitoyens ne participent pas à ce qui pourrait être le grand rendez vous de la démocratie européenne.

Si le Parlement reste une oubliette politique, il ne faut pas s’étonner des taux d’abstention

Dans cette perspective, l’heureuse initiative de Bruno Le Mairemérite d’être soulignée. Alors secrétaire d’Etat aux affaires européennes, il a réuni le 22 juin dernier tous les députés européens français de la majorité et de l’opposition pour une journée de travaildestinée à organiser la représentation française au Parlement européen. Cette réunion devra en appeler d’autres afin de donner aux nouveaux eurodéputés français les moyens de rappeler régulièrement l’importance des enjeux traités au niveau communautaire.

Il s’agit-là d’un premier signe d’une prise de conscience, tant attendue en France, de l’importance du Parlement européen et de son rôle fondamental dans l’élaboration des normes qui régissent notre quotidien.

Espérons maintenant que nos élus, en particulier ceux dont c’est le premier mandat, sauront s’investir à 100% dans leur mission et résister aux sirènes d’un retour à la scène politique nationale…

Pro Europa organise le 10 septembre 2009, à partir de 19h30, la rentrée des « Cafés ProEuropa » autour de

Jacques BARROT, Vice-président de la Commission européenne

et Damien ABAD, député européen

au Café « Les Ambassades », 75 rue du Bac, 75007 (Métro Bac).

Depuis le lancement de ProEuropa2009 le 28 janvier à Paris et le 2 mars à Bruxelles, les « Cafés ProEuropa » sont un rendez-vous régulier de jeunes actifs permettant de débattre de manière informelle des enjeux européens, des principaux thèmes lancés lors de la campagne du printemps dernier et de l’influence de la France au Parlement européen.

Image : Parlement européen, wikipedia

Vos commentaires
  • Le 7 septembre 2009 à 14:18, par Fabien Cazenave En réponse à : La France a-t-elle encore négligé le Parlement européen ?

    Je suis beaucoup plus circonspect que l’association ProEuropa sur le renversement dans l’équilibre institutionnel : la très probable élection de Barroso renforcera une Commission à la botte du Conseil européen.

    Effectivement, plusieurs nouveaux eurodéputés se consacreront pleinement à leur mandat : Damien Abad, Sylvie Goulard, Yannick Jadot, etc.

    C’est par le travail qu’ils auront une légitimité. Comme l’a fait M. Lamassoure par exemple.

  • Le 7 septembre 2009 à 14:49, par Guillaume En réponse à : La France a-t-elle encore négligé le Parlement européen ?

    Oui, tout à fait !

    Pour moi, les difficultés rencontrées par JM Barroso pour assurer sa réélection montrent bien que 1° le Conseil et 2° le Parlement ont saisi cette occasion pour lui rappeler le pouvoir dont ils disposaient sur la Commission.

    Ca semble bienvenu de la partdu Parlement, regrettable de la part du Conseil, d’autant que Barroso va être finalement réélu - le 16 septembre selon toute vraisemblance. Et le résultat de ce changement du rapport de force institutionnel ce sera une Commission clairement affaiblie !

  • Le 7 septembre 2009 à 15:07, par rudi En réponse à : La France a-t-elle encore négligé le Parlement européen ?

    comme d’habitude, ce qui est loin de Paris, n’existe pas

    Mais qu’il n’y ait aucun vice président français est indéfendable et montre une incompétence totale...de paris et surtout sa méconnaissance du fonctionnement du Parlement : voilà donc cinq années desastreuses à venir.

  • Le 8 septembre 2009 à 05:44, par Martina Latina En réponse à : La France a-t-elle encore négligé le Parlement européen ?

    Poursuivons donc le combat de l’exigence contre la « négligence » ou plutôt celui de la clairvoyance et de l’espérance européennes : voir clair en regardant de l’avant est un devoir personnel et commun pour tous les citoyens de l’Europe, d’autant plus facile à remplir qu’ils en ont le pouvoir.

    Il s’agit en effet de prendre conscience, ensemble et chacun, des « enjeux » de l’U. E. en commençant par se tenir au courant des « normes » fixées par le Parlement européen : la « mission » de justice et de paix confiée par l’élan toujours jeune de la Phénicienne EUROPE repose encore sur certain TAURILLON, même s’il s’en défend avec modestie, et sur les EUROCITOYENS qui ont à relever le défi de l’indifférence ou de « l’euroscepticisme ».

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