Alors que, au moins pour un temps, le débat passionnel sur l’adhésion éventuelle de la République turque à l’Union Européenne est en sommeil, il est intéressant de revenir, calmement, précisément, sur les évolutions des rapports entre la puissance des Détroits et ses différentes composantes vis-à-vis de sont entourage.
A travers quatre thèmes majeurs, l’Union Européenne, l’alliance avec Israël, l’affaire Ergenekon, et le problème kurde, les auteurs dressent un tableau des évolutions à l’oeuvre en Turquie. Celle-ci n’est pas à prendre comme un bloc, bien entendu, elle est soumise à des tensions, des débats, parfois des forces plus souterraines, et se trouve dans une période où ses relations avec le reste du monde sont en évolution profonde. Un des intérêts de ce dossier est justement de montrer que ces évolutions sont lentes, conditionnelles, soumises à des rémanences et des héritages, sans pour autant qu’il s’agisse de prédéfinis.
Le pays a repensé sa façon de vivre la relation à l’Union Européenne
Pas de téléologie, mais une profondeur historique et diplomatique qui est à l’oeuvre, dans un pays lui-même en période de redéfinition politique depuis l’arrivée au pouvoir sans heurts de M. Erdogan, et son maintien au gouvernement sans les interventions militaires qui ont émaillé les dernières décennies. L’exercice du pouvoir joue un rôle dans cette redéfintion, tout comme la nécessité de trouver un placement dans un environnement international qui a très profondément évolué depuis dix ans. Le pays a été conduit à repenser sa façon de vivre la relation à l’Union Européenne, et son positionnement stratégique à l’échelle du Moyen-Orient.
Certes, d’autres aspects auraient pu prendre place, comme la place des émigrés dans cette recomposition, ou la relation aux Etats-Unis. Toujours est-il que ces articles nous proposent un regard très affiné sur les réalités de la Turquie, de son propre point de vue. Plus que des recettes, ou des exposés généraux, utiles, mais qui parfois prennent le pas sur l’approfondissement des questions, ce dossier nous propose un ensemble de pistes, de thématiques de compréhension du vécu international actuel des enfants d’Atatürk, nécessairement incomplet, mais ouvrant des horizons très riches à la réflexion, et très largement accessibles.
Les relations internationales se jouent toujours à plusieurs, et parfois, dans le cas turc, on semble de France oublier le miroir de notre parole de l’autre côté de la mer Egée.
1. Le 28 mars 2010 à 06:43, par Martina Latina
En réponse à : La Turquie à la croisée des chemins
Merci pour ce nouvel article. Car, même et surtout en ces temps d’indifférence et d’hésitation, il est urgent de se rappeler la vocation européenne inscrite dans le nom trois fois millénaire d’EUROPE :
la VASTE-VUE ancrée par un TAURILLON sous la forme d’une jeune Phénicienne mythique en terre crétoise, donc grecque, a commencé de se révéler immédiatement par la communication antique, grâce à la navigation et à l’alphabet qu’avaient mis au point précisément les Phéniciens, puis par la démocratie grecque et le développement républicain.
Cette vocation de L’EUROPE n’attend donc que la prise de conscience de l’Union, née d’elle et de l’histoire, pour envisager sérieusement « la croisée des chemins » avec les terres voisines (qui peut se réaliser par exemple en l’« Union pour la Méditerranée » lancée voilà plusieurs mois), donc pour enfin donner un visage à la concertation internationale et un avenir à la justice comme à la paix.
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