Découverte du fédéralisme.

« La pensée fédéraliste et la construction européenne »

Les Etudes du Mouvement Européen - Avant propos.

, par Mouvement Européen - France

« La pensée fédéraliste et la construction européenne »

Depuis quelques semaines la direction de www.taurillon.fr a entrepris de diffuser dans ses colonnes de nombreux extraits d’un numéro spécial de la « Lettre des Européens » (revue du « Mouvement Européen France ») spécifiquement consacré au fédéralisme. Document dont nous vous proposons, ce jour, le texte d’avant-propos...

Pendant plusieurs décennies, la construction européenne a eu pour principale référence fondatrice la "méthode Monnet-Schuman" qui est en réalité une stratégie de contournement de l’intégration politique :

Il s’agissait, par une démarche de petits pas, d’intensifier progressivement un réseau de solidarités concrètes, en évitant soigneusement d’aborder de front la question de l’intégration politique dont l’évocation prématurée s’était soldée en particulier par l’échec retentissant de la Communauté européenne de Défense (CED), en 1954.

Le non-dit de cette méthode consistait à considérer que la quantité finirait par se changer en qualité, et que l’intégration politique naîtrait spontanément de l’intensification de l’intégration économique.

Tel n’a pas été le cas et l’histoire de la Communauté économique européenne s’est caractérisée par un écart croissant entre la réalité économique et commerciale de l’Europe et le piétinement de sa contruction politique.

Maastricht 1992, ou le retour du refoulé...

La chute du mur de Berlin a soudainement secoué cette patiente construction en exigeant une réponse politique forte à l’accélération de l’histoire : ce fut le Traité de Maastricht qui replaçait ouvertement la question de l’intégration politique au centre du débat européen.

Il y était question de rien moins que la mise en place, selon une organisation fédérale, d’une monnaie unique, de la mise en chantier d’une Politique étrangère et de sécurité commune et d’une coopération en matière de Justice et d’affaires intérieures, toutes questions attaquant de front le noyau dur des souverainetés nationales.

Le débouché politique, et donc institutionnel, de cet ambitieux cahier des charges était laissé dans un flou artistique. Ce qui a mené à un malentendu évident en septembre 1994 : l’appel lancé par le groupé CDU-CSU au Bundestag, "Réflexions sur la politique européenne", sous-tendu par une relance fédérale de la construction européenne, n’a suscité aucune réponse intelligible en France. Ne cherchons pas ailleurs la source de l’échec relatif du Traité d’Amsterdam et de l’enlisement actuel de la perspective d’une réforme institutionnelle sérieuse.

L’Europe est sortie de cet épisode plus déséquilibrée qu’elle n’y était entrée : le gouffre est désormais béant entre une intégration économique et monétaire quasiment complète et l’absence de perspective en matière politique et institutionnelle.

Répondre aux questions fondamentales

Désormais, les interrogations fondamentales sur les finalités de l’Europe, son fonctionnement démocratique et sa capacité à respecter les règles d’un Etat de droit ne peuvent plus être évitées. Il n’est pas surprenant que ces questions nourrissent le débat public sur l’Europe en France et qu’on y voie resurgir, dans le plus grand désordre, des concepts "fédéralistes" tels que constitution européenne, subsidiarité, citoyenneté européenne...

Cette résurgence - le plus souvent non assumée - des idées et des concepts fédéralistes est, en un sens, un retour aux sources : au moment où l’Europe ne peut plus éviter de s’interroger sur ses objectifs et son identité, son rapport aux peuples, ses grands équilibres institutionnels, il est naturel qu’elle se retourne vers les conceptions qui ont été à l’origine de son projet et qui, d’une façon souvent souterraine, en ont alimenté en permanence les débats et les avancées.

Elle se trouve de nouveau confrontée à la question de la souveraineté qui est au centre de la réflexion fédéraliste : comment concilier le respect des différences et l’unité d’une construction commune ?

Le « Mouvement Européen-France » a jugé utile de clarifier ici ce débat sous-jacent en rappelant ce que sont les fondements de la doctrine fédéraliste qui constituent l’une des sources de son inspiration. Il a cherché à le faire d’une façon non exhaustive et pédagogique en demandant à d’éminents auteurs, issus des différents courants fédéralistes, de l’aider à élaborer un bref ouvrage de présentation de ces idées. Document dont vous pourrez lire les contributions sur ce site internet d’informations.

De surprises en surprises ?

Il est probable que beaucoup de lecteurs iront de surprise en surprise à la lecture de ce petit livre, et qu’ils y découvriront successivement :

 que le fédéralisme n’est en aucune sorte obsédé par une volonté de dissoudre les différences nationales dans un ensemble supranational. Au contraire, il conduit à une défense des identités de nature à laisser rêveurs les plus exigeants de nos souverainistes,

 qu’il n’est pas une utopie théorique, mais recherche dans la longue histoire de l’Europe les sources de sa possible identité, et une appréciation aussi réaliste que possible de sa capacité à se constituer en ensemble politique intégré,

 qu’il ne se pose pas en idéologie globalisante, mais rassemble et concilie des sensibilités politiques et spirituelles diverses. Le lecteur pourra ainsi s’amuser à recenser les divergences entre les diverses contributions,

 qu’il n’est pas une doctrine consacrée à la seule construction européenne, mais développe des principes d’organisation politique qui interrogent nos institutions nationales.

S’affranchir des a priori schématiques

Nous escomptons que ces surprises permettront à tous ceux qui s’intéressent à l’avenir de l’Europe de s’affranchir de tout a priori schématique. Susciter l’adhésion des lecteurs au fédéralisme n’est en aucune façon l’objet des documents.

Il vise simplement à faire prendre en compte, avec toute la considération qu’elle mérite, l’une des rares approches charpentées et cohérentes des questions fondamentales que l’Union européenne ne peut plus éluder.

Il est clair en tout cas que la pensée fédéraliste mérite mieux que de servir de référence disqualifiante à toute réflexion sérieuse sur l’avenir de l’Europe. Espérons que, désormais, il ne suffira plus de qualifier un projet ou une idée de fédéraliste pour s’épargner d’en examiner les mérites.

Que les différents auteurs dont les contributions vont suivre soient remerciés d’avoir aimablement accepté de se prêter au jeu.

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