Le nouveau modèle européen
L’Union européenne est, et a vocation à être un nouveau modèle indépendant des autres, fondé sur la solidarité et le respect. Elle est un modèle d’intégration qui suscite partout ailleurs l’émulation (i.e. régionalisme en Amérique Latine) et véhicule la certitude d’un avenir plus prometteur ensemble.
La période de troubles actuellement traversée par l’Union ne doit pas nous faire céder « au chant des sirènes eurosceptique » ni nous faire reculer dans ce que nous avons déjà accompli. De même, se convaincre que la crise permet à l’Union européenne d’avancer est une école de pensée réductrice qui cantonne l’intégration européenne à une contrainte et n’est donc pas acceptable comme telle à l’avenir.
Afin de poursuivre sa progression, l’Union européenne a besoin de s’appuyer sur la confiance, dans sa composante interne comme externe. De l’intérieur, ce sont à la fois les eurocitoyens et les Etats-membres qui doivent avoir confiance en elle, pour lui conférer la légitimité et l’impulsion dont elle a besoin, notamment en termes institutionnels. Dans sa dimension externe, les voisins européens et le reste du monde doivent avoir confiance dans l’Union européenne qui est leur partenaire, qui doit susciter l’attrait et s’établir en référence.
Plaidoyer pour davantage d’ouverture au reste du monde
Dans cette perspective, S.E.M. Tomasz ORŁOWSKI souligne, avec brio il faut bien le dire, les auspices favorables sous lesquelles débute la présidence polonaise du Conseil de l’Union Européenne. Cette dernière a une ambition politique et non technique et fait d’ores et déjà face à de lourdes attentes.
On pensait que la ratification du Traité de Lisbonne mettrait fin à l’importance qu’avaient jusque-là revêtue les présidences tournantes : on se trompait. La présidence espagnole du premier semestre 2010 l’a prouvé une fois, la Pologne compte bien le confirmer cette année en mettant à l’ordre du jour le parachèvement du marché unique, en ouvrant un nouveau chapitre dans les négociations à l’adhésion de la Turquie (le chapitre VIII, soit la concurrence) et en mettant en relief le rôle pacificateur de l’Union dans la région des Balkans.
La Pologne veut miser sur la croissance (en pariant sur le levier que constitue le marché intérieur) et la sécurité, « sans dérive sécuritaire » souligne judicieusement l’Ambassadeur polonais.
Mais le leitmotiv de son intervention est bel et bien l’ouverture aux voisins et au reste du monde, qui pourra assurer le rayonnement de notre modèle. L’Union européenne doit être plus attentive aux événements qui frappent son voisinage immédiat, elle doit aussi y réagir plus rapidement - on pourrait rappeler l’exemple des Printemps arabes. Dans ce domaine, S.E.M. Tomasz ORŁOWSKI considère qu’il ne faut pas différencier deux voisinages de l’Union, à l’Est et au Sud, y compris en méditerranée.
Il n’y a selon lui qu’un seul et même voisinage dans lequel il est de notre devoir de favoriser et de contribuer autant que possible à la transition démocratique. C’est évidemment sur ce dernier point que la Pologne a le plus à nous apprendre : les Polonais ont l’expérience de cette transition et sont à même de la faire partager. La transition démocratique, en Biélorussie comme en Egypte, ou encore en Tunisie, ne se réalise pas par le transfert de fonds incontrôlé mais par le partage, la participation et l’appropriation de la démocratie.
La pratique montre par ailleurs que l’existence d’une Constitution ne garantit pas le caractère démocratique du régime et peut parfois contribuer à perpétuer les « républiques bananières ».
Son Excellence Monsieur Tomasz ORŁOWSKI achève de convaincre du caractère « extrêmement européen » de la présidence polonaise par sa volonté de lui associer « deux valeurs de la Pologne » qui sont l’optimisme et la solidarité. Espérons que ces deux valeurs traversent la tempête actuelle sans encombre.
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