La résolution du Parlement européen sur le rapport Goldstone

, par Alessio Pisanò, Traduit par Jean-Baptiste Kastel

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La résolution du Parlement européen sur le rapport Goldstone

Catherine Ashton, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité commune, accusée à plusieurs reprises de faire profil bas sur la scène internationale, a une opportunité en or pour faire taire les critiques. Une résolution commune, soutenue par le Parlement européen lors de la plénière de mars à Strasbourg, appelle Madame Ashton à prendre un rôle central quant à la position de l’UE sur la recommandation Goldstone.

Ratifiée par 335 eurodéputés contre 287, la Chambre a approuvé la résolution présentée par l’Alliance Libérale-Démocrate Européenne (ALDE), le groupe des Verts-Alliance Libre Européenne, l’Alliance progressiste des socialistes et des Démocrates (S&D) et la Gauche Unitaire européenne (GUE) qui avaient réclamé l’exécution rapide des recommandations de Richard Goldstone, le juge sud-africain siégeant au Comité des Nations Unis pour accomplir une mission sur la recherche des faits dans le conflit de Gaza qui éclata en janvier 2009.

Le comité a été constitué par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unis pour enquêter sur les abus et les présumés crimes de guerre commis par Israël et le Hamas pendant les 23 jours du conflit. Goldstone, un juriste de renommée internationale et l’ex-procureur général du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, a dirigé la mission, promettant d’observer avec attention les positions respectives.

Tout d’abord, Israël a refusé de coopérer avec la mission en refusant les visas pour l’équipe Goldstone pour se rendre en Israël et en ne répondant pas aux questions de la commission. De l’autre côté, le Hamas et les autorités palestiniennes dans la banque de l’ouest coopèrent avec la mission, malgré le rapport notant « une certaine réticence des personnalités interviewées à Gaza ».

Le rapport de 575 pages (118 entretiens individuels, 300 rapports et autres documents, 30 vidéos et 12000 photographies) fournit beaucoup d’informations sur de graves violations par Israël de la loi humanitaire internationale, avec quelques incidents pouvant être considérés comme crimes de guerre, voire crimes contre l’humanité, incluant des meurtres consentis, des attaques préméditées visant des civils, des destructions gratuites des propriétés des civils, des attaques hasardeuses, la protection des militaires derrière des civils et la sanction commune contre la population civile de Gaza, prenant la forme d’un blocus. De plus, le rapport conclut que les tirs de roquette des groupes armés palestiniens lancés de Gaza étaient délibérés et calculés pour détruire la vie civile et terroriser les civils israéliens. Ainsi, de telles actions sont considérées comme de graves crimes de guerre voire même des crimes contre l’humanité.

Le rapport fournit beaucoup d’informations sur de graves violations par Israël de la loi humanitaire internationale

A présent, le Parlement européen exige du Haut représentant de l’UE de traiter l’affaire « à travers une réaction forte et commune de l’UE à la suite du rapport de la Mission des Nations unies sur la recherche des faits dans le conflit de Gaza ». De plus, Madame Ashton est sollicitée « pour surveiller activement l’exécution des recommandations et rendre compte au Parlement européen sur ces affirmations. »

Sans aucun doute, c’est une tâche astreignante pour le nouveau Haut représentant à qui se présente une aubaine pour répondre aux critiques enflammées auxquelles elle est confrontée. Sera-t-elle à la hauteur ? Cela ne va pas sans dire qu’elle ne peut se permettre de passer à côté de cette opportunité, comme elle l’a fait lors du meeting sur la défense l’OTAN le 25 février dernier, à Palma de Majorque, préférant assister à l’investiture du nouveau président de l’Ukraine. Il s’agit donc vraiment, pour Madame Ashton, d’une chance à saisir pour affirmer la politique étrangère de l’UE sur un sujet qui divise encore le monde entier. Durant le conflit de 2009, 14000 Palestiniens et 13 Israéliens ont été tués sans aucune clarification et sans enquête sérieuse de la part d’Israël et du Hamas. C’est le moment ou jamais de s’affirmer pour l’UE, qui cherche à jouer un rôle majeur dans les affaires étrangères mondiales.

En attendant, Human Right Watch essaye d’inciter les Nations Unies à confier l’affaire à la Court Internationale de Justice (CIJ) afin d’éclairer les présumés crimes de guerre soulevés par le rapport sur la recherche des faits dans le conflit. Verra-t-on alors émerger une position officielle de l’UE, « forte et commune » ? Le refus du Parti Populaire Européen de soutenir cette résolution n’est pas un bon signe. Madame Ashton a du pain sur la planche.

Illustration :Drapeau de l’Etat d’Israël

Source : Flickr

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