Présidentielle 2007 et Europe

Les électeurs doivent-ils se contenter d’un candidat qui ne parle que de la France ?

Les Français regarderont également leur programme sur l’Europe

, par Pauline Gessant

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Les électeurs doivent-ils se contenter d'un candidat qui ne parle que de la France ?

Dans quelques semaines, les Français éliront leur président de la République pour 5 ans. Parmi les thèmes de campagne, de nombreux sujets sont abordés : logement, environnement, jeunesse, immigration, économie… Pourtant un sujet essentiel est oublié par les candidats : l’Europe.

Parce que l’Europe est partie prenante de la vie française, parce que le président français est également notre représentant au sein du Conseil de l’Union européenne, l’Europe devrait être au cœur de la campagne présidentielle.

Un quotidien marqué par l’Europe

L’Europe est ainsi présente dans notre vie quotidienne : l’euro en est un exemple très concret. Souvent décrié, l’euro permet pourtant une certaine stabilité monétaire en Europe, là où se fait la majorité de nos échanges commerciaux. Il permet également de peser davantage face au dollar américain, de renforcer le pouvoir économique de nos entreprises, de voyager sans avoir à se soucier des taux de change…

L’Europe en France, c’est aussi plus de 14 milliards d’euros (euros courants) qui seront attribués à la France pour 2007-2013 au seul titre de la politique régionale européenne. Par ailleurs plus de 80 % des lois françaises sont aujourd’hui d’origine communautaire.

Ce constat implique donc que les questions européennes ne soient plus isolées de la vie politique nationale. Malheureusement aujourd’hui seuls les partis extrémistes parlent d’Europe dans la campagne et souvent par opposition à l’idée même d’Europe. Pourtant aujourd’hui face aux défis de la mondialisation, de la sécurité mondiale, de l’environnement, la France ne peut s’appréhender que par le prisme européen.

De nombreux thèmes abordés dans le cadre de la campagne devraient l’être dans une optique européenne :
 Les questions énergétique et environnementale par exemple ne peuvent être traitées qu’à l’échelle européenne.
 Comment peser également dans la mondialisation, face aux États-Unis et aux puissances asiatiques émergentes, sans parler d’une seule voix, la voix européenne ?

Il est donc essentiel que les candidats à la Présidentielle parlent d’Europe et ce d’autant plus que le référendum de 2005 a révélé une fracture européenne entre les représentants politiques et une partie de la population qui connaît la tentation du repli national, tentation se traduisant par une suspicion vis-à-vis de l’Union européenne.

Cette fracture ne se résoudra pas d’elle-même en abordant les questions européennes uniquement au moment d’un référendum (13 ans séparent le référendum sur le traité de Maastricht en 1992, et le traité constitutionnel en 2005). Les hommes et femmes politiques français doivent se saisir de la problématique européenne.

« La conspiration du silence » pour reprendre les termes de Pierre Lequillier, président de la Délégation de l’Union européenne à l’Assemblée nationale, ne doit donc pas avoir lieu : l’Europe doit être un sujet incontournable de la campagne.

Un chef d’État, également représentant français au Conseil européen

Si cette élection ne semble être qu’un évènement franco-français, il n’en est rien. Tous les pays européens sont attentifs à la campagne électorale. En effet, non seulement nous élirons notre président, mais nous élirons également notre représentant au Conseil de l’Union européenne. Nos candidats devraient donc clairement s’exprimer sur la vision qu’ils porteront en ce qui concerne le budget, les frontières et la réforme institutionnelle de l’Union européenne.

Dans une Europe qui fonctionne encore sur un mode intergouvernemental, notamment au sein du Conseil européen, la France a une voix qui compte. Les priorités des candidats à la présidentielle devraient donc être clairement connues.

De plus, la France porte aujourd’hui une lourde responsabilité envers nos voisins européens : elle a donné un coup d’arrêt au projet de constitution européenne alors que plus de la moitié des citoyens et pays européens l’ont ratifié.

Nous avons arrêté le processus, nous devons proposer des solutions : la relance du processus constitutionnel européen doit ainsi être au cœur de la campagne présidentielle.

Est-il déjà trop tard ? La réunion de Madrid récemment a montré que les autres pays, notamment ceux qui ont ratifié le Traité constitutionnel, ne nous attendront pas. De plus, c’est probablement à la France qu’il reviendra de relancer le processus constitutionnel lorsqu’elle présidera l’Union européenne en 2008 ! Les Allemands prévoient en effet de faire en juin des propositions pour reprendre les négociations afin d’aboutir en décembre 2008 sous présidence française.

C’est également sous présidence française que devrait être notamment amorcée la révision à mi-parcours des perspectives financières de l’Europe pour la période 2007-2013. Cette révision portera sur toutes les dépenses, politique agricole commune et rabais britannique inclus.

L’élection présidentielle doit donc être l’occasion pour les candidats de définir clairement les options qu’ils entendent privilégier en matière de politique européenne.

Les Français sont d’ailleurs conscients de l’importance de l’Europe. Pour une nette majorité d’entre-eux, la construction européenne doit être un enjeu « important « (57 %) voire « tout à fait prioritaire » (16%) de l’élection présidentielle selon un sondage CSA-France Europe Express – France Info réalisé en mai 2006. Et ces mêmes français voteront en conséquence...

2007, l’Europe doit être au programme !

Le 25 mars, les chefs d’État et de gouvernement célébreront le cinquantenaire du Traité de Rome par une déclaration solennelle à Berlin. Le 25 mars, soit en pleine campagne française. Espérons qu’à cette occasion, nos candidats exprimeront enfin leur vision pour la construction européenne.

La construction européenne a toujours avancé quand il y avait des leaderships forts. Robert Schuman et Jean Monnet pour le Traité de Rome. Valéry Giscard d’Estaing pour le Système monétaire européen. François Mitterand, Helmut Kohl et Jacques Delors pour le marché unique et le traité de Maastricht.

L’Europe a aujourd’hui plus que jamais besoin de leadership européen : souhaitons que nos candidats aux élections présidentielles fassent preuve de d’une forte conviction européenne et expriment une vision ambitieuse pour la France en Europe, et donc pour la construction européenne.

Que l’Europe soit au programme !

Illustration : visuel tiré de Wikicommons qui est dans le domaine public.

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