Louis Le Pensec : « l’Europe locale c’est l’Europe qui bouge ! »

, par Fabien Cazenave

Louis Le Pensec : « l'Europe locale c'est l'Europe qui bouge ! »

Interview de Louis Le Pensec, Ancien Ministre et Président de l’Association Française du Conseil des Communes et Régions d’Europe (AFCCRE) qui organise les 1ères Rencontres Nationales « Jumelages et Partenariats » à Tours (37) les 11 et 12 septembre 2009.

Le Taurillon : L’AFCCRE organise les 1ères Rencontres Nationales « Jumelages et Partenariats » à Tours les 11 et 12 septembre 2009. Quel est le but de cet évènement ?

Louis Le Pensec : Trois mois après les élections européennes et alors que l’année 2010 sera le 60ème anniversaire de la Déclaration Schuman, cette rencontre peut être l’occasion de s’interroger sur l’état du processus européen, sur l’avenir de l’Europe et surtout sur la place que les Européens seront amenés à occuper dans ce contexte.

L’Association Française du Conseil des Communes et Régions d’Europe a donc pris l’initiative d’organiser cette première Rencontre nationale ouverte aux représentants des collectivités territoriales françaises et aux militants associatifs engagées ou souhaitant s’engager dans des partenariats européens ou dans le reste du monde.

Avec des membres du Parlement européen, des représentants de la Commission, des intervenants d’institutions nationales et internationales, en présence de M. Pierre Lellouche, Secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, ils sont invités à exprimer leur point de vue sur les nouvelles perspectives de coopération qui s’offrent dans l’Europe du XXIe siècle.

Dans le cadre d’ateliers spécifiques (citoyenneté européenne, mobilité des jeunes, réseaux de coopération, solidarité Nord-Sud, Balkans…) et grâce aux témoignages de nombreux acteurs locaux engagés dans diverses formes de coopération, chacun devrait pouvoir trouver de nouvelles sources d’inspiration pour insuffler une nouvelle dynamique aux futurs échanges organisés dans le cadre des partenariats existants ou à venir.

Le Taurillon : Communes et Régions peuvent-elles insuffler une nouvelle dynamique à la construction européenne ?

Louis Le Pensec : L’Europe peine de plus en plus à trouver l’adhésion de ses citoyens. Comment ne pas être interpellé par l’abstention massive lors des dernières élections du Parlement européen ? De nouveau, l’égoïsme et le repli sur soi sont de mise. Le processus de ratification du Traité de Lisbonne est laborieux. Rarement le fossé entre l’Europe et ses citoyens a semblé aussi profond.

Malgré les incertitudes de « l’Europe institutionnelle », force est de constater, et je suis le premier à m’en féliciter, que, sur le terrain, grâce aux collectivités locales, aux responsables associatifs et aux militants venus de tous les horizons, l’Europe locale c’est l’Europe qui bouge.

La France compte aujourd’hui environ 4 000 communes jumelées avec 6 000 partenaires européens. Ce mouvement s’est élargi aux départements, aux régions, aux structures intercommunales qui se sont engagés dans des actions de coopération de toutes sortes. L’action internationale et européenne des collectivités locales et régionales revêt les formes les plus diverses et concerne tous les niveaux d’administration territoriale.

Que ce soit à travers des jumelages, des réseaux de coopération, des communautés de travail, des Groupements Européens de Coopération Territoriale, l’Europe demeure plus que jamais pour les collectivités locales et régionales et pour le mouvement associatif un espace d’échanges, de dialogue et de solidarité.

Cette vision d’une Europe de terrain, vivante, dynamique, propice aux échanges est celle que nous devons défendre. Cette capacité du mouvement des Jumelages et des partenariats à mobiliser des citoyens, à impliquer des acteurs locaux, à encourager des jeunes à bouger, à souder des territoires par delà nos frontières est éminemment prometteuse.

Le Taurillon : Le jumelage entre villes européennes existe depuis longtemps. Comment le moderniser ?

Louis Le Pensec : Pour que les échanges entre citoyens et acteurs locaux restent une manière pertinente de pratiquer l’Europe sur le terrain, il convient de réfléchir à de nouvelles modalités d’actions, de nouvelles manières de réunir les citoyens autour de projets concrets. A l’heure d’internet et des formidables moyens de communication et d’information, il faut dépoussiérer les jumelages. Il est en effet important d’en moderniser l’image pour répondre de manière plus efficace aux défis d’une Europe qui s’est élargie, qui a évolué et qui entend promouvoir ses valeurs communes dans le reste du monde.

Cette rencontre est intitulée « Échanger, partager, innover : pour une Europe ouverte à tous ». Elle doit être l’occasion d’établir une feuille de route autour de quelques idées de base : placer l’Europe au cœur de nos échanges, faire de ces échanges de véritables lieux de dialogue et de débat, s’engager dans une réelle démarche d’intégration des publics dans leurs diversités, favoriser l’implication des jeunes, ouvrir nos réseaux de coopération au reste du monde, introduire la notion de développement durable dans nos coopérations, faire en sorte que l’ensemble des acteurs des territoires s’impliquent dans les partenariats.

Le Taurillon : Au-delà de cette rencontre, comment l’AFCCRE marque-t-elle sont engagement européen tout au long de l’année ?

Louis Le Pensec : Avec quelque 1 500 collectivités territoriales membres en France, l’AFCCRE a pour objectif premier de favoriser leur ouverture européenne et internationale. Notre Association est ainsi mobilisée sur de nombreux dossiers : citoyenneté, avenir de la politique de cohésion, services publics, environnement, égalité hommes-femmes, développement et coopération.

L’AFCCRE est la section française du Conseil des Communes et régions d’Europe qui rassemble plus de 100 000 collectivités territoriales sur notre continent. Elle est également membre de l’organisation mondiale de collectivités territoriales, Cités et Gouvernements locaux Unis (CGLU), fondé en 2004.

Depuis plus de 50 ans, nous portons ainsi la parole européenne. Nous essayons de faire en sorte que les collectivités territoriales s’engagent sur le terrain dans la construction de l’Europe. Nous ne voulons pas seulement que les collectivités locales soient des usagers des politiques européennes. Nous souhaitons surtout qu’elles en soient des moteurs. Ce message a porté ses fruits puisque aujourd’hui, cette dimension est reconnue aussi bien à Bruxelles que dans toutes les chancelleries.

Illustration :
 Logo de l’AFCCRE.
 photographie de Louis Le Pensec fournie par ses équipes.

Le Taurillon tient à remercier M. Tarrisson (Directeur Europe du Citoyen) et M. Lecomte de l’AFCCRE qui ont permis la réalisation de cette interview.

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