Selon Marie-Christine Vergiat, les évènements des dernières semaines avaient marqué « une étape » , un moment significatif en Tunisie. Après 23 ans d’exercice du pouvoir, le simple fait que Ben Ali parvienne à des scores de 80% à 90% aux élections montrait bien l’état de la démocratie avant son départ. Deux jours avant la démission forcée de Ben Ali, La députée européenne décrivait une situation sans précédent, un mouvement de révolte généralisé s’étendant à l’ensemble du territoire tunisien, sans que les mesures « dites d’apaisement » parviennent à étouffer le mouvement.
Interview de Marie Christine Vergiat 1
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Comment l’UE aurait-elle pu soutenir la révolte, avant la chute de Ben Ali
L’élue européenne avait reproché sa « position timorée » à l’Union européenne, reconnaissant cependant une évolution récente. Deux jours avant la chute de Ben Ali, elle entendait continuer « à pousser », au Parlement européen avec d’autres élus, « pour que la volonté du peuple tunisien se fasse entendre et que la démocratie soit respectée en Tunisie ».
Interrogée sur les actions précises qui pourraient être prises à l’encontre de la Tunisie, Elle avait évoqué son travail au sein de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb, plaidant notamment pour que les pourparlers en faveur d’un statut de « pays avancé » pour la Tunisie dans ses relations avec l’UE soient suspendus.
Elle avait également rappelé que dans tout partenariat conclu par l’UE se trouve une clause « démocratie et droits de l’homme ». Les accords conclus avec la Tunisie n’échappant pas à la règle, elle avait demandé à ce que l’UE respecte sa parole et respecte ses textes, à ce que les clauses mentionnant les principes fondamentaux de l’UE soient respectés au même titre que les accords économiques. Pour l’avenir de l’UE au niveau mondial, ces questions sont selon elle prioritaires et primordiales : « c’est l’image de l’Union européenne ; si elle veut continuer de peser dans le monde de demain il faut qu’elle continue de porter ces valeurs qui sont les siennes au départ ».
Interview de Marie Christine Vergiat 2
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Contre une défense de la démocratie et des droits de l’homme « à géométrie variable »
Tout en reconnaissant les outils nombreux de l’UE pour sanctionner les pays ne respectant pas la démocratie et les droits de l’homme sans pénaliser les populations, La députée du Front de Gauche avait reproché à l’UE « une réponse à géométrie variable » en fonction des pays et les intérêts de ses Etats membres. Un nombre restreint de pays se trouveraient ainsi « dans le collimateur » de l’UE : Biélorussie, Russie, Chine, Iran, Irak, et Cuba.
Affirmant la nécessité de lutter pour la démocratie et le respect des droits de l’homme dans ces pays, Marie-Christine Vergiat avait voulu rappeler que dans un certains nombre de pays, en Afrique notamment, des dictateurs sont en place sans être jamais inquiétés ni pointés du doigt. Cette politique du « deux poids deux mesures » serait selon elle liée au statut « d’anciennes colonies » d’un grand nombre de pays concernés.
Deux jours avant le renversement de Ben Ali, la députée européenne reprochait à l’UE de ne pas être assez claire sur ses positions concernant la Tunisie, et de couvrir les intérêts français dans ce cas précis. Tout en félicitant les eurodéputés socialistes espagnols de monter au créneau au sujet de la Tunisie, Mme Vergiat s’étonnait ainsi de ne pas les voir adopter un comportement semblable lorsque le Maroc ou le Sahara Occidental sont concernés.
Il n’est pas possible que la promotion des droits de l’homme par l’UE soit à « géométrie variable », déplorait-elle ainsi, rappelant que la démocratie est « un des biens les plus précieux que nous ayons au monde ».
Contre un conflit pour assoir le Président élu Ouattara en Côte d’Ivoire
Interrogée sur la situation en Côte d’Ivoire, Marie-Christine Vergiat s’était inscrite contre le soutien d’une éventuelle intervention militaire par l’UE. Tout en appelant Laurent Gbagbo à respecter le processus démocratique et le scrutin des urnes, l’élue s’était étonnée de voir la communauté internationale tant préoccupée par la situation en Côte d’Ivoire. L’élue a ainsi reproché aux pays de l’UE d’être beaucoup moins engagés concernant d’autres pays voisins. Selon elle, tous les moyens de dialogue devrainet être mobilisés pour éviter la guerre civile et le conflit ethnique auquel pousse Laurent Gbagbo. Une opération militaire, une intervention des anciens colonisateurs, ne serait pas une solution pour la Côte d’Ivoire.
Résumant ses attentes sur les droits de l’homme, Marie-Christine Vergiat voudrait notamment que l’UE utilise le même discours partout dans le monde, et qu’elle ne se contente pas des discours, mais agisse, partout de la même façon, comme l’attendent un certain nombre de démocrates et de pays dans le monde. Les intérêts économiques de l’UE ne devraient pas peser sur la défense des droits de l’homme et de la démocratie qui sont « des biens précieux ».
Accompagner la transition démocratique de la Tunisie, pour qu’elle devienne un modèle au Maghreb
Cette interview ayant été réalisée deux jours avant la chute de Ben Ali, Le Taurillon a invité Marie Christine vergiat a réagir sur le role que pourrait jouer l’UE afin d’encourager la Tunisie dans un processus de transition vers la démocratie.
Dans ce nouveau contexte qui transforme le rôle possible de l’UE, Marine-Christine Vergiat a voulu insister sur « la responsabilité » de l’UE « pour accompagner sans ingérence le peuple tunisien dans sa transition démocratique ». Parlant du « nouvel espoir qui s’est levé en Tunisie », elle a souligné « la valeur d’exemple » que pourrait avoir pour les pays du Maghreb et les pays musulmans une transition démocratique réussie en Tunisie. Elle a notamment appelé à « refonder les partenariats de l’UE avec les pays du Sud sur l’exigence démocratique, le respect des droits de l’Homme et l’égalité ».
1. Le 18 janvier 2011 à 05:10, par Valéry En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Félicitations pour cette ouverture d’esprit qui consiste à permettre à nos adversaires politiques de s’exprimer dans nos pages. J’attend avec impatience les interviews des eurodéputés Jean-Marie Le Pen et Jean-Luc Mélenchon qui devraient sans aucun doute nous donner un éclairage nouveau sur les thématiques défendues par ce magazine.
Pour information le Parlement européen a honoré avec le prix Sakharov des combattants des libertés dans un nombre bien plus divers de pays que ne le sous-entend cette communiste : Afrique du Sud, URSS, Tchécoslovaquie, Birmanie, Kosovo, Argentine, Bosnie-Herzégovine, Bangladesh, Turquie, Algérie, Timor oriental, Espagne, Israël, Palestine et Soudan.
En ce qui concerne les pays cités comme étant particulièrement « dans le collimateur » des eurodéputés, ils méritent largement de l’être. J’aurais aimé entendre cette dame le souligner. L’argument de la géométrie variable est souvent une manière détournée pour l’extrême-gauche de protéger des dictatures proches de leurs idées, ou qui tout simplement les appliquent comme Cuba.
Lire aussi les excellents billets de Jean Quatremer sur les positions d’un camarade de cette dame : Jean-Luc Mélenchon aime la dictature cubaine et le dit et sa suite Jean-Luc Mélenchon aime la dictature cubaine et le dit (bis). Bon lui c’est lui et elle c’est elle mais si elle défend sincèrement les droits de l’homme, elle doit avoir honte de siéger avec ce monsieur.
Pour revenir à la Tunisie, il est évident que l’on peut regretter une certaine passivité des Européens, sans doute du fait de la position du ambigüe du gouvernement français. Notons toutefois que, comme l’a titré Libération, début janvier, l’Europe (via la ministre des Affaires étrangères de l’Union Catherine Ashton) a condamné les violences alors que la France se contentait de les déplorer... Le reste de l’interview sur le sujet est une série de truismes avec lesquels il est forcément difficile de ne pas être d’accord.
Signalons aussi le regrettable débat d’hier au Parlement européen que l’on a pu suivre grâce aux Tweets de @sandrinebelier où l’assemblée, dont les élus sont majoritairement issus de la droite conservatrice, qui ont refusés d’examiner une proposition de résolution relative à la Tunisie. « Alors, au final : une déclaration formelle de soutien a peuple Tunisien par President PE + une mn silence + débat parlement sans résolution ». Entre les dictatures pour lesquelles la droite conservatrice montre de l’indulgence et celles défendues par les élus d’extrême-gauche, l’Europe a forcément du mal à être audible.
2. Le 18 janvier 2011 à 07:24, par Valéry En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Notons que les eurodéputés de la droite conservatrice ont également refusés de condamner explicitement la loi hongroise qui limite la liberté de la presse : Painful reading for an EU citizen : Hungarian media law in EP
Le Parlement européen a longtemps été à la pointe de la défense des droits et libertés des citoyens européens. Grâce au PPE (le parti européen auquel est affilié l’UMP), c’est de moins en moins le cas.
3. Le 18 janvier 2011 à 10:31, par Marc-Antoine Coursaget En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Merci de soutenir cette initiative :)
Concernant la défense de la démocratie « à géométrie variable », Marie-Christine Vergiat a insisté pour dire que la démocratie et les droits de l’homme devaient être défendus dans ces pays qu’elle a considérés comme « dans le collimateur » de l’UE. Après l’interview elle n’a pas hésité à qualifier Cuba de dictature, tout en s’étonnant que le prix Sakharov ait été remis trois fois à dissidents cubains en 9 ans... Je n’ai pas vraiment eu l’impression d’une défense invétérée du régime castriste !
Quant à Mélenchon... Je peux simplement dire qu’elle n’est pas souverainiste.
4. Le 18 janvier 2011 à 12:36, par Valéry En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Me voilà rassuré :-) Merci pour ces précisions.
5. Le 19 janvier 2011 à 16:00, par David En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
C’est bien M.C Vergiat qui a quitté le PS suite à la décision démocratique consistant à soutenir la constitution européenne pour rejoindre le parti nationaliste et populiste de Mélenchon ? Amitiés, David
6. Le 19 janvier 2011 à 16:47, par Marc-Antoine Coursaget En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Bonjour,
Je savais que MC Vergiat avait quitté le PS et je savais aussi qu’elle avait pris position contre le TCE (à l’instar d’une partie du PS). Par contre j’ignorais le lien entre les deux. En soulignant ce lien je devine que vous émettez quelques doutes quant à ce choix éditorial, qui mérite sans doute d’être discuté et sur lequel je serais heureux de recueillir votre avis.
J’ai réalisé cette interview d’une part parce que Mme Vergiat nous a fait l’honneur de bien vouloir répondre à nos questions, ensuite parce qu’elle s’identifie comme « eurocitoyenne » et que les positions qu’elle avance dans cette interview ne me semblent pas être dommageables à la ligne europartisane du Taurillon. En effet, elle y milite pour une Europe des droits de l’homme. Je ne me suis pas interrogé concernant son positionnement contre le défunt TCE, aurais-je dû selon vous ?
Merci pour ce commentaire qui permet de lancer la discussion !
7. Le 19 janvier 2011 à 20:52, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
J’avais préparé une longue réponse mais le serveur est tombé au moment où je l’ai validé. Je ne recommence pas mais en résumé je suis plutôt d’accord avec David et je pense qu’un cordon sanitaire doit être appliqué aux Fronts de droite comme de gauche. Sans géométrie variable justement.
8. Le 19 janvier 2011 à 22:05, par Cédric En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
L’expression « cordon sanitaire » me semble bien maladroite, tant elle a échoué partout où elle a trouvé application.
Le Taurillon n’est pas un parti politique, mais un webzine militant. Et pour un webzine militant, je suis pour une attitude ouverte sans transiger sur les principes essentiels (respect de la dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, État de droit, droits de l’homme, pluralisme, non-discrimination, tolérance, justice). J’ajouterait à ces principes la bonne foi, le refus de travestir les réalités. Mais je ne vois pas en vertu de quoi nous devrions faire de l’appartenance à une organisation étiquetée comme pro-européenne un critère de tri ?
Je crois aux vertus du débat, surtout si c’est avec des personnes, qui, comme Mme Vergiat, me paraissent totalement honnête et me semblent avoir un point de vue tout à fait valable. En l’interviewant, nous démontrons notre ouverture (alors que beaucoup pensent que nous sommes sectaires voire partisans), et nous renforçons ces interlocuteurs dans leur propre organisation. Tous les membres du parti de gauche ne sont pas enchantés par le populisme et la gestion très égotique de Mélenchon. Donc un grand bravo pour cette interview !
Et, pour caricaturer mon propos, j’irais jusqu’à me demander pourquoi Le Taurillon n’irait pas jusqu’à interviewer Marine Le Pen ou le futur candidat du PCF, même s’ils sont dans le mensonge. De quoi avons-nous peur ? Si nos positions sont les bonnes, nous saurons les défendre, non ? Ne saurons-nous pas les pousser dans leurs retranchements ? Soyons offensifs !
9. Le 19 janvier 2011 à 22:32, par Marc-Antoine Coursaget En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Le dosage entre l’esprit militant qui est la raison d’être de ce journal, et l’esprit d’ouverture vers un public plus large n’est pas facile à trouver !
10. Le 19 janvier 2011 à 23:56, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Une interview suppose de donner la parole à quelqu’un, lui permettre de répondre à des questions. Avec nos adversaires, on débat on n’interview pas. L’interview est un exercice journalistique, plutôt bien fait. Il est utile dans nos pages lorsque nous sommes dans notre rôle pédagogique sur les enjeux européens. On a un rôle d’intermédiaire entre le public et le spécialiste en structurant son propos par des questions.
Lorsque l’on est en face d’adversaires idéologiques, la formule me semble moins pertinente. Ils disposent de leurs propres médias pour faire leur promotion. Ici on voit une communiste prétendre défendre la liberté (rires). Sincère ou non elle est l’élue d’une organisation qui défend une idéologie liberticide et dangereuse. Ces personnes on les combat, on ne les interview pas. Elle en profite au passage pour regretter que l’on condamne trop souvent certaines dictatures. Un régime comme ceux de la Biélorussie, de Cuba ou de la Chine c’est tout les jours qu’on peut et doit le condamner.
En même temps nous avons deux catégories d’adversaires : les ultra-nationalistes de l’extrê-droite et les anti-libéraux de facto nationalistes de l’extrême-gauche, mais aussi l’establishment soi-disant « européiste » au pouvoir. C’est peut-être amusant de débattre de grands principes avec des rouges-bruns qui ne seront jamais au pouvoir — on l’espère — mais le réel danger pour l’Europe vient des médiocres qui l’incarnent aux yeux de l’opinion, de ceux qui prétendent faire passer une réunion de chef de États et de gouvernements pour un « gouvernement », ceux qui utilisent l’Europe comme bouc émissaire lorsque ça les arrange.
11. Le 20 janvier 2011 à 00:32, par Cédric En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
« Combattre », « Adversaires idéologique »... On parle d’un journal ou de la branche armée de l’IRA, là ?
Si la raison d’être du Taurillon est une lutte idéologique contre nos ennemis communistes ou frontistes, alors j’ai dû me tromper d’organisation. Je participe à ce forum car je préfère combattre des idées fausses, plutôt que des personnes ou des organisations. Si le « militantisme européen », c’est lutte entre eux et nous, ce sera sans moi.
Votre maximalisme aurait de toute façon bien du mal à être mis en pratique. Où met-on la frontière entre les partis acceptables et les extrémistes rouges-brins avec un gouvernement UMP dont un des piliers de bar se nomme Brice Hortefeux, et avec un centre-gauche européen qui refuse de condamner la récente loi hongroise ou la dictature du RCD tunisien ?
La bonne question est effectivement : interview ou débat. Sur ce point, tout dépend de votre définition du mot interview. Si vous vous représentez une interview à la Pujadas, la distinction que vous faites est juste. Mais pour moi, une bonne interview est un débat incisif. C’est ce que j’attends de tout bon journal quel que soit l’interlocuteur, et pas seulement lorsqu’il s’agit de faire passer à la casserole un « adversaire idéologique ».
12. Le 20 janvier 2011 à 14:48, par Fabien Cazenave En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
@Cédric : il y a aussi une dimension à prendre en compte, c’est que nos « adversaires » (pas ceux qui ont voté non ou qui ont voté oui) ne nous donneront jamais la parole. Le débat est une chose, mais cela demande aussi un juste échange. Le point de vue de Vxl est tout à fait compréhensible. Oui, nous sommes dans une attitude de combat et de vigilance citoyenne. Mais j’ai d’ailleurs l’impression que Vxl et toi vous rejoignez sur l’importance d’être incisif dans nos échanges...
En l’espèce, l’interview réalisée permet justement de dialoguer avec quelqu’un qui a priori n’est pas de notre bord par rapport à la construction européenne. L’angle trouvé est intéressant.
Belle réalisation technique aussi, c’est la première fois qu’on a aussi bien sur le Taurillon !
13. Le 20 janvier 2011 à 16:07, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
@cédric : dans une interview, a priori la personne interrogée parle plus que le journaliste. Le rôle du journaliste n’est pas non plus de lui apporter la contradiction systématiquement, même s’il peut poser des quesitons qui dérange ou rétablir certains fait( comme tu le souligne,n en France on est pas habitué...). Dans un débat on peut espérer une égalité des temps de parole.
Sur l’aspect « idéologie » (au sens d’un corpus d’idées qui forment un tout et reflètent une vision du monde), il y a bien ceux qui défendent la division de l’humanité en États nationaux comme un horizon légitime et indépassable et ceux qui souhaitent oeuvrer pour dépasser ce cadre artificiel et en faveur d’une démocratie internationale où les problèmes communs sont gérés en commun. À partir de là comme pour tout clivage politique il ya une graduation des opinions et non pas un mur solide et indépassable entre les uns et les autres mais il y a bien un combat politique à mener. Le nier revient à ne pas le mener et donc à concéder le terrain aux conservateurs.
« Où met-on la frontière entre les partis acceptables et les extrémistes rouges-brins avec un gouvernement UMP dont un des piliers de bar se nomme Brice Hortefeux, et avec un centre-gauche européen qui refuse de condamner la récente loi hongroise ou la dictature du RCD tunisien ? » : il faut que je rédige un article là dessus. Pour moi ils sont tous dans le camp conservateur, mais pour différents motifs. La différence est principalement que les partis de gouvernement peuvent potentiellement oeuvrer dans notre sens quand les circonstances s’y prêtent ou que les sondages les y incitent. Les ultra-nationalistes ne le feront jamais. Notre rôle consiste à dialoguer avec les partis de gouvernement, et à les inciter à oeuvrer dans notre sens, même s’il faut naturellement dénoncer leurs insuffisances et le vide de leur engagement soi-disant européen. La rubrique « Carton rouge » les vise d’ailleurs en tout premier lieu. Par exemple l’un des articles les plus populaire de ce site concerne notre actuel premier ministre : Carton rouge à François Fillon, eurosceptique honteux Quand aux ultra-nationalistes (extrême-droite et extrême-gauche, au sens large) doivent eux être combattus sans concession.
14. Le 20 janvier 2011 à 16:09, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
@cédric : en fait la seconde partie de cet article répond pas mal à ta quesiton me semble-t-il : L’Europe est morte, vive l’Europe
15. Le 20 janvier 2011 à 16:23, par Marc-Antoine Coursaget En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Mais quand nos adversaires défendent des positions ambitieuses pour l’UE, comme c’est le cas dans cette interview pour les droits de l’homme, faut-il encore leur refuser la parole ? Certes on n’aurait sans doute pas pu interviewer M-C Vergiat sur n’importe quel sujet eut égard à la ligne éditoriale à laquelle s’attendent nos (quelques) lecteurs, mais en fin de compte, qu’on approuve ou pas ses positions, on peut difficilement lui reprocher de faire du verbiage europhobe.
16. Le 20 janvier 2011 à 16:35, par Krokodilo En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Les pays occidentaux seraient-ils prêts à accepter une baisse de pouvoir d’achat, des fermetures d’usine, des salaires moins généreux chez les hauts gradés de l’armée et des ingénieurs et commerciaux du complexe militaro-industriel, si on arrêtait de lécher les bottes des dictateurs de tout poil ? N’oublions pas que nous sommes le 4e marchand d’armes du monde...
17. Le 20 janvier 2011 à 16:41, par Krokodilo En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
On attend toujours que l’UE prenne des positions fermes sur l’interdiction des armes anti-civils (sous-munitions, mines), qu’elle mette à l’index les pays qui refusent leur interdiction, par exmple en refusant d’accorder des visas à leurs représentants - non, je blague, ce sont nos alliés ! On pourrait aussi interdire tous les jouets chinois pour une année, et expliquer aux petits enfants que le père Noël veut relancer la filière artisanale du bois en Europe ! La vérité c’est qu’il n’y a pas de politique étrangère européenne, il n’y a que celles des Etats membres.
18. Le 20 janvier 2011 à 19:14, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
@Marc-Antoine : dès lors que les questions n’abordent pas les sujets qui fâchent, naturellement les réponses ont peu de chances de fâcher. Pour ma part trouver que l’on condamne trop souvent Cuba c’est déjà être complice.
@Krokodilo : merci de souligner ces aspects. Il faut toutefois aussi indiquer que sur beaucoup d’enjeux qui nécessitent des accords internationaux l’Union européenne est en pointe et pousse les autres puissances à plus d’ambition. Il faut dire que lorsque l’Europe agit en tant que tel, et que les Européens sont d’accord pour agir dans le même sens, elle pèse. Il faut dire aussi que le fait que les États européens aient acceptés un partage de la souveraineté les prédispose à accepter au niveau mondial une règle de droit impérative contre des États « souverainistes » comme les USA, la Chine ou la Russie. Ce phénomène est très bien décrit dans La Norme sans la Force, de Zaki Laïdi.
19. Le 20 janvier 2011 à 19:59, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
En attendant, les élus Front de Gauche ont refusés de voter une résolution sur l Biélorussie, nous révèle Jean Quatremer : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2011/01/jean-luc-m%C3%A9lenchon-oppos%C3%A9-aux-sanctions-contre-la-dictature-rouge-bi%C3%A9lorusse.html
Défendre des positions ambitieuses pour l’UE, comme c’est le cas dans cette interview pour les droits de l’homme, et ne pas se dresser contre Loukachenko, c’est se moquer du monde. À moins que cette dame n’ait été une dissidente parmi ses colistiers communistes ?
20. Le 20 janvier 2011 à 20:36, par Krokodilo En réponse à : Marie Christine Vergiat, contre une défense des droits de l’homme « à géométrie variable »
Très intéressante, votre présentation de ce livre. « L’Europe met donc son expérience au service de la construction au niveau mondial de nouvelles normes, à travers lesquelles elle s’efforce de mettre en œuvre ses préférences. Zaki Laïdi parle ici d’une croyance dans la force socialisatrice du commerce, lequel conditionne aussi sa prospérité en tant que premier exportateur mondial ; mais aussi de la défense de valeurs non-marchandes ou de l’environnement. » C’est bien joli en théorie, mais en pratique, force est de constater que l’UE met toutes ses forces au service de la destruction de toute idée de service public, pour favoriser la concurrence (soi-disant libre et non faussée) même dans l’éducation, la santé ou notre eau potable. Ce sont les accords AGCS, négociés dans le plus grand secret sous l’égide de l’OMC. Sur Wiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_g%C3%A9n%C3%A9ral_sur_le_commerce_des_services Ou Attac : http://www.france.attac.org/r25 C’est à cause de ce délire qu’EDF devra donner son électricité à prix coûtant à des concurrents afin qu’ils nous la revendent plein pot ! Ce sont les accords NOME. C’est ça la vraie Europe qu’on nous impose sans qu’aucun de nos députés se soit prononcé sur le fond, qui est un vrai choix de société, la concurrence effrénée dans tous les domaines, ou une social-démocratie avec une dose de solidarité. La situation est à ce point irréversible qu’il ne sera possible de changer d’optique qu’en quittant l’Union...
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