Michel Barnier : « si le PPE gagne les élections, Barroso sera notre candidat pour la présidence de la Commission »

Ou Babar au Pachyderme... pour la République des Blogs

, par Fabien Cazenave

Michel Barnier : « si le PPE gagne les élections, Barroso sera notre candidat pour la présidence de la Commission »

La République des Blogs a reçu mercredi 25 mars Michel Barnier, tête de liste UMP en Île-de-France pour les Européennes du 7 juin. Une confirmation en est sortie : José Manuel Barroso sera bien le candidat du PPE à la présidence de la Commission européenne.

C’est au Pachyderme, bar près de la place de la République à Paris, que la République des Blogs recevait Michel Barnier, aka « Babar » selon l’expression d’Eurojunkie.

La salle extérieure était pleine et les questions ont été nombreuses. Les blogueurs ont posé les questions qui leur tenaient à coeur : Durban II, les OGM, le libéralisme, le football, etc.

Michel Barnier et la Présidence de Commission

Le Taurillon a évidemment posé une question sur une thématique qui nous est importante : les élections européennes doivent aboutir à ce que le parti majoritaire définisse qui sera le prochain président de la Commission européenne.

L’actuel Ministre de l’Agriculture « et de la Pêche », pour encore quelques semaines, y est favorable. « L’idée vient à la base de Jacques Delors » tient-il à rappeler. Deuxième rappel pour Michel Barnier, il est important de préciser que « c’est seulement si nous gagnons les élections (et pas l’inverse) que José Manuel Barroso qui sera notre candidat. »

Bonne surprise, le Ministre est plus dans une optique décision des électeurs que lorsque nous l’avions rencontré en 2008. Il confirme donc que l’actuel président de la Commission sera le candidat du PPE, malgré les réserves de Nicolas Sarkozy ayant fuitées dans la presse française ces derniers temps.

Paradoxal soutien à Barroso

Michel Barnier a tenu un discours à double-détente vis-à-vis du candidat PPE à la présidence de la Commission :
 d’une part, il estime qu’on « est très injuste » avec lui dans les reproches sur sa politique. La Commission étant un organe collectif, elle avancerait à l’unanimité et donc également avec les collègues socialistes du même collège.
 d’autre part, il estime que Barroso est une personnalité « solide » et « un bon président » de la Commission.

Mais alors, il se prévaut de son bilan ou pas ? C’est là où le discours de campagne tenu est ambivalent. Il est courageux de ne pas se dédire et de continuer à supporter Barroso malgré la tournure que prend la campagne, où un vent anti-Barroso, notamment du côté du PS et du Modem, est entrain de commencer à souffler.

Soit Barroso est un type formidable et il faut prendre son bilan en entier, soit on ne se cache pas derrière ses collègues « socialistes » pour expliquer qu’il a commis des erreurs.

Les autres sujets abordés

Otan : le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan, « c’est la fin d’un hypocrisie qui était la faiblesse pour la France », 4ème contributeur en termes d’hommes utilisés dans les différentes opérations sur le terrain. « C’est un pari pour l’Europe de la Défense. Surtout qu’avec la nouvelle présidence américaine, on a une chance. » On ne voit pas forcément le rapport entre ce qui demande une vraie volonté politique et les USA qui ne peuvent que laisser faire...

Présidence tchèque : avec le renversement du gouvernement tchèque en pleine présidence du Conseil de l’Union européenne, on peut se poser des questions. Pour Michel Barnier, « ne faisons pas de procès d’intention, il faut qu’on les aide à aller au bout. »

Conservateurs britanniques : ceux-ci ont annoncé qu’ils quitteraient le groupe PPE à la suite des élections européennes. « Ils vont s’isoler. Ils n’auront notamment plus tous les postes clés qu’ils ont eu du fait de leur présence chez nous. » Une mauvaise nouvelle pour le PPE, une bonne nouvelle pour l’Europe en somme ?

Abstention : lui qui ne veut « pas parler des autres », ils est prêt à faire cause commune avec tout le spectre politique pour « faire reculer l’abstention ». Il est même prêt à une « action commune ». Déjà que le NPA a du mal à le faire avec le Front de Gauche....

Rachida Dati : une question a été posée à la fin sur celle qui a fait polémique autour de sa candidature. Intéressante pirouette formulée : « Rachida n’est pas tête de liste, elle est à mes côtés »... Ambiance !

Enfin, phrase surprenante pour ce pro-européen convaincu : « on est pas entrain de créer un peuple européen ». Pourtant, on pourrait lui rétorquer que nous avons bien des citoyens bretons, alsaciens ou franciliens qui sont tous dans le peuple français, non ?

Illustration : photographie de Michel Barnier à la République des Blogs par Fabien Cazenave.

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Vos commentaires
  • Le 27 mars 2009 à 11:30, par Ced En réponse à : Michel Barnier : « si le PPE gagne les élections, Barroso sera notre candidat pour la présidence de la Commission »

    « La Commission étant un organe collectif, elle avancerait à l’unanimité et donc également avec les collègues socialistes du même collège »... Une manière implicite de dédouaner Barroso ? Il aurait juste plus de difficultés à gérer une UE à 27 plutôt qu’à 12 comme à l’époque de Delors ?

    Visiblement, c’était une soirée bien convenue. J’espère que la bière était bonne au moins, à défaut d’un échange vif.

  • Le 27 mars 2009 à 12:38, par Guillaume Amigues En réponse à : Michel Barnier : « si le PPE gagne les élections, Barroso sera notre candidat pour la présidence de la Commission »

    Ce qui est sûr c’est que les élarissements successifs de la commission ne facilitent pas le travail en son sein, en particulier le respect du principe de collegialité.

    G. Ciavarini-Azzi, expert de ces questions s’il en est, a démontré dans son livre « Elargissement : comment l’Europe s’adapte » (très court et précis, ça se lit très bien) que la Commission n’était pas moins efficace à 27 mais moins collégiale.

    Moins de discussions, moins de contrôle mutuel des commissaires de leur indépendance par rapport à leur Etat membre. C’est pour moi avant tout là que se situe le problème.

    Et je ne sais pas si ça a été mentionné, mais dans l’état actuel des traités, tant que Lisbonne n’est pas ratifié, la prochaine commission est censée comprendre moins de commissaires que d’Etats membres. Que va t on faire ? Tiens, ça pourrait faire un article intéressant...

  • Le 27 mars 2009 à 12:42, par Fabien En réponse à : Michel Barnier : « si le PPE gagne les élections, Barroso sera notre candidat pour la présidence de la Commission »

    T’es un peu dur sur le « convenu ». Il ne s’est pas démonté face à des blogueurs qui n’étaient pas d’accord avec lui. Tu voulais un gros clash, des cris et du sang ? Il n’avait pas salle acquise et les blogueurs ont pu se faire une opinion positive ou négative.

    D’ailleurs, tu remarqueras que j’ai souligné le côté paradoxal de son discours de campagne sur Barroso. ;-))

  • Le 29 mars 2009 à 10:13, par Emmanuel En réponse à : Michel Barnier : « si le PPE gagne les élections, Barroso sera notre candidat pour la présidence de la Commission »

    Euh, c’est juste moi ou ça ne semble choquer personne qu’un ancien Commissaire européen, ancien ministre des affaires étrangères, et tête de liste du PPE ose asséner une contre-vérité aussi flagrante que « La Commission étant un organe collectif, elle avancerait à l’unanimité et donc également avec les collègues socialistes du même collège ? »

    L’article 219 du Traité institutant la Communauté européenne est pourtant d’une limpidité incontestable : « Les délibérations de la Commission sont acquises à la majorité du nombre [de ses] membres. »

    Alors, ensuite que la pratique de la Commission Barroso ait conduit à faire de celle-ci un Conseil des ministres bis où les commissaires sont surtout des représentants des Etats membres, je veux bien. Mais si la Commission avance à l’unanimité, ce n’est pas la normalité, c’est le problème ! Cela montre l’absence totale de leadership de Barroso, y compris sur ses collègues !

    Quitte à ce que ce soit cruel, un autre retour au texte (article 217 du traité) :

    « 1. La Commission remplit sa mission dans le respect des orientations politiques définies par son président, qui décide de son organisation interne afin d’assurer la cohérence, l’efficacité et la collégialité de son action. »

    « 4. Un membre de la Commission présente sa démission si le président, après approbation du collège, le lui demande. »

    On mesure l’écart entre la pratique et le droit... Si Barroso voulait imprimer sa marque, il le pourrait ; les arguments spécieux sur le fonctionnement de la Commission ne me donnent envie de voter ni pour Barnier, ni pour Barroso !

  • Le 29 mars 2009 à 13:29, par Guillaume Amigues En réponse à : Michel Barnier : « si le PPE gagne les élections, Barroso sera notre candidat pour la présidence de la Commission »

    Je ne suis pas vraiment d’accord avec toi, Emmanuel.

    Le problème de la Commission depuis l’origine, c’est cette tension entre l’impératif de représentativité des Etats membres (aujourd’hui visible par la règle 1commissaire / EM) et la nécessité de garantir leur indépendance en dépit de leur système de (re-)nomination (sur proposition des EM).

    Le solution trouvée à ce problème, c’est la collégialité. Le fait donc que les commissaires travaillent en collège, chacun suivant les dossiers des autres dans tous les domaines, le tout se concluant par un « vote » (j’y reviendrai). Un commissaire seul n’a donc aucun intérêt à se décrédibiliser auprès des autres en défendant trop clairement son EM car il sera bloqué in fine par les autres commissaires, s’attirant leur suspicion pour le reste de leur législature.

    Ce système est excellent dans une UE à 6 ou 12 ; clairement beaucoup plus compliqué à 27. Comment suivre tous les dossiers, être « expert » en tout, même avec des cabinets multinationaux et imposants ?

    Pour en revenir au sujet, l’article 219 permet en effet au collège de voter à la majorité. Mais il faut distinguer les textes de leur pratique : le vote n’a a ma connaissance jamais été utilisé par la commission Barroso. La majorité n’est qu’une menace qui permet d’atteindre l’unanimité, principe de fonctionnement de la Commission. Pour être terre-à-terre, ça évite de mettre systématiquement en minorité disons les commissaires socialistes, ou ceux des nouveaux EM... C’est je pense là qu’en venait Michel Barnier, bien que je n’ai malheureusement pas assisté à cette réception.

    Cela dit, loin de moi l’envie de défendre le système actuel, bourré d’autres défauts. Notamment, pour éviter ce « super conseil des ministres » que tu évoques à juste titre, il est crucial de contrôler le marchandage des commissaires pour atteindre l’unanimité. Ce qui était évident à 6 est simplement inadapté à un collège à 27 : chassez l’inter-étatique par la porte, il revient par la fenêtre...

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