Erasmus

Mon expérience Erasmus

Mieux que dans « l’Auberge Espagnole »

, par Dominika Rutkowska

Mon expérience Erasmus

On a tous entendu parler des programmes d’échanges Erasmus qui permettent à un étudiant de pouvoir partir à l’étranger. Beaucoup d’entre nous avons vu le film « L’Auberge espagnole » de Cédric Klapisch qui dépeint les avetnures à Barcelone d’un étudiant Erasmus. Mais cette expérience Erasmus, c’est plus que ça : Dominika Rutskowska nous fait partager son expérience, elle qui est venue à Paris grâce à ce programme européen d’échanges universitaires.

La décision

J’ai rêvé de partir en Erasmus dès que j’ai su à la fac de l’Université Jagiellonski à Cracovie que cette opportunité existait. En plus, d’une année à l’autre, j’ai rencontré des nombreux amis qui sont partis dans les pays différents de l’UE : en Finlande, en Suède, en Allemagne, aux Pays Bas, etc.

Moi, personnellement, j’attendais un accord pour partir en France car je voulais absolument aller à Paris. Surtout pour étudier à la Sorbonne, dont la grande renommée est très répandue à l’étranger et pour améliorer mon français.

D’autant plus que j’étais membre du "Gouvernement des Etudiants de l’Université de Cracovie" en tant que la Présidente de la Commission des Affaires Etrangères et aussi du bureau Erasmus Student Network. Je m’y occupais des étudiants étrangers : on organisait leur séjour, on les aidait dans leur installation, leurs démarches à la fac et dans les résidences d’étudiants, etc.

Finalement, quand j’étais en avant-dernière année (M1), la nouvelle est arrivée : il avait finalement un accord de notre faculté avec l’une des universités de Paris. La bonne nouvelle en portait aussi une mauvaise : il n’y avait que deux places (une par semestre) et huit candidats se présentaient !

Les démarches, les papiers et le stresse

Pour passer le concours, il a fallu présenter CV et lettre de motivation. Après, nous devions passer un entretien. Les minutes qui me séparaient des résultats étaient les plus stressantes de ma vie… Finalement, j’ai su que j’avais gagné et que dans un an j’allais partir à Paris. J’ai choisi le deuxième semestre de l’année universitaire 2004/2005. Il a fallu que je passe les examens plut tôt dans mon université d’origine pour pouvoir partir au deuxième semestre avec le compte de crédits universitaires « réglé ». Afin d’économiser l’argent pour vivre à Paris, qui est une ville quelques fois plus chère que Cracovie, j’ai travaillé pendant les deniers mois qui me séparaient de mon départ.

Comme beaucoup des étudiants étrangers, j’ai voulu habiter à la Cité Internationale Universitaire de Paris (CIUP), au coeur de la vie étudiante, où 39 maisons de pays différents offrent à leurs habitants les événements, les soirées et une ambiance unique. La réponse de la CIUP n’arrivait pas et j’ai eu peur de ce qui se passerait pour moi, qui ne connaissais pas beaucoup des personnes dans la capitale française. Une semaine avant le départ, j’ai reçu un mail avec l’information que ma candidature était acceptée et j’ai pu me rendre à la Cité U à partir du 1er février.

L’arrivée : je parlais français mais… un autre français

Avec une valise bien remplie pour les cinq mois qui suivaient, j’étais très excitée en entrant dans la résidence des étudiants qui voulait m’accueillir. Et ici, la première surprise : quelqu’un a oublié de laisser la clé de ma future chambre pour moi, car je suis arrivée très tard le vendredi soir… Heureusement, j’ai pu me loger chez un ami.

J’ai obtenu la chambre double qui était habitée par une étudiante de Sciences Po - avec qui je garde toujours le contact et qui fait son échange en Asie en ce moment. La collocation était donc très sympa. En plus, il y avait les gens de mon étage avec qui je me suis très bien entendue et pareillement, je garde contacte avec quelques personnes, surtout avec ceux qui sont restés à Paris, mais pas uniquement.

Le premier choc c’était la différence entre la langue française que j’ai apprise au lycée et à l’Institut Français de Cracovie, et celle que j’ai rencontré sur place. Cette dernière était bien loin du français que je parlais, qui était un peu littéraire. De plus, j’ai fait des connaissances avec beaucoup de gens du Sud de la France, qui parlaient vite, avec leur propre jargon... Et en effet au début je ne comprenais que 70% des conversations.

Les étudiants Erasmus se retrouvent

À la fac, une surprise aussi : nous, les étudiants Erasmus, on n’était pas très nombreux pendant les cours. Cela m’a offert une autre possibilité : j’ai pu faire des connaissances avec les Français de la fac.

Nous, les Erasmus on s’est rencontrés devant la porte du secrétariat des affaires internationales pour faire les premiers pas dans la bureaucratie à la française. C’est là-bas, que j’ai rencontré les personnes qui sont devenues très proches et avec qui j’ai passé mes 5 mois à Paris. C’était le vrai mélange des cultures : Hongrois, Italiens, Espagnols, Grecques, Autrichiens, Allemands, Slovènes, Slovaques, Thèques et Polonais.

Toute de suite, on passait du temps ensemble et, de manière naturelle, on continuait notre vie commune par les plusieurs rencontres, balades, soirées et voyages (même à la Rochelle !). On a même inventé notre projet culturel qui a démarré avec la soirée polonaise pendant laquelle on a cuisiné pour 15 personnes. On a parlé de nos repas traditionnels. La semaine suivante, on a cuisiné à l’autrichienne et on était encore plus nombreux.

On a profité des nocturnes au Louvre au moins six fois, et je me ne rappelle plus combien de premiers dimanches du mois, on a réussi à entrer dans les musées. Les étudiants erasmus doivent se débrouiller et trouver les bons plans, surtout qu’avec 350 euros environs de bourse Erasmus par mois à Paris, ce n’était pas facile.

Des milliers des photos ont été faites pendant ce temps passé ensemble. Avec inquiétude, on regardait nos agendas - rédigés en allemands, anglais ou polonais - le temps passait trop vite.

Le retour ? Oui. La fin ? Non !

Le mois de juin s’approchait sans pitié. C’était le temps d’écrire les mémoires, de passer les examens et de profiter du soleil au Jardin du Luxembourg. Heureusement pour moi, la validation du semestre n’était pas très difficile, car je n’avais qu’un seul examen à passer en Pologne. J’ai dû amener une note de mon séjour en France et en plus valider ma présence aux autres cours à la fac.

En raison des conseils de tous mes amis qui avaient fait leur Erasmus avant moi, j’ai essayé de me préparer au retour à mon pays. Ils m’ont dit que c’était comme la fin du monde cette coupure avec cette réalité qu’on a créée ensemble. Et c’est vrai, c’était un moment très dur et difficile à supporter. Le changement de pays, de cette ambiance de voyages, des fêtes, des soirées, des discussions et le sentiment si loin du stresse de la vie à l’université dans nos pays d’origine… Ce n’était pas facile de se retrouver de nouveau dans le bâtiment de mon université. Les cours ont été validés, j’avais tous les papiers nécessaires de l’université de Paris comme quoi j’avais réussi à obtenir les 30 points ECTS qui m’on permis de valider le séjour en France et de terminer mes études à Cracovie.

L’histoire a une suite

En se séparant à la fin du mois de juin, on a fait des plans de vacances et on s’est promis qu’on se reverrait au plus tôt possible. Et cela s’est réalisé ! En juillet 2005, les Français, Monégasques et Hongrois sont venus à Cracovie. On a visité quelques villes polonaises : Lublin, Warszawa, Siedlce, Zakopane, et après on est allés en Hongrie. Cette année, j’en ai profité pour visiter le Sud de la France où j’ai vu mes amis rencontrés à ma résidence à la Cité U. On est en train de préparer notre rencontre suivante en janvier à Paris, puis en juin du coté de Varsovie.

Mon Erasmus était bien meilleur que celui du film de Cédric Klapisch. Pourquoi ? Parce que j’ai créé de vraies amitiés, j’ai appris énormément, je suis devenue plus ouverte, j’ai pu commencer à bouger en Europe pour rendre visite à mes amis.

J’ai finalement compris que j’appartiens à une grande famille européenne, avec laquelle j’ai mes droits, mes obligations et surtout, sachez qu’il faut profiter des programmes européens.

Merci Bruxelles !

- Illustration :

Le visuel d’ouverture de cet article est tiré du Passeport pour la mobilité, document publié par l’Union européenne.

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Vos commentaires
  • Le 5 janvier 2007 à 21:20, par soyaz En réponse à : Que dire de plus ?

    C’est exactement ça. Une année exceptionnelle, des rencontres fortes, de nouvelles amitiés internationales qui survivent aux distances (j’ai depuis découvert la grèce, la belgique, la pologne et ce n’est pas fini..., des découvertes chaque jour, linguistiques, culinaires, politiques, musicales...Une immersion qui donne une autre conscience de l’Europe et un sentiment de liberté unique. Mieux que l’auberge espagnole, c’est certain.

  • Le 27 février 2011 à 10:41, par Maéva En réponse à : Mon expérience Erasmus

    Je compte partir l’année prochaine en Espagne à Murcia !!!!! Espérons que cela se réalise^^^^

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