Nouvelle stratégie économique de l’Union européenne : répétition des échecs de la stratégie de Lisbonne

, par Traduit par Hélène Boussi Astier, Joan Marc Simon

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Nouvelle stratégie économique de l'Union européenne : répétition des échecs de la stratégie de Lisbonne

Vous rappelez vous le cri de ralliement de l’UE ces 10 dernières années ? Oui, cette idée de devenir l’économie la plus compétitive au monde, fondée sur la connaissance ? Eh bien, préparez vous à continuer de rire –ou de pleurer- car la Commission européenne a rendu publique sa nouvelle stratégie économique pour 2020 et il semble que nous ayons 10 années supplémentaires à perdre.

La stratégie de Lisbonne n’a pas abouti en raison du manque d’instruments politiques, du manque de moyens financiers et surtout du manque de volonté politique des états membres. L’admirable nouveau plan économique que la Commission européenne a publié ces derniers jours, insiste sur la définition d’objectifs, sans fournir les outils financiers et les moyens d’exécution pour les atteindre. Certes les objectifs sont acceptables : ils sont bien trop concis et manquent d’ambition, mais disons qu’ils sont acceptables.

• 75% de la population âgée de 20 à 64 sera employé, • 3% du PIB de l’UE sera investi dans la Recherche et le Développement, • L’objectif climatique et énergétique « 20/20/20 » sera atteint, • La proportion des jeunes ayant quitté l’école sera en deçà de 10% et au moins 40% de la jeune génération sera diplômé, • 20 millions de personnes ne seront plus sous le seuil de pauvreté

Mais comment diable la Commission européenne entend elle atteindre ces objectifs ? Comment voulons nous créer des emplois sans investir ? Ajoutant l’opprobre à l’injure, la Commission Européenne exige que ces objectifs soient atteints tout en respectant le Pacte de Croissance et de Stabilité et sans augmentation des ressources propres de l’Union... Au moment où l’Union Monétaire est mise à mal et où le Pacte de Croissance et de Stabilité est enfreint par la plupart des États membres, quelle est la solution miracle de la Commission Européenne ? Les affaires continuent et on reproduit les mêmes erreurs que pour la stratégie de Lisbonne. C’est déprimant.

Quid des moyens face aux objectifs avancés ?

Le texte de la Commission ne dit rien sur les modalités de réformes des marchés financiers, il ne fournit aucune proposition sur les moyens de réviser la gouvernance économique pour mettre à mal des difficultés telles que l’endettement de la Grèce, il ne parle ni de l’Europe sociale, ni de l’Euro-Obligation et n’émet aucune proposition sur les possibilités d’augmentation des ressources propres de l’Union...

De plus, pourquoi avons nous besoin d’une stratégie pour 2020 ? La seule raison qui apparaît, est de garantir que tous ceux qui seront les artisans des prochains échecs, seront d’ici là hors-jeu et échapperons ainsi à toutes entreprises de les en rendre responsables. Si la Commission présente, le Parlement européen actuel et le Conseil veulent se lancer dans ce plan ridicule, laissons les fixer les objectifs à 2014, ainsi à la fin de leur mandat nous pourrons constater ce qu’ils ont réalisé.

Il y a seulement quelques semaines, la nouvelle Commission Barroso a été approuvée par les trois grands groupes politiques du Parlement Européen- Conservateurs, Socialistes et Libéraux- sous la promesse faite qu’il ferait évoluer le statu quo, qu’il ne serait plus le président gris et effacé de la Commission contrairement à ce qu’il fut lors son premier mandat. Fort bien, nous voici face à la première épreuve et le manque d’ambition et de courage ne peut être plus flagrant. Qu’allons nous faire maintenant ? Si les grands groupes du PE veulent rester en accord avec eux même, ils doivent soit imposer un changement radical de la stratégie économique, soit menacer de bloquer le budget de l’UE.

Le Parlement européen doit affronter le statu quo

Mais ne tombons pas dans le travers habituel de blâmer la Commission en toutes circonstances. La Commission européenne n’est pas seule responsable de son manque d’ambition, Soyons convaincus qu’elle est consciente et qu’elle partage probablement ce qui est mentionné ci-dessus, mais le problème principal demeure le manque de volonté politique de la part des États membres. Le manque de volonté politique a mis à l’index la stratégie de Lisbonne, entrave la création de toute forme de gouvernance économique européenne et mettra un terme à toute tentative de donner à cette stratégie économique européenne une chance de succès.

Dans une mise en scène parfaite du « dilemme du prisonnier », la Commission et les États membres adoptent tous deux la plus mauvaise position envisageable, un choix qui nuira aussi bien à l’Europe qu’aux États membres. La question est très sérieuse et les Européens méritent une meilleure réponse. Si Barroso n’ose pas prendre le risque d’affronter le statu quo, le Parlement européen devra se faire entendre pour défendre le futur de l’Union. Si ce n’est le cas, personne d’autre ne le fera.

Illustration :}) Michel Barnier lors de son audition au Parlement européen

Source : Site du Commissaire au marché intérieur, Michel Barnier.

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