Les américains autant que les européens espéraient que l’UE pourrait finalement avoir un unique visage pour représenter ses instances sur la scène internationale, grâce à ses nouveaux Présidents et « ministre des affaires étrangères ». Cependant, moins d’un mois fut suffisant pour voir ces espoirs disparaître ou au moins être reportés à un autre moment.
Cela prendra en fait quelque temps avant que l’UE ne parvienne à penser de manière stratégique et pour le moment elle lutte toujours pour comprendre ce que signifie être un partenaire stratégique, en l’espèce pour les Etats-Unis. Plusieurs sources nous ont rapporté qu’à la fin du dernier sommet UE - Etats-Unis à Prague en 2009, les américains avaient été très déçus par le manque de contenu dans les discussions. Rien que cela a posé des bases tremblantes pour un nouveau sommet cette année. Cependant l’administration Obama a continué à appeler de ses voeux un partenariat transatlantique plus fort et très récemment, le 31 janvier en France, la Secrétaire d’État Hillary Clinton a souligné qu’ « une Europe forte est cruciale pour notre sécurité et notre prospérité. »
Malheureusement comme nous l’avons tous découvert lundi 1er février, Obama a finalement décidé qu’il ne prendrait pas part au sommet UE - Etats-Unis. Selon le Wall Street Journal, les officiels américains ont déclaré que les raisons étaient les incertitudes sur le lieu et sur qui devrait représenter l’UE, en particulier à la lumière du nouveau cadrage institutionnel. D’autre part depuis quelques jours certains disent qu’Obama préférerait rencontrer le Président de la Commission Européenne Barroso et le Président du Conseil Européen Van Rompuy, alors que la présidence espagnole restait ferme dans sa décision de tenir le sommet à Madrid.
Pour Hilary Clinton, « une Europe forte est cruciale pour notre sécurité et notre prospérité. »
Cela est très regrettable. L’UE, une fois encore, n’a pas été capable de montrer sa cohérence et sa pertinence alors que les intérêts d’un État membre ont fait perdre sa crédibilité à l’Union toute entière. Néanmoins nous pouvons difficilement ne pas être d’accord avec la décision d’Obama : il a plusieurs défis face à lui à la fois sur le plan interne et international qui sont plus significatifs que de régler notre confusion institutionnelle et nos conflits internes. Il est certain qu’Obama pourrait souhaiter avoir des alliés plus forts en particulier alors que la Chine prend plus d’assurance comme nous l’avons vu dernièrement à propos de la décision américaine de vendre des armes à Taiwan ou de rencontrer le Dalaï Lama.
Cependant cela pourrait ne pas être fini. La présidence espagnole semble prête à commettre une autre gaffe transatlantique et a déclaré le 26 janvier par la voix du ministre espagnol des affaires étrangères que la France avait été l’un des principaux partisans de la levée de l’embargo et que « l’Espagne suit cette direction ». Il va sans dire que les américains n’apprécieront pas ce geste tout comme il ne l’avaient pas fait il y a environ 5 ans lors de la dernière tentative de lever l’embargo sur les armes imposé à la Chine depuis Tien an Men.
Si une note positive peut être dressée de cette énième déception de l’UE c’est qu’avec un peu de chance cela enseignera aux dirigeants européens que la structure de l’UE devrait cesser d’être le problème en jeu lors des discussions internationales et à la place devenir un acteur crédible parce que, comme on dit en Italie, « le linge sale se lave en famille ». De plus, au sein de l’UE, nous devrions arrêter d’attendre de nos partenaires qu’ils comprennent comment l’UE fonctionne, en particulier à la lumière du fait que nombre de nos dirigeants n’ont encore qu’une sombre idée en la matière. Réclamer une telle chose revient à demander la lune, ce qui, pendant une crise économique globale, est hors de portée même des Etats-Unis.
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