Plus de pouvoirs pour la BCE... Maintenant !

, par Traduit par Evelyne Orman, Peter Claeys

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Plus de pouvoirs pour la BCE... Maintenant !

La crise financière qui a débuté il y a environ un an a mis du temps à s’étendre, autant au sein du secteur financier qu’au sein du système global. Les problèmes isolés de certaines banques britanniques et américaines se sont répandus.

L’effondrement de l’industrie bancaire américaine a dans un premier temps accéléré le processus, conduisant à une nationalisation quasi-complète du secteur bancaire. Aujourd’hui, c’est au tour des banques européennes d’être affectées.

Certains gouvernements européens ont commencé à acquérir des actions de groupes bancaires. Les pays du Benelux ont soutenu le groupe Fortis, la France a aidé Dexia, et l’Irlande a garantie les dépôts pour les six banques les plus importantes du pays. De son côté, l’Allemagne a repris en mains les comptes d’une banque bavaroise, et la Grande Bretagne a nationalisé la Northern Rock.

Malgré l’union monétaire, les règles courantes du jeu, ainsi que le fonctionnement des banques centrales sont déterminées par les gouvernements nationaux. En outre, dans le cas d’une défaillance bancaire, ce n’est pas la Banque Centrale Européenne (BCE), mais au pays concerné qu’il incombe de faire le nécessaire afin de sauver l’institution financière concernée.

Malgré l’union monétaire, les règles courantes sont déterminées par les gouvernements nationaux

De nombreuses études - qui datent de bien avant la crise - ont tiré la sonnette d’alarme sur les dangers encourus par l’économie de l’Union européenne (UE) à cause de cette fragmentation des politiques de régulation et de la fonction de prêteur du dernier secours attribuée à l’Europe.

A court terme, les gouvernements nationaux qui essayent de sauver les banques localisées sur leur territoire sont obligés de considérer les répercutions de leur action dans les autres Etats membres. Les banques ne sont pas seulement de plus en plus internationalisées. La Belgique et les Pays Bas ont des parts dans Fortis, la France et la Belgique dans Dexia. Même les banques nationalisées sont de plus en plus liées entre elles par le biais du marché financier. Les politiques intérieures qui ne se réfèrent qu’aux livres de comptes nationaux des banques et ne peuvent donc pas évaluer les vrais effets du sauvetage bancaire que les états engagent. Le danger de la contagion demeure, et la crise ne peut être contenue tant que les démarches nationales des gouvernements afin que sauver leurs banques ne sont pas suffisantes pour que les marchés puissent croire en un assainissement de l’économie.

Tout cela, en ignorant que les retombées de ce système de fonctionnement augmentent le risque d’un aggravement de la crise financière. Finalement, le manque de coordination de l’action européenne est susceptible d’augmenter considérablement le prix à payer pour les contribuables.

A long terme, la nationalisation des banques participera à cette fragmentation du système bancaire européen. Une grande part des bénéfices de l’intégration financière, en terme d’assurance ou de croissance économique sera rognée par les (re)nationalisations des leaders bancaires.

Il est donc crucial que les banques nationales se réunissent et coordonnent leur réponse, développant une solution européenne là où elle est nécessaire. Réduire le temps de réaction à la crise globale est une tâche qui devrait être attribuée à la BCE.

Une combinaison de la politique monétaire, associée à un contrôle de l’Union européenne sur les actions des banques de l’union monétaire européenne serait donc la bienvenue. Actuellement, cela pourrait éviter qu’un évènement inattendu entraîne une « cascade d’échecs et de panique ». Dans le futur, les instances dirigeantes de la BCE pourraient éviter les crises avant qu’elles ne se manifestent, et de préférence en évitant de piocher en profondeur dans le système fiscal.

Illustration : Banque Centrale Européenne à Francfort (Allemagne). Issue de FlickR.

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Vos commentaires
  • Le 23 octobre 2008 à 14:22, par Laurent, JE-Bordeaux En réponse à : Plus de pouvoirs pour la BCE... Maintenant !

    Je suis fondamentalement en désaccord : ce n’est pas les pouvoirs de la BCE qu’il faut renforcer. Celle-ci, comme l’a très bien dit Trichet, ne peut de toute manière pas jouer les prêteurs en dernier ressort indéfiniment. Je pense au contraire que c’est à un gouvernement économique européen qu’il faut donner plus de pouvoir : il n’y a pas, aujourd’hui, de politique économique communautaire. Il y a une BCE indépendante, ce qui est très bien, mais qui est le seul acteur transnational à agir pour l’intérêt de la zone euro. Il faut en face, et en coordination avec celle-ci, un véritable gouvernement économique communautaire avec des prérogatives renforcées...

    ...oui, ça revient à renégocier Maastricht...c’est pas pour tout de suite !

  • Le 22 octobre 2010 à 23:51, par Michel En réponse à : Plus de pouvoirs pour la BCE... Maintenant !

    Les rumeurs font état d’un relèvement des taux directeurs pour mi-2011... L’Europe sortirait du plan de relance bien avant les autres nations.

    Information sur le pret immobilier.

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