JE-Bordeaux : Le recours aux fonds structurels européens pour financer un certain nombre de projets régionaux est méconnu par les citoyens. Comment pensez-vous rendre plus visibles ces financements ?
Monique de Marco : Effectivement la compétence de la Région dans ce domaine, tout comme les dispositifs européens en général, souffrent d’un déficit de connaissance par les citoyens. Pour favoriser l’accès à ces informations, la Région peut agir à différents niveaux, et voici les propositions avancées par Europe Ecologie
– vecteur de la politique éducation : pour renforcer le sentiment d’appartenance à l’Europe et la connaissance des dispositifs européens d’aide aux projets, impulser et soutenir le montage d’un événement au niveau des lycées et universités, type Festival des Lycéens, qui serait dédié à l’Europe
– événementiel fort annuel : à l’occasion de la journée de l’Europe, événementiel important dans toute l’Aquitaine, à travailler en partenariat avec les associations oeuvrant dans le champ de l’éducation à la citoyenneté, éducation populaire, culture etc ; ce serait l’occasion de communiquer vers le grand public sur toutes les sources de financements européens
– soutien aux centres de ressources sur l’Europe type Maison de l’Europe, sur tout le territoire aquitain ; ces lieux pourront assurer un volet accompagnement aux porteurs de projets
– valorisation de l’investissement de la Région dans des mesures peu connues (exemple : mesure 423 du Fonds Social Européen, dans le domaine de l’économie sociale et solidaire) : opérations remise de prix, couverture médiatique, articles dans le journal de la Région etc.
– évaluation des outils existants tel que le site portail actuel, pour aller vers une meilleure appropriation par les citoyens
JE-Bordeaux : La Ligne à Grande Vitesse s’inscrit dans une logique de réseaux de transport européens. Vous vous opposez au projet tel qu’il est aujourd’hui. Comment pensez-vous pouvoir remettre en cause ce projet vis-à-vis de nos partenaires européens ?
Monique de Marco : Rappelons tout d’abord qu’Europe Ecologie Aquitaine est, conformément aux idées défendues par les Verts, sur une position fédéraliste se battant pour des régions fortes au sein de l’Europe et pour le développement ambitieux du rail. Toutefois, sur le projet de LGV tel qu’il est présenté aujourd’hui, il nous revient de faire valoir l’intérêt des Aquitains et de poser sur la place publique la question de la finalité et du dimensionnement de ce projet.
Il faut dire la vérité aux Aquitains : il sera impossible à la région Aquitaine de consacrer 640 millions d’euros à la construction des LGV, et tout à la fois de financer la rénovation totale du réseau ferré secondaire où circulent les TER, réseau laissé à l’abandon depuis des années. Nous demandons aussi la réouverture de lignes comme Blaye-St Mariens, d’en électrifier d’autres, comme Morcenx-Mont de Marsan, de poursuivre le renouvellement des TER, de rouvrir et moderniser des gares, de renforcer les protections phoniques, etc. Tant et tant de choses à faire que la Région ne pourra financer si elle est lourdement endettée pour les années futures avec les LGV... Europe Ecologie Aquitaine entend replacer l’enjeu ferroviaire au cœur du service public avec un plan rail régional ambitieux, offrant un réseau de proximité, axé sur l’efficacité et la régularité des TER, le report du transport de marchandises de la route vers le rail et la coordination des différents modes de transports entre eux.
JE-Bordeaux : Comment dès lors faire de l’Aquitaine une région attractive de dimension européenne ?
Monique de Marco : Pour nous, il ne suffit pas de décider la mise en place d’une infrastructure miraculeuse pour enclencher l’attractivité européenne ou internationale d’un territoire. A notre sens, l’infrastructure ne doit être qu’un moyen au service d’un projet tourné vers le développement soutenable de notre région.
Quelles sont aujourd’hui les filières d’activités les plus porteuses pour l’Aquitaine ? Pour Europe Ecologie Aquitaine, notre projet de conversion écologique de l’économie régionale propose :
– d’engager dès maintenant la reconversion des secteurs en crise (automobile, aéronautique..) grâce à des contrats de reconversion
– de miser de façon très volontariste sur les filières d’avenir, qui pourront nous apporter plus de 50 000 emplois nouveaux dans l’économie verte : isolation des bâtiments, éco construction, services liés à l’environnement, agriculture écologique, énergies renouvelables, éducation à l’environnement, éco tourisme, commerce équitable etc, et dans l’économie sociale et solidaire (services à la personnes, santé, action sociale, culture … tout type de services non délocalisables répondant aux défis démographiques et nouveaux besoins de l’économie résidentielle)
JE-Bordeaux : Le Sommet de Copenhague a été un échec. Comment imaginez-vous le rôle d’une région française, et de l’Aquitaine en particulier, dans la lutte contre le changement climatique ? Pensez-vous que la région soit le meilleur échelon pour répondre à cette problématique, devenue mondiale ?
Monique de Marco : Il revient en effet à nos territoires et en premier lieu à nos régions de prendre le relais. Il nous appartient non seulement de prendre notre part de réduction de gaz à effet de serre (politique de sobriété, réhabilitation thermique des bâtiments, énergies renouvelables, relocalisation de l’économie…) mais aussi de rendre nos régions moins vulnérables aux effets de la crise climatique et sociale (réduction de notre dépendance énergétique et alimentaire, diminution de notre fragilité aux épisodes climatiques extrêmes : tempêtes, inondations, sécheresses). Alors que nous vivons une crise de civilisation, nous ne pourrons pas y répondre avec des solutions du passé. Il ne suffira pas de verdir la façade, en espérant secrètement que tout puisse continuer comme avant.
JE-Bordeaux : Si vous êtes élue présidente du Conseil régional d’Aquitaine, quelle politique de mobilité mettrez-vous en place, que ce soit pour les lycéens, les étudiants, les apprentis ou les jeunes professionnels ?
Monique de Marco : Il s’agit évidement d’instaurer une politique de mobilité qui facilite réellement la mobilité des jeunes, que ce soit dans le cadre de leur travail ou de leur formation ou bien pendant leur temps de loisir. Voici les mesures que nous mettrons en oeuvre :
– Mettre des vélos à disposition des lycéens et des apprentis, pendant toute la durée de leur formation, en sollicitant des entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire pour réaliser ce service.
– Dans le cadre de la tarification sociale des transports ferroviaires que nous comptons mettre en place, figureront des aides renforcées à la mobilité pour les jeunes. Il s’agit notamment d’une tarification avantageuse pour les trajets domicile-travail des apprentis. Nous mettrons également en place des billets passe-partout utilisables dans tous les trains et combinés entre tous les transports. Cette mesure peut concerner particulièrement les jeunes qui se déplacent fréquemment via différents modes de transports.
– Enfin, nous allons renforcer le dispositif « Coup de pouce » pour les lycéens et notamment son volet mobilité en doublant son montant.
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