Pour une gestion européenne des questions énergétiques

, par Pierre-Yves Mellin

Pour une gestion européenne des questions énergétiques

Interviewé par les Jeunes Européens-Auvergne, Jean-Paul Besset, eurodéputé EELV, nous livre son analyse de l’action européenne en matière de défense de l’environnement. Selon lui, la question énergétique doit être traitée à l’échelle de l’UE qui doit mettre en place une réelle politique novatrice pour favoriser les énergies renouvelables.

Pierre-Yves Mellin : Après l’adoption du plan « énergie-climat » et l’application du Traité de Lisbonne : quel bilan faites vous de la politique énergétique commune ?

Jean-Paul Besset : Dans le domaine « énergie-climat », l’Union européenne montre la voie en particulier grâce à l’adoption des « trois vingts » [1] . A la veille de la conférence de Durban, l’Union européenne est le seul continent à avoir tenu ses objectifs. L’Union a ainsi atteint les objectifs fixés par le protocole de Kyoto.

Cela montre que nous allons dans le bon sens, les pays de l’Union tiendront globalement leurs objectifs. Il y aura peut-être plus de difficultés concernant l’amélioration de 20% de l’efficacité énergétique. Mais l’Union européenne a un vrai rôle de leadership en matière de politique énergétique innovante.

P-Y.M : Les énergies fossiles et nucléaires sont aujourd’hui beaucoup critiquées à cause de leur impact sur l’environnement. Certains appellent à une transition énergétique. Quel rôle devrait jouer l’Union européenne dans cette transition énergétique ? Cela ne nécessite-t-il pas des prérogatives accrues pour l’Union en matière de politique énergétique ?

J-P.B : La transition énergétique doit être une priorité. Les « trois vingts » sont une preuve que le politique s’est saisie de ce sujet et que les choses avancent. Cependant, l’Union européenne est toujours confrontée au même problème, les souverainetés nationales. C’est une tension permanente qui doit aller vers l’affirmation de l’UE contre les souverainetés étatiques.

L’application de la règle de la majorité en matière de politique énergétique est une très bonne chose, cela permet d’avancer. L’Union reste très orientée vers le nucléaire, et des projets comme ITER sont des fantasmes. Il faut décoloniser la pensée européenne de l’énergie nucléaire. Il existe un véritable pendant à l’énergie nucléaire : les économies d’énergie, et la mise en place d’un nouveau mix énergétique. Cela peut passer par la relocalisation de l’économie, une réorientation fiscale en faveur des énergies durables, etc... Ces mesures doivent être prises et appliquées à l’échelle européenne.

P-Y.M : Les perspectives énergétiques montrent que la Russie va, grâce à l’exploitation de ses ressources en mer arctique, devenir incontournable sur le marché des énergies fossiles (gaz, pétrole). Or de nombreux Etats européens sont déjà dépendants des ressources russes. Cette dépendance ne risque-t-elle pas de mettre en péril une politique énergétique commune ? Les projets tels que Nabucco ne représentent-ils pas une solution à cette dépendance ?

J-P.B : Il faut soutenir des projets comme Nabucco, mais la meilleure solution pour être indépendant serait de se passer des énergies fossiles. C’est pourquoi il faut une réorientation vers les énergies durables et une véritable politique d’économie d’énergie.

D’autant plus que nous sommes déjà sur la fin des énergies fossiles. Ce n’est pas une question idéologique ou politique, mais géophysique. Le temps des énergies fossiles est révolu et une réorientation de l’économie et de la production énergétique sont plus que jamais nécessaire.

P-Y.M : De nombreuses voies s’élèvent aujourd’hui pour demander « plus d’Europe » en matière économique, budgétaire et fiscale. Les problèmes majeurs auxquels les Etats européens sont confrontés ne seraient-ils pas mieux combattus à l’échelon européen ? L’avenir ne réside-t-il pas dans la poursuite de la construction européenne et dans son approfondissement ? Quelles en seraient, pour vous, les caractéristiques ?

J-P.B : Ma réponse est simple : oui, mille fois oui. Nous ne pouvons nous sortir seuls des crises auxquelles nous sommes confrontés. C’est seulement grâce à la masse critique de l’ensemble de l’Union européenne que nous pourrons nous en sortir.

Face aux crises, la réponse fédérale doit être la boussole des politiques. Les crises que nous traversons le montrent. De plus en plus de monde se rallie d’ailleurs à la nécessité de cette réponse fédérale. Toutes les solutions sont à l’échelle de l’Union.

La construction européenne est un objet inachevé, et personne ne peut dire comment il va se terminer. C’est à la faveur de crises que le projet européen se construit, et c’est ici une occasion pour aller plus loin, abandonner encore davantage l’unanimité, donner plus de pouvoir au Parlement européen, en bref, accomplir le saut fédéral.

Il faut pour cela s’arracher à une Histoire, celle des États-Nations, pour fonder une autre Histoire, celle d’une fédération européenne. La crise peut être une chance, l’Union européenne doit avancer et s’affirmer dans la voie fédérale.

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Notes

[1Objectif à l’horizon 2020 de réduction de 20% d’émission de gaz à effets de serre, de réduction de 20% des déperditions énergétiques, et d’augmentation de 20% de la part des énergies renouvelables.

Vos commentaires
  • Le 11 décembre 2011 à 15:02, par Besset En réponse à : Pour une gestion européenne des questions énergétiques

    Cet interview est fidèle à mes propos et j’en remercie les auteurs. Une remarque cependant : une erreur de chiffre s’est glissée. L’Europe a bien satisfait à ses objectifs de baisse des émissions signés à Kyoto mais n’a pas atteint, loin de là, 29%. Ce chiffre de 29% est celui de la hausse mondiale des émissions de gaz observée depuis la signature du protocole de Kyoto. Cordialement Jean-Paul Besset

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