L’administration publique écossaise a pris les choses très au sérieux et les chefs des différentes directions ont commencé à prévenir leur personnel que leur rôle et leurs pouvoirs pourraient très bientôt être étendus.
Le document encourage un vaste débat national et analyse les différentes possibilités pour l’Ecosse. Bien que leur intention soit l’indépendance pleine et entière, les nationalistes sont prêts à envisager d’autres possibilités, comme la dévolution de pouvoirs plus grands à l’Ecosse, et l’altération du « Royaume-Uni » en « Royaumes-Unis ». Le chef de l’Etat resterait la Reine, renommée pour l’occasion « Reine des écossais ».
Le Premier Ministre Alex Salmond a indiqué que le livre blanc était fondé sur le fait que les Écossais sont un peuple souverain et devraient décider pour eux-mêmes de la manière dont ils sont gouvernés.
« Le livre blanc, Choisir le futur de l’Ecosse, prépare le terrain, à partir du Dialogue National en explorant le concept d’indépendance et les autres possibilités constitutionnelles. C’est le point de départ du Dialogue et le peuple d’Ecosse peut maintenant le faire vivre pour aboutir à une décision réfléchie sur son futur. »
Gouvernement
Depuis les élections de mai, le SNP a montré sa compétence à diriger un gouvernement crédible et a impressionné de façon favorable l’opinion publique. La presse écossaise défavorable à l’indépendance est d’ailleurs presque étonnée de sa capacité à gouverner et du vaste degré de satisfaction qui a accueilli les réformes proposées, à savoir supprimer les droits d’inscriptions aux universités, décentraliser le système de santé et remplacer les impôts municipaux par des impôts liés aux revenus. De récentes études montrent que 60% des Écossais pensent que la séparation de l’Ecosse du Royaume-Uni est inéluctable à l’avenir, bien que seuls 23% seraient prêts à accepter l’indépendance immédiatement.
Le SNP ne peut que continuer à prouver sa capacité à gouverner et ils se feront réélire dans quatre ans selon Tom Farmer, un important homme d’affaire écossais. Mais un référendum sur l’indépendance pendant ce premier terme semble plus qu’improbable et le gouvernement séparatiste pourrait être forcé de d’abandonner ce projet dans l’espoir de se faire réélire.
Un document inutile ?
Le document encourage un vaste débat national et analyse les différentes possibilités pour l’Ecosse.
Les partis unionistes - i.e. anti-sécession - (à savoir le parti travailliste, les conservateurs et les libéraux-démocrates) ont attaqué les nationalistes en pointant du doigt le fait que ce livre blanc était un gaspillage de l’argent public puisque le gouvernement minoritaire n’a aucune chance de faire approuver un référendum par le parlement écossais. Seuls les deux députés verts pro-indépendance voteraient oui, ce qui serait insuffisant pour réunir la majorité nécessaire. Sans le consentement du Parlement écossais, un référendum est impossible, ce qui lie les mains du SNP. Salmond reconnaît qu’il aura « beaucoup de persuasion à faire » mais explique que si le parlement refuse d’obtempérer il « s’en remettra au peuple » à travers une campagne et un mouvement populaire d’envergure. Le « Dialogue National » pourrait donc s’avérer central dans le processus de prise de décision, en devenant un forum pour toutes les opinions et idées. Des milliers de personnes ont déjà posté des commentaires sur le site de l’exécutif Écossais.
Et l’Europe dans tout ça ?
Au plan européen, le livre blanc confirme l’attachement de l’Ecosse à l’Europe. Des références à l’Union et à la nécessité pour une Ecosse indépendante de s’impliquer dans l’UE apparaissent à la fin de quasiment chaque section du document – de la sécurité, en passant par l’environnement et le chômage aux droits de l’Homme. Le livre blanc affirme le désir de l’Ecosse d’adopter la monnaie unique (probablement par référendum) et la nécessité pour l’Ecosse d’être pleinement en contrôle de sa pêche et de son agriculture. Slamond demande s’il est normal que l’Ecosse, avec environ 68% des prises britanniques et la plus grande zone de pêche de l’UE, ne dispose que d’un rôle marginal lorsque les décisions concernant la pêche sont prises. Le Premier Ministre a demandé au gouvernement du Royaume-Uni d’autoriser l’Ecosse à le représenter lors des décisions ayant trait à la pêche, mais il semble que ce soit hors de question pour Gordon Brown.
Lors d’une visite à Bruxelles en juillet 2007, Salmond a appelé à une expansion de l’influence écossaise en Europe, soulignant que des pays comme la Slovénie, avec la moitié de la population de l’Ecosse ont le droit d’assumer la présidence tournante de l’UE. « Nous reconnaissons le succès de tant de plus petits pays en Europe, et nous aspirons à devenir un Etat membre jouissant de la même indépendance » `
Conclusion
Le livre blanc pose la question de l’indépendance de la nation écossaise en termes concrets et crédibles. C’est le premier pas sérieux vers la destruction du système institutionnel britannique, qui donnerait à l’Ecosse une voix dans l’arène européenne et internationale.
Le vote en faveur de l’indépendance a été clair en mai et de récentes études suggèrent que l’émancipation de l’Ecosse est inévitable dans un futur plus ou moins proche. Si le gouvernement écossais continue dans la voie des réformes économiques et sociales et parvient à prouver sa compétence et son professionnalisme et s’il parvient à gagner la confiance de son peuple, alors il n’y a aucune raison de penser qu’Alex Salmond ne puisse pas un jour mener la nation écossaise au point de non retour.
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