La République tchèque a rejoint l’Union européenne en 2004 et depuis 2005 une agence gouvernementale, le Groupe national de coordination, prépare l’éventuel passage à l’euro. Néanmoins, les crises des dettes souveraines passées ne facilitent pas la tâche du coordinateur en chef du groupe, M. Dědek.
« La République tchèque est un des meilleurs candidats pour l’euro »
Comme l’explique M. Dědek, la République Tchèque est un pays extrêmement ouvert et plus de 70% de son commerce extérieur est réalisé avec la zone euro, notamment l’Allemagne et la Slovaquie. Le revers de cet ouverture est la dépendance du pays par rapport à l’euro et notamment aux taux de change. En effet, la variation des taux de change entre l’euro et la couronne tchèque est un facteur d’incertitude pour les exportateurs.
Même si le coût n’en est pas évalué, les entreprises exportatrices sont le lobby le plus puissant en faveur de l’accession à l’euro, ce qui montre l’importance joué par le taux de change et ses variations. La République tchèque a donc tout intérêt à rejoindre le club de la monnaie unique d’autant plus que son secteur bancaire est souvent constitué de filiales de banques établies en Europe de l’Ouest.
Par ailleurs, l’économie de la République tchèque remplit les critères de Maastricht, indispensables pour pouvoir rejoindre l’euro. Son inflation, sa dette publique et les taux d’intérêt à long-terme qui traduisent la confiance des marchés dans l’économie du pays respectent les niveaux des critères de convergence. Seul le déficit public dépasse les 3% autorisés. Selon M. Dědek, le déficit doit être limité par des réformes impopulaires mais nécessaires portant sur les retraites et le système d’assurance sociale qui sont actuellement au sommet de l’agenda politique.
« L’euro n’est pas une question d’économie mais plutôt de politique »
Cependant, la route vers l’euro n’est pas sans obstacle. Le premier est la réticence de la Banque nationale tchèque concernant le mécanisme de change. L’ERM II est un passage obligé d’au moins deux ans pour tout pays voulant joindre la zone euro. Ce mécanisme doit permettre la convergence et la stabilisation des taux de change entre l’euro et la monnaie du pays candidat.
Les taux de change sont décidés par le Conseil des ministres (ECOFIN) et peuvent varier de plus ou moins 2,25%. Pour M. Dědek et la Banque Nationale Tchèque, ce mécanisme est une « invitation pour les spéculateurs » puisque l’objectif de stabilité des taux de change et les politiques monétaires qui en découlent « peuvent contredire l’objectif d’inflation limitée » qui fait partie des critères de convergence. Ainsi la République Tchèque a fait le choix de participer à l’ERM II « pas un jour de plus que nécessaire ».
Le second obstacle est celui-là tout à fait politique. À la fin de l’année 2010, à la fois le président Vaclav Klaus et le Premier Ministre Petr Nečas ont tenu des discours fortement opposés à l’adoption de la monnaie unique. Pour M. Dědek, cette attitude ne doit pas être dramatisée. En effet, l’intégration monétaire a commencé en 1971 (rapport Werner) et l’Europe de l’Ouest a mis 28 ans avant d’adopter la même monnaie.
De plus, « l’euro est un fort symbole fédéral » qui fait peur aux partisans d’une zone de libre échange et d’une souveraineté nationale unique comme M. Klaus. Ces résistances traduisent donc l’importance de l’euro en tant que symbole majeur de l’intégration européenne. C’est la raison pour laquelle, selon le professeur d’économie, les critiques des eurosceptiques doivent « nous pousser à argumenter plus sur les bénéfices » de la monnaie unique.
« La crise grecque a révélé les interdépendances entre les États-membres. »
Le troisième et dernier obstacle est l’opinion publique. Un sondage d’octobre 2010 montre que 70% des tchèques sont contre l’adoption de l’euro en République tchèque. C’est la première fois que ce sondage, réalisé tous les ans, présente un pourcentage aussi élevé. Pour M. Dědek, l’explication principale réside dans « les problèmes de la zone euro, exagérés par les eurosceptiques ».
Pour M. Dědek, la crise grecque de la dette souveraine a joué un rôle majeur dans cette opinion publique négative. Les interdépendances des pays européens ne concernent pas seulement le commerce mais aussi la monnaie ; et les « approches égoïstes par rapport aux économies indisciplinées » ont réduit la confiance des tchèques dans la monnaie unique et explique la position attentiste du pays.
« Démontrer la capacité de la zone euro à résoudre ses faiblesses »
Pour regagner la confiance des Tchèques, mais aussi d’autres Européens, il faut résoudre les problèmes soulevés par cette crise. Selon le coordinateur du GNC, la zone euro doit « démontrer sa capacité de résoudre ses problèmes [pour que] l’euro soit alors aussi attractif qu’il y a quelques années ». Les avancées réalisées sont ainsi positives pour M. Dědek. « La création d’un cadre pour l’aide financière aux pays endettés est une initiative bénéfique pour la stabilité de l’euro » et donc pour la confiance dans la monnaie unique.
Le Pacte pour l’euro proposé au Conseil européen du 11 mars et qui permet de renforcer le Pacte de Stabilité et de Croissance devrait garantir, selon M. Dědek, le respect des critères de convergence par l’ensemble de la zone euro. Toutefois, ces critères monétaires ne sont pas suffisants selon lui et « la stabilité doit être soutenue par d’autres mécanismes comme des politiques fiscales ».
L’opinion tchèque a été très surprise par « l’importance du soutien politique dont bénéficie l’euro parmi les pays membres de la zone euro », des leaders politiques se sont engagés pour soutenir l’euro et ceci montre que « l’euro n’est pas un problème technique » et qu’un « échec de l’euro signifierait l’échec de l’ensemble de l’idée européenne ». Pour M. Dědek, c’est une mauvaise approche que de « voir l’euro comme un projet uniquement économique de remplacement d’une monnaie par une autre ».
1. Le 29 mars 2011 à 17:10, par vincent En réponse à : République tchèque : L’euro est une idée fondamentale du projet européen
Juste quelques rectifications :
– On ne parle pas en français de ERM II mais du MCE II (Mécanisme de taux de change européen II)
– La variation du taux de change n’est pas de 2,25% mais de 15%. Seul le Danemark a préféré gardé la marge de fluctuation de 2,25%, telle que prévu par sa dérogation à sa participation à la 3ème phase de l’UEM.
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9canisme_de_taux_de_change_europ%C3%A9en
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