Récit de voyage (quatrième épisode).

« Rêve d’Europe » en Slovénie

Le défi de la pédagogie, à la découverte de l’autre.

, par Michel Pierpaoli

« Rêve d'Europe » en Slovénie

Dans ce quatrième épisode de leur ’’odyssée centreuropéenne’’, nos adhérents et ’’envoyés spéciaux’’ dans la région - Michel Pierpaoli et Yves Mouillet - nous racontent ici la suite de leurs aventures, en Slovénie...

Cet article va peut-être décevoir ceux qui souhaitaient recueillir notre point de vue sur la Slovénie.

En effet, ayant sacrifié ce pays sur l’autel du travail et du repos, nous avons passé 12 jours sur 14 à l’Institut français et à l’Instituto Cervantes de Ljubljana.

Notre expérience ne nous permet donc pas d’en tirer une véritable analyse. A moins de synthétiser l’ensemble des connaissances que nous avons tiré de nos différentes lectures. Or tel n’est pas notre but.

Lever un malentendu

Ljubljana : vue générale.

Il convient de lever un malentendu sur la nature de notre voyage et des articles que nous rédigeons. Nous ne sommes ni des guides touristiques, ni des encyclopédistes.

A ceux qui veulent une information complète sur les pays que nous traversons, il existe en France, comme dans tous les pays démocratiques bénéficiant de la liberté d’expression, une infinité de moyens de connaître tout sur tout. Livres, magazines, Internet, journaux, Cdrom, encyclopédies, reportages télé, etc.

Il est donc tout à fait inutile, à nos yeux, de simplement reproduire ce qui est accessible par un simple clic de souris ou la lecture d’un quelconque support papier. Si nous avons décidé d’entreprendre ce voyage c’est pour acquérir un nouveau point de vue, celui de l’expérience sensible directe. Cette expérience n’a pas pour but de se substituer à notre culture livresque mais elle doit pouvoir la compléter.

Ljubljana : la cathédrale

Or cette nouvelle expérience, comme n’importe quelle expérience, est et ne peut être que partielle et partiale. Est-il vraiment utile de le préciser ? Nous n’avons jamais eu la prétention de tout savoir sur un pays en y séjournant seulement une quinzaine de jours. Et nous n’aurions pas davantage cette prétention même après avoir passé 15 ans dans un pays.

Comme nous l’expliquons dans nos interventions, notre appréciation du monde est le résultat de notre histoire personnelle, de l’environnement qui nous entoure, bref, de notre expérience au sens le plus général du terme. Or cette expérience est avant tout unique et donne à chacun d’entre nous, avant d’être français ou slovène, un caractère, une sensibilité personnelle particulière.

Ljubljana : sur les rives de la Ljublanica.

Voilà pourquoi les habitants de Maribor ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux de Ljubljana ou encore de Koper. Les habitants de la campagne ne sont pas tout à fait les même que les citadins. Et les citadins d’une petite ville ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux qui habitent dans une plus grande métropole.

Idem entre ceux qui habitent la montagne et ceux qui habitent la plaine ou encore la côte. Idem entre ceux qui sont architectes, boulangers, coiffeurs ou encore dentistes. Et pourtant toutes ces personnes sont des Slovènes.

Alors laquelle va-t-elle bien pouvoir me dire la vérité sur la Slovénie ? La réponse est évidemment simple : toutes et aucunes ! Chacun détient une partie de la vérité mais malheureusement jamais les clés de la compréhension totale qui reste, elle, pour toujours inaccessible. Voilà pourquoi chaque point de vue est intéressant car il a toujours quelque chose à nous apprendre, à condition, bien sûr, qu’il ne s’érige pas en vérité absolue.

Le dragon de Ljubljana

Nous sommes partis non pas chercher la vérité mais un nouveau point de vue, une expérience, et cette expérience nous semble légitime, comme toutes les autres. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons la partager. Ayant subi de nombreuses critiques de la part de personnes qui tentent de nous convaincre que nous avons vécu la mauvaise expérience et donc que ce que nous rapportons dans nos articles est faux ou sans fondement, il nous a semblé utile de préciser cette évidence.

Alors que dire de la Slovénie ?

Sur les rives de la Drave : Maribor

Peut-être allons nous encore attirer les critiques si nous mentionnons le fait qu’au milieu de la nuit, sur un parking de Koper, alors que nous dormions dans notre camionnette, nous fûmes tirés de notre sommeil par quelques individus qui ont passé une vingtaine de minutes à dérober les quatre roues de la petite voiture sportive qui se trouvait à côté de nous. On va nous dire qu’à cause de nous tout le monde va croire que les Slovènes sont des voleurs de roues de voitures alors que ce n’est pas vrai... Sans blague ?

Par contre on va nous féliciter de dire qu’un soir, un policier en civil nous surprenant dans notre camionnette, à Ljubljana, se montrera particulièrement conciliant alors que le camping sauvage est interdit. « Don’t worry ! », répondra-t-il, « you are in Europe ! ». Bien, cela veut donc dire que tous les policiers slovènes sont sympas. Je ne le crois pas !

Paysage slovène : l’île de Bled

Alors quoi qu’on en pense, en quelques lignes, nous allons relater notre mince expérience et ce que nous an avons retenu de ce pays où nous avons passé 14 jours dont 12 dans la capitale. Nous avons visité trois villes (Koper, Piran et Ljubljana) et réalisé 4 interventions (Instituto Cervantès, université des Sciences sociales, université de philosophie et devant des jeunes du Rotary Act).

Nous avons parcouru un pays magnifique qui mérite bien son surnom de « petite suisse » car les montagnes sont omniprésentes. La côte est très « méditerranéenne » comme le prouve la jolie ville de Koper (le seul port de la Slovénie) et la superbe ville de Piran. En général, les paysages comme le style architectural des villes nous font comprendre que nous sommes en Europe.

Sur l’Adriatique : Koper

Nos interventions furent « ordinaires ». Nous discuterons entre autre, avec des étudiants, du problème de la minorité italienne qui vit dans le sud du pays et de l’incompréhension qui persiste souvent entre cette minorité et le reste des Slovènes. Une élève éduquée dans les deux cultures nous dira son chagrin face à la persistance de tensions basées sur des préjugés ou encore des faits historiques qui ne sont plus d’actualité.

Enfin, pour la première fois, nous réaliserons une intervention dans un Instituto Cervantès, celui de Ljubljana, où nous parlerons en espagnol, en français et en anglais. Dimension et ambiance européenne garantie.

Voilà, malheureusement, tout ce que nous pouvons partager de notre séjour en Slovénie qui fut avant tout consacré à nous reposer et à nous mettre à jour dans notre travail. Par contre, notre séjour en Croatie, entièrement planifié par les « Jeunes Européens Fédéralistes » de ce pays, promet d’être autrement plus complet.

-LA SLOVENIE, EN BREF :

La Slovénie, pays slave des Alpes orientales

Son nom :

’’Slovenija’’, la Slovénie.

NB : Le mot ’’Slovénie’’ viendrait du mot ’’slave’’ dont une étymologie (non scientifique mais souvent avancée...) serait en étroite relation avec le terme ’’slovo’’ (i. e : le ’’mot’’) : terme ethnocentrique par lequel les peuples slaves se désignent en tant que ’’peuple du verbe’’. Et ce, par opposition à tous les autres peuples dont ils ne comprennent pas la langue : sabir incompréhensible à leurs yeux.

Superficie :

20 256 km².

Drapeau :

Le drapeau national de la Slovénie (adopté le 24 juin 1991) est un drapeau tricolore horizontal ’’blanc, bleu, rouge’’ reprenant les couleurs panslaves du XIXe siècle.

Un drapeau qui a la particularité d’être frappé d’un écu armorié où figurent une représentation armoriale des paysages de ce pays : montagnes (i. e : trois pics des Alpes, dont le Mt Triglav, plus haut sommet slovène avec ses 2864 m) et rivières (i. e : Drave et Save) ; écu surmonté de trois étoiles d’or à six branches provenant des armes traditionnelles de l’ancien comté de Selje (fin XIVe / début XVe siècle).

Le tricolore slovène

Hymne national :

Il s’agit de la septième strophe du poème ’’Zdravljica’’ (Un Toast, 1844) du poète national slovène France Preseren (XIXe siècle) :

Il s’agit là d’une invocation à l’amitié entre les peuples et à la fraternité humaine, à l’imitation de l’hymne à la joie de Schiller. C’est un hymne à la liberté... et au vin, qui parle de la coexistence des petites et grandes nations du monde dans la paix, dans l’égalité et dans le respect de chacun.

Fête nationale :

Tous les 25 juin, en référence au 25 juin 1991, date de la proclamation de l’indépendance de la Slovénie.

Où se trouve la capitale Ljubljana ?

Capitale :

La capitale de la Slovénie est la ville de Ljubljana, ’’l’endroit où l’on se sent bien’’, ville dont la légende nous dit qu’elle aurait été fondée par le héros mythologique grec Jason, au retour de son expédition en Colchide où il aurait dérobé la fameuse toison d’or.

Nb : La ville de Ljubljana (anciennement Laybach) compte aujourd’hui environ 250 à 350 000 d’habitants.

Principales grandes villes :

Bled, Celje, Koper (25 000 habitants), Maribor (100 000 habitants), etc.

Population :

La Slovénie compte aujourd’hui près de 2 millions d’habitants dont environ 90% de Slovènes et 10% de minoritaires essentiellement croates, serbes, bosniaques, hongrois et italiens.

Langues parlées :

Principalement le slovène, langue officielle de l’Etat, sans parler des minorités croates, hongroises et italiennes.

Religions principales :

Catholicisme (75 à 90%), avec des minorités serbes orthodoxes, protestantes (surtout pentecôtistes), musulmanes, israélites, etc.

Adhésion à l’UE :

Après avoir officiellement signé un accord d’association avec l’UE dès juin 1996, la Slovénie entre officiellement dans l’Union européenne le 1er mai 2004 (comme prévu par le Traité de Nice de décembre 2000...).

Formalités de séjour :

Pour séjourner en Slovénie, les ressortissants des pays de l’UE doivent se munir de leurs pièces d’identité en cours de validité.

Régime politique :

La République de Slovénie, Etat unitaire, est une république parlementaire dans laquelle le pouvoir suprême appartient à un Parlement bicamérale composé de deux chambres : les ’’Drzavni Zbor’’ et ’’Drzavni Svet’’ (i. e : Assemblée nationale et Conseil national).

L’Assemblée nationale (’’Drzavni Zbor’’), élue au suffrage universel (scrutin mixte) tous les quatre ans, détient le pouvoir législatif : elle fait les lois, vote le budget et investit le gouvernement.

Elle travaille sous le contrôle d’une Chambre haute dénommée ’’Drzavni Svet’’ (i. e : ’’Conseil national’’), Sénat composé de membres élus directement ou élus par l’intermédiaire d’un collège électoral) qui peut opposer un droit de véto aux décisions prises par la Chambre basse.

Le Chef de l’Etat (Président de la République) et directement élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois seulement. Parmi ses fonctions, il nomme le Premier ministre en fonction du résultat des élections législatives.

Actuel chef de l’Etat (Président de la République)

Janez Drnovsek, libéral démocrate (Pdt depuis 2002, élu pour un mandat de cinq ans).

Actuel chef du gouvernement (Premier ministre) :

Janez Jansa, social-démocrate (PM depuis 2004).

Une pièce d’1 Tolar slovène.

Monnaie :

Le tolar (SIT) ( 1 SIT = 100 stotin).

NB : La Slovénie projette de rejoindre la zone euro en janvier 2007. (Nb : 1 SIT = 0,005 euro).

Economie :

La Slovénie est, parmi les pays ayant rejoint l’Union européenne en 2004, celui qui possède le niveau de vie le plus élevé. Les récentes profondes mutations des structures économiques ont permis la mise en place d’une économie de marché stable, caractérisée par une réduction de l’inflation et du déficit commercial et budgétaire.

Un futur Euro slovène ?

L’agriculture occupe une place moindre dans l’économie et en couvre qu’à moitié les besoins alimentaires du pays. Compte tenu du relief montagneux, les terres cultivables sont peu nombreuses. Les deux principales activités sont l’élevage et le vignoble.

C’est l’industrie qui est le véritable moteur de l’économie. Avec des ressources naturelles importantes (plomb, zinc, charbon, pétrole), le secteur industriel est performant mais aussi diversifié. A côté des activités traditionnelles comme la sidérurgie et la métallurgie, on trouve des industries modernes comme l’électronique ou l’agroalimentaire.

Ouverte sur l’extérieur, l’économie slovène tire ses principaux revenus des exportations. La position géographique de la Slovénie, voie de communication entre l’Adriatique et l’Europe centrale, est un atout majeur. De plus, les privatisations et la politique de libéralisation attirent les investisseurs étrangers aujourd’hui en nombre croissant.

Un peu d’Histoire :

Les Slaves slovènes occupent cette région située entre Alpes, Danube moyen et golfe de Trieste à partir de la fin du VIe siècle de notre ère.

Là, ils fondent un Etat slave momentanément indépendant (aux VIIe et VIIIe siècles), bientôt soumis aux bavarois, intégré à l’Empire franc, placé sous la tutelle impériale germanique (au Xe siècle) puis sous la dynastie impériale autrichienne des Habsbourg (à partir du XIVe siècle) (avec une brève période d’administration française ’’napoléonienne’’, entre 1809 et 1813).

Relativement épargnés par la flambée nationaliste du XIXe siècle, les Slovènes n’en connaitront pourtant pas moins une attirance certaine (courant de pensée alors dit ’’Illyrisme’’) pour leurs voisins slaves du sud, serbes et croates, avec lesquels ils songent alors à fonder un Etat commun ’’sud-slave’’ : la Yougoslavie.

Ce qui vaudra alors à la Slovénie d’être intégrée, après les traités de Versailles, Saint-Germain et Trianon (de 1919-1920), au futur royaume de Yougoslavie (devenue République populaire fédérative en 1946).

Après après proclamé son indépendance (en juillet 1990), confirmée par référendum (plus de 88% de OUI) en décembre 1992, la Slovénie allait connaître une dizaine de jours de combats avec l’armée fédérale yougoslave pour son indépendance (en juin-juillet 1991 ; 66 morts), avant que celle-ci ne soit finalement reconnue par la Yougoslavie (en juillet 1991), puis par la communauté internationale (en janvier 1992).

Associée à l’UE dès juin 1996, elle entre officiellement dans l’UE en mai 2004.

L’Histoire de la Slovénie croise celle de la France par l’intermédiaire de quelques grands personnages historiques : Marmont, Junot et Fouché (gouverneurs ’’napoléoniens’’, entre 1809 et 1813, de ces ’’Provinces illyriennes’’ dont l’actuelle Slovénie faisait alors partie...), le romancier Charles Nodier (qui vécut à Laybach, à la même période...) et Charles X, dernier roi bourbon de France (décédé - en 1836 - à Gorizia, en exil sur ces terres ’’habsbourgeoises’’ et depuis lors enterré au monastère de Kostanjevica, près de Nova Gorica).

Personnages célèbres :

Ici, on pourrait citer les érudits ’’yougoslaves’’ Jernej Kopitar et, surtout, France Preseren (XIXe siècle) ainsi que l’architecte Joze Plecnik (rénovateur du centre de Ljubljana, au XIXe siècle).

L’abbé catholique Anton Korosec (chef du mouvement national chrétien slovène au début du XXe siècle, président du ’’Comité national yougoslave’’ de Zagreb et fondateur de la Yougoslavie), le ’’Père de l’indépendance’’ Milan Kucan (Président de la Slovénie indépendante, en 1990-1991 et de 1992 à 2002).

De même, juste signaler que le fameux dictateur yougoslave Tito (Josip Broz) (au pouvoir de 1945 à 1980) était certes croate par sa mère, mais aussi d’origines slovènes de par son père.

Enfin, autant citer les célébrités sportives du pays : les fameux footballeurs Srecko Katanec (qui avait joué dans la grande équipe de Yougoslavie du début des années 1990, avant de devenir entraîneur de l’équipe nationale de Slovénie) et le milieu de terrain et meneur de jeu Zlatko Zahovic (le ’’Zidane’’ slovène).

Ainsi que, dans un tout autre domaine, le dessinateur de bandes dessinées Tomaz Lavric.

Pour en savoir plus (Informations pratiques et agenda culturel ) :

www.slovenia-tourism.si

Portfolio

Le tricolore slovène
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