Séminaire de Paris 2009 des Jeunes Européens France (1/3)

, par Maël Donoso

Séminaire de Paris 2009 des Jeunes Européens France (1/3)

Le traditionnel Séminaire de Paris des Jeunes Européens France a accueilli cette année de nombreux intervenants de qualité, au cours de trois conférences publiques consacrées aux élections européennes. La première d’entre elles avait pour thème : « Élections européennes et déficit démocratique : comment combler l’écart ? »

Nicolas Jean, président des Jeunes Européens France et modérateur du débat, a introduit la discussion en faisant le point sur le lancement de la campagne pour les élections européennes. D’une manière générale, les partis ont du mal à s’organiser et les listes à se constituer, et c’est pour le moment une campagne très timide qui démarre. Après avoir relevé le rôle que des associations comme le Mouvement Européen France et les Jeunes Européens France peuvent jouer dans le processus d’information et de politisation des élections, il a demandé aux intervenants de s’exprimer sur les causes du désintérêt public, et les manières d’y remédier.

Des citoyens partisans de l’Europe

La parole a tout d’abord été donnée à Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’Innovation Politique qui a accueilli cette conférence, et qu’il a définie comme « libérale, progressiste et européenne ». Selon lui, ce sont surtout les pratiques politiques françaises qui entravent actuellement le lancement de la campagne. « La constitution des listes, déclare-t-il, donne lieu à des tractations difficiles à comprendre pour les gens intéressés par les élections européennes. » Évoquant le problème plus général du manque d’information autour des institutions européennes, il a ajouté : « On demande aux Européens de se prononcer pour un Parlement dont ils ignorent les pouvoirs. »

Il faudra sans doute compter sur un taux d’abstention très élevé, pour des raisons conjoncturelles en particulier, la crise étant actuellement la principale préoccupation. Néanmoins, Dominique Reynié a déclaré qu’il n’existait pas de déficit démocratique, et s’est totalement opposé à l’idée selon laquelle les Européens seraient « eurosceptiques ». Au contraire, il a relevé que les citoyens considèrent massivement leurs États comme incapables de faire face, seuls, à la mondialisation, et que seuls 4 à 5% des Européens souhaitent voir leur pays sortir de l’Union. Il a estimé que les citoyens souhaitent, pas forcément une Europe fédérale, mais une « européanisation de la puissance publique », et que le barrage entre les désirs populaires et la réalité est due à la classe politique, qu’il a définie comme « la seule catégorie sociale à ne pas être européanisée ».

Dominique Reynié a rappelé que le Parlement européen était la première et la seule assemblée démocratique transnationale de l’histoire, et que l’abstention n’enlevait pas le caractère révolutionnaire et novateur de cette institution. « Nous avons là, a-t-il ajouté, de toute évidence, un modèle pour le vingt et unième siècle, au moins pour l’Europe. » Pour finir, il a évoqué les contraintes nationales de constitution des listes, et estimé que les citoyens ressentaient clairement le décalage entre le projet européen et les moyens mis en œuvre pour le poursuivre.

Médias, fédéralisme et Europe sociale

Marie-Christine Vallet, directrice déléguée éditoriale Europe à Radio France, a rappelé que les médias ont un rôle essentiel à jouer pour relater la vie européenne. Elle a estimé que la télévision en France diffuse très peu d’informations sur l’Europe, et la radio davantage. Selon elle, la présidence française du Conseil de l’Union a lancé un mouvement qui aurait pu s’amplifier, mais en l’absence d’une véritable campagne confrontant des positions politiques, elle a estimé qu’il était difficile pour les médias de lancer un vrai débat.

Jacques Chauvin, président de la branche française de l’Union pour l’Europe Fédérale, s’est déclaré « presque sceptique » par rapport aux élections, s’attendant à une campagne moyenne. Il a estimé que beaucoup de citoyens n’auraient pas la motivation nécessaire pour aller voter. « Tant que nous n’aurons pas un État fédéral, a-t-il ajouté, pourquoi y aurait-il une motivation à s’engager dans la vie politique de l’Europe ? » Il a défini le fédéralisme comme la forme d’organisation la plus démocratique possible, et rappelé l’importance de faire évoluer l’Europe vers une plus grande intégration.

Bernard Lehideux, eurodéputé Modem et candidat en Île-de-France, a quant à lui insisté sur la difficulté de communiquer, d’être en contact avec les médias, et a déclaré : « Quand je débarque à Paris en gare du Nord ou en gare de l’Est, suivant que je reviens de Bruxelles ou de Strasbourg, et que je sais qu’il y a douze millions d’habitants dans ma circonscription d’Île-de-France, qu’est-ce que je peux faire pour leur expliquer le travail que j’ai accompli pendant une semaine ? Rien. » Il a évoqué le manque de liens entre les administrations nationales et européennes, et regretté qu’après un passage à Bruxelles, il soit difficile pour des fonctionnaires de revenir travailler dans des ministères français.

Pour Bernard Lehideux, paradoxalement, les citoyens ont l’impression que les vrais dossiers se traitent au niveau européen, mais que l’Europe ne traite pas « leurs » vrais dossiers. Il a fortement appelé à une Europe sociale, non seulement parce qu’elle serait selon lui utile, mais aussi parce que les citoyens la veulent. Il a conclu en affirmant que l’Europe est mal comprise parce qu’on en parle mal : « Nous avons l’opinion que nous fabriquons. »

Au terme de cette première conférence, il est apparu que malgré un fort désir d’Europe de la part des citoyens, les politiques et les médias ont du mal à trouver un mode de fonctionnement qui leur permette de construire et de promouvoir un espace public européen. La tâche serait-elle plus facile si les compétences du Parlement européen étaient mieux connues ? Cette question a fait l’objet de la deuxième conférence du Séminaire de Paris.

Illustration : photographie de Dominique Reynié, Nicolas Jean, Marie-Christine Vallet et Jacques Chauvin lors de la conférence, à la Fondation pour l’Innovation Politique. Auteur : Karim-Pierre Maalej.

Cette conférence s’inscrivait dans le Séminaire de Paris financé dans le cadre du projet Europe@myDesk avec le soutien de la Commission européenne. Cette communication n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.

Vos commentaires
  • Le 3 mai 2009 à 07:04, par Martina Latina En réponse à : Séminaire de Paris 2009 des Jeunes Européens Fédéralistes (1/3)

    Merci pour ce premier volet d’un compte rendu dont on attend impatiemment la suite.

    Effectivement, ce qui semble manquer à cette campagne européenne comme aux précédentes est l’information qui montrerait largement et clairement de quelle manière les pouvoirs exercés par le Parlement Européen sont, aussi bien dans la vie quotidienne que dans des perspectives plus vastes, au service des citoyens de toute L’EUROPE : cette assemblée n’est-elle pas notre CHANCE de surmonter et de résoudre ensemble, notamment sur le plan social comme le souligne l’article, les nombreuses formes de la crise actuelle en recherchant le BIEN COMMUN des EUROPEENS ?

    A Strasbourg, sur la façade claire et circulaire du Parlement Européen, l’on peut lire ces jours-ci dans de multiples langues un seul appel nous rappelant LE CHOIX qui nous appartient ; parmi les slogans figure une phrase en grec qu’on pourrait ainsi transposer : « Tu as LA PAROLE, vote ! » Si le même mot de LOGOS signifie PAROLE et CHOIX, non seulement notre civilisation née de cette riche notion est l’héritière, donc la dépositaire, de l’harmonie entre la pensée et l’action, mais surtout l’abstention lui est contraire : et, puisque l’EUROPE, C’EST NOUS, c’est de nous qu’il dépend que ce PARLEMENT se révèle encore plus apte que les autres à l’union de nos diversités et à la synergie de nos PORTE-PAROLE !

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