Trois jours et deux nuits de durs débats à l’Assemblée nationale devant une majorité d’hommes, certains revenant même sur ses origines juives.
Son combat pour la cause des femmes
Peu de textes ont suscité la violence, l’antisémitisme, la haine comme ce fut le cas pour la loi IVG. Pourtant, Simone Veil a marqué par sa patience, son intelligence, luttant avec courage et fermeté, rappelant les entorses à la loi interdisant l’avortement par de nombreuses femmes et médecins, pour en tirer la juste conclusion : cette loi n’avait pas atteint son but qui était de limiter au maximum les avortements.
Lors de son discours au Sénat, Simone Veil souligne également l’inégalité des femmes devant une grossesse n’étant pas désirée, la condition sociale des femmes mises en cause : toujours des femmes de milieu modeste. Elle indique ainsi l‘injustice entre les femmes devant avorter, qui voient leur santé, leur maternité liées à leur catégorie socioprofessionnelle : certaines peuvent aller à l‘étranger, d‘autres doivent recourir à la clandestinité, à des procédés mutilants que certaines payent parfois de leur vie ou par la stérilité. Elle insiste également sur l’épreuve que constitue l’avortement pour une femme.
Une grande avancée pour les femmes et pour l’évolution de la société française
En cette journée de la femme, il faut se rappeler la signification de cette loi : l’égalité des femmes devant ce choix d’avorter mais aussi l’indépendance de la femme (marquée dans un premier temps par le remboursement par la sécurité sociale de la pilule contraceptive en 1974), celle-ci ayant le choix désormais, avec l’instauration d’un procédé légal, encadré par des médecins, par une loi permettant ce procédé dans certaines circonstances.
Il s’agissait à ce moment là d’une grande avancée pour la cause des femmes qui, désormais, pouvaient refuser une grossesse sans connaître le risque d’une condamnation pénale ou de graves problèmes de santé.
Simone Veil s’est affirmée au cours de sa carrière par ce que certaines ont appelé son « féminisme pragmatique », favorable à l’égalité des femmes et des hommes, à la parité, sans nier pour autant les différences entre les hommes et les femmes, croyant en leur complémentarité, refusant la supériorité du genre masculin.
Ce féminisme et la volonté de Simone Veil de défendre la cause de la femme se révèle tout au long de sa carrière juridique et politique en commençant en 1959, au moment de la réforme des pénitenciers où Simone Veil se préoccupe des conditions de détention des femmes. En pleine guerre d’Algérie, elle se préoccupe aussi du sort des femmes combattantes algériennes. Soutenant la création d’une commission des droits de la femme au sein du Parlement européen.
Une femme « européenne »
En 1979, conduisant la liste UDF, Simone Veil est élue députée au Parlement Européen, lors de la première élection des eurodéputés au suffrage universel direct. Désignée candidate du groupe libéral pour la présidence du Parlement, elle sera élue Présidente du Parlement Européen le 17 juin 1979 devenant la première femme à occuper ce poste.
Au cours de ce mandat, Simone Veil a tenu à défendre ses conceptions fédéralistes et les sujets lui tenant à cœur, et contribué à faire reconnaître le Parlement à l’opinion publique européenne, afin d’améliorer l’image de celui-ci, et d’accroître ses pouvoirs. Elle développe également des contacts avec les pays tiers, engageant ainsi la Communauté européenne dans une politique d’élargissement.
Son engagement politique continuera après 1982. Restant à la tête du service juridique du Parlement européen, en 1984 elle dirige la campagne pour les élections du Parlement européen de la liste Union pour la France en Europe, avant de conduire en 1989 une liste centriste et pro-européenne et par la suite, en dirigeant le groupe de haut niveau sur la libre circulation des personnes. Elle restera eurodéputée jusqu’en 1993, avant de rejoindre le Gouvernement Balladur au poste de Ministre des affaires sociales.
Elle soutient également de nombreuses associations à vocation européenne telles que le Fonds européen pour la liberté d’expression ou la Fondation de l’Europe des sciences et de la culture dont elle est présidente d’honneur, elle qui a toujours cru en la réconciliation franco-allemande et en l’Europe, et l’a rappelé en citant Victor Hugo lors de son discours à l‘Académie Française.
1. Le 9 mars 2011 à 10:26, par HERBINET En réponse à : Simone Veil
La Suède et la Norvège à la loupe
Une réussite pour la Norvège, meilleure élève en la matière. Les résultats sont probants puisque ce pays nordique, qui a imposé à ses entreprises des quotas, se distingue par un taux très élevé de femmes administratrices. La Norvège a démontré sa capacité à rééquilibrer les rapports hommes-femmes. Dans ce pays, Il y a pratiquement maintenant autant de femmes que d’hommes sur le marché du travail. La clé fut la création des garderies. La bonne pratique, c’est de concilier vie de famille et emploi, du fait du système généralisé de garde des enfants. Par exemple, un homme a droit à un congé paternité de 6 mois avec une compensation salariale de 100 %.
La représentation féminine dans la vie politique norvégienne est élevée : 40 % des Députés sont des femmes. Les proportions se retrouvent au niveau local. En fait, ce résultat a été obtenu à la suite des campagnes précédant les élections, puis de quotas mis en place. Pour en arriver à un résultat si élogieux, il faut remercier la courageuse politique norvégienne de l’égalité, qui est innovante, ambitieuse et juste. De dimension générale sur le principe de l’égalité, elle a promu l’égalité des droits, l’absence de violence sexuelle, la distribution égale du pouvoir, l’indépendance économique des femmes, l’égalité des chances sur le marché du travail, l’égalité des chances pour l’accès à l’éducation.
La voie est effectivement ouverte par les pays nordiques, qui sont des modèles du genre. A savoir, si la France doit s’inspirer des pratiques suédoises, sachant que la situation culturelle est différente, le débat nous renseignera. Les pouvoirs publics encouragent les femmes à une activité professionnelle. Les parents doivent acquérir une expérience professionnelle avant de donner la vie, puis la volonté politique les incite à reprendre le travail suite au congé parental. Le système social repose sur le principe de l’autonomie financière entre hommes et femmes. Le fisc et les assurances sociales placent sur un pied d’égalité les deux sexes. Chaque individu est imposé séparément. La « ristourne fiscale » pour les familles n’existe pas. La clé : l’assurance parentale. L’assurance parentale permet un taux d’activité élevé. Le partage des prestations de l’assurance parentale est le signe que le couple partage les autres responsabilités. Si l’assurance parentale est individualisée, l’objectif est que les pères et les mères se partagent avec équité le congé parental. Outre l’assurance familiale et l’imposition partagée, la Suède ouvre la voie sur le développement des structures d’accueil de l’enfance. Elle est aussi innovante concernant l’aide aux personnes âgées. La prise en charge est organisée par les communes. D’autre part, les enfants n’ont pas d’obligation d’assistance envers les parents âgés.
Le modèle appliqué en Suède conjugue féminisme et bien-être. En revanche, des lacunes sont observées. Bien que les femmes soient mieux formées que les hommes, les écarts de salaires persistent. Pourquoi ? Les prestations des hommes dans les entreprises sont mieux valorisées. Pour lutter contre les causes, il faut demander à l’employeur de présenter annuellement un inventaire global des salaires versés dans l’entreprise et de corriger les écarts salariaux injustifiés. Un plan pour l’égalité des salaires doit être mis en place mais aussi pour tous les aspects de l’égalité sur le lieu de travail.
Pierre-Franck HERBINET
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