Le Taurillon : Qu’est-ce que le Wunderbarometer ?
Matthieu Lerondeau : Le Wunderbarometer est un nom rigolo pour parler d’un étude et d’un sorte de tableau de bord de l’amitié franco-allemande à travers Twitter. Nous y présentons la densité et la qualité des relations existantes entre ministres et ministères français et allemands.
Il y a clairement des comportements et des niveaux d’appropriation différents entre France et Allemagne. Probablement en raison des dernières campagnes présidentielles et législatives, les politiques français (et donc les ministres) sont plutôt en avance. Il n’est pas rare d’avoir un ministre français cumulant des dizaines, voire des centaines, de milliers de followers sur Twitter alors que ces chiffres sont inexistants, voire inaccessibles pour les ministres allemands. Cela entraîne une plus grande activité. Ils sont plus nombreux également en France : pour 91% des ministres du gouvernement Ayrault présents sur Twitter, ils ne sont que 45% des ministres de Mme Merkel.
Le Taurillon : Comment avez-vous créé ce « Wunderbarometer » ?
Matthieu Lerondeau : On a systématiquement détecté et récupéré la liste des personnes que suivaient et qui étaient suivies par chacun des ministres et des ministères. Nous avons aussi étendu nos recherches au gouvernement Fillon car notre étude a été réalisée à cheval sur les élections de 2012. On a comptabilisé leurs tweets et ainsi pu établir une véritable cartographie avec de vrais indicateurs de l’état de cette twittosphère politique franco-allemande.
Wunderbarometer : étude de la relation franco... par LeTaurillon
Le Taurillon : L’amitié franco-allemande se poursuit-elle sur Twitter ou chacun reste-t-il dans sa sphère nationale ?
Matthieu Lerondeau : C’est un des grands enseignements de cette étude, même s’il s’agit d’un constat un peu triste : s’il existe un conseil des ministres franco-allemand, il n’existe pas de sphère politique franco-allemande sur Twitter. Pas entre les ministres et les ministères. Parmi les 38 ministres dont nous avons étudié les comptes, aucun ne se suivent de part et d’autre du Rhin.
Cela ne veut pas dire que le couple franco-allemand est en déroute ou ne fonctionne pas. En revanche, les politiques se servent très clairement de ces comptes pour un usage uniquement national. Le dialogue existant au niveau politique ne se poursuit donc pas sur ce réseau social. Cela dit, l’une des vertus de ce genre d’études est que cela peut faire bouger les lignes. On peut espérer que demain les comptes des différents ministres et ministères suivent leurs homologues... et peut-être engagent un dialogue sur Twitter ?
Le Taurillon : Pourquoi une agence de communication digitale comme La Netscouade s’investit-elle sur ce sujet ?
Matthieu Lerondeau : Les fondateurs de la Netscouade se passionnent depuis longtemps à la fois sur l’utilisation politique et sociale des technologies mais plus encore car plusieurs fondateurs de l’agence ont participé à l’aventure de Touteleurope.eu et se sont beaucoup intéressés à la toile européenne pendant longtemps...
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