Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

Réaction de l’eurodéputé à un article publié le 26 octobre 2008

, par Alain Lamassoure

Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

Le 26 octobre 2008, le Taurillon publiait un article "Alain Lamassoure : ses propos, ses ambitions, ses autogoals…« . L’intéressé nous a proposé d’exercer son »droit de réponse". C’est avec plaisir que nous lui ouvrons nos colonnes...

Alain Lamassoure : L’Europe s’inflige toute seule un cinglant 5-0 ». Un jury composé par Ronan Blaise et Fabien Cazenave m’accuse du crime d’anti-européisme primaire, pour un chat sur « lemonde.fr ».

L’analyse est hélas typique du débat intellectuel franco-français, dans le mauvais sens du terme : nous adorons les débats théoriques, sans nous préoccuper de leur traduction concrète dans la réalité. Les souverainistes proposent de rétablir les contrôles aux frontières internes de l’Union, sans voir que c’est totalement irréaliste. Je pensais que les fédéralistes de la jeune génération, eux, avaient mis leurs pendules à l’heure. Mais non, apparemment oser dire que le fédéralisme américain n’est pas la solution réaliste aujourd’hui pour l’Europe, ce n’est pas politiquement correct pour ceux qui se veulent les plus Européens !

Mais enfin, jeunes Taurillons, ouvrez les yeux ! Voyagez ! Découvrez l’Europe telle qu’elle est vraiment, et pas telle qu’elle est dans les ouvrages théoriques ! Dans nos vingt-sept pays, y a-t-il un seul parti politique qui prône une Europe fédérale à l’image de l’Allemagne ou des Etats-Unis ? Avec un budget fédéral représentant 25% du PIB, c’est-à-dire 25 fois le budget européen actuel ? Faire cette remarque n’est pas du tout critique du système fédéral. Je crois connaître assez bien les Etats-Unis. Je m’y rends chaque année depuis vingt ans, et j’y étais quand l’article de Ronan et Fabien est paru sur le blog. Et je préfère le système politique allemand ou espagnol à la centralisation française. Mais l’Europe de ce début du XXIe est une organisation différente. L’équivalent, à une échelle géographique différente, de ce qu’est une communauté urbaine : une entité politique nouvelle, qui ne supprime pas ses parties constitutives, mais qui permet de traiter les problèmes nouveaux posés dans ce cadre de vie nouveau – l’agglomération au niveau local, le continent au niveau international. Les théoriciens voudraient fusionner tout de suite les communes. Ce n’est pas politiquement possible aujourd’hui, mais on peut contourner le problème avec la communauté urbaine, tout en conservant l’avantage de la proximité des citoyens offert par le cadre communal. Il en va de même pour l’organisation continentale.

C’était l’ambition du projet de constitution européenne. L’UMP est peut-être « euro-conservatrice », mais dans ce malheureux référendum ses électeurs ont voté « oui » à 84%, proportion qu’aucun autre parti n’a atteint alors. Qui a conçu le traité de Lisbonne qui demeure la seule chance de sauver l’acquis du traité constitutionnel ? Était-ce un but contre l’Europe, ou pour l’Europe ? Qui a conçu sa première version, avec le conseiller européen d’Angela Merkel, avant même que l’élection présidentielle française ait eu lieu ? L’auteur de ces lignes. Que prévoit-il, ce traité ? Que le pouvoir législatif de l’Union sera partagé entre une chambre basse, le Parlement européen, directement élu par les citoyens, et une chambre haute, représentant les Etats, le Conseil des Ministres. Et qu’il y aura enfin un « Monsieur » ou une « Madame Europe », le Président de la Commission élu par le Parlement. Ça ne vous rappelle rien ? C’est exactement le modèle fédéral allemand.

Mais l’architecture de l’Union ne se résume pas au fédéralisme. A côté de ce modèle fédéral, proposé pour exercer les compétences de l’Union, nous avons besoin – pour combien de temps, je n’en sais rien – d’une organisation confédérale pour coordonner les politiques qui demeurent de compétence nationale : politiques économiques, politiques sociales, politiques étrangères, politiques de défense notamment. C’est un besoin spécifique à l’Union, qui n’existe pas aux Etats-Unis, ni, sous cette forme, en Allemagne. D’où la présidence permanente du Conseil européen, et la fonction originale – et sans doute provisoire - d’un Haut-Représentant pour la politique étrangère et la défense.

Le problème de l’Europe aujourd’hui n’est pas du tout théorique, il est très concret : est-ce que le traité de Lisbonne va s’appliquer l’an prochain ? Si oui, l’Europe devient d’un coup démocratique. Sur ma proposition, le PPE s’y prépare. Un groupe de travail, dont je suis rapporteur, élabore un véritable projet législatif, qui sera le même dans les 27 pays. En décembre prochain, le PPE désignera son candidat pour la présidence de la future Commission. On lui demandera de faire campagne dans les 27 pays. Si nous y parvenons, le PSE, pour être crédible, devra faire de même. Les grandes chaînes de télévision devront alors organiser entre eux des face-à-face du type de ce que nous avons vu récemment en France et aux Etats-Unis. Et le Président élu(e) sera ainsi choisi par les 500 millions de citoyens européens, comme l’est le Premier Ministre britannique ou la Chancelière allemande. Je vous laisse le soin de qualifier ce système de fédéral et d’europolitiquement correct, mais comment ne pas y voir un formidable progrès démocratique ? Si Ronan et Fabien y sont favorables, que font-ils pour encourager les Irlandais à donner leur feu vert, au lieu de ferrailler contre ses auteurs ?

En outre, j’ai fait introduire dans le traité constitutionnel, puis dans le traité de Lisbonne, l’article qui donne aux citoyens eux-mêmes un droit de pétition collective, inconnu jusqu’ici en France. Voilà quatre ans que j’invite les Jeunes Européens à préparer la première pétition, dont le retentissement sera évidemment considérable. J’espère que les fédéralistes ne laisseront pas les souverainistes tirer les premiers …

Entre-temps, j’ai engagé avec le Parlement européen et les Parlements nationaux un nouveau chantier essentiel : celui de la réforme du budget européen, pour donner à l’Union des moyens financiers plus cohérents avec ses responsabilités politiques. Sujet extraordinairement délicat, qui exige l’unanimité – je ne m’en réjouis pas, je le déplore, mais je suis obligé de faire avec – et qu’aucun autre homme politique européen n’a osé aborder concrètement à ce jour. J’espère que, le moment venu, le Taurillon m’aidera à marquer des buts sur ce terrain-là.

Tout comme j’aurai besoin de son aide sur une autre dimension du projet européen, curieusement ignorée jusqu’à présent par tous les gouvernements et toutes les institutions : les droits concrets du citoyen européen se déplaçant en Europe. 10 millions de citoyens européens vivent dans un pays européen différent de leur pays d’origine. Sur le papier, ils ont les mêmes droits que les nationaux du pays d’accueil. La pratique est, hélas, bien différente. J’ai remis, sur ce sujet, un rapport détaillé au Président de la République, avec une soixantaine de propositions très concrètes. Le Mouvement Européen a été associé à ce travail. L’expérience m’a enseigné qu’on ne réconciliera pas les citoyens avec l’Europe par le débat d’idées, mais par des réalités concrètes : en traitant leurs vrais problèmes et en leur donnant le pouvoir en Europe, comme ils l’ont dans leur pays et dans leur ville. Les historiens décideront alors du nom à donner au système original - oui, original, parce que notre problème est sans précédent - que deux ou trois générations d’Européens auront conçu dans une extraordinaire œuvre de création collective.

Illustration : photographie d’Alain Lamassoure issue de son site www.alainlamassoure.eu.

Vos commentaires
  • Le 6 novembre 2008 à 00:33, par Fabien Cazenave En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    M. Lamassoure, merci de nous répondre. Vous avez compris que cet article jouait le rôle d’interpellation et non de jugement définitif.

    Permettez que je vous répondre sur quelques points.

    Vous faîtes erreur sur le fait de dire que nous restons dans le débat théorique. Cependant, permettez-nous de conserver notre point de vue selon lequel le manque d’Europe politique est le meilleur moyen de ne pas la rendre concrète. Le Fédéralisme permet ainsi de respecter l’identité de chacun tout en donnant les moyens d’agir sur les sujets « extérieurs ». Bref, n’hésitez pas à vous rendre dans notre rubrique « Découverte du Fédéralisme » où vous verrez qu’il y a des articles sur plusieurs types de fédéralismes. Celui australien (centralisé à l’extrême) n’est pas notre but ultime. Celui américain ou allemand ou suisse s’en rapproche, même s’ils ne sont pas les mêmes.

    Malgré les nettes avancées du traité de Lisbonne, permettez moi de ne pas en faire mon rêve. Le Taurillon a d’ailleurs été un des rares sites à le défendre de manière engagée. J’ai même personnellement organisé la seule manifestation pro-lisbonne devant les grilles du château de Versailles le 4 février, manifestation qui a ainsi réuni les JE - France + quelques sections locales du MEF + Sauvons l’Europe + l’UEF. Mais les négociations intergouvernementales qui ont abouti à ce traité sont notre pire ennemi quand nous allons sur le terrain. Vous voulez du concret ? Écoutons nos concitoyens qui nous expriment leur incompréhension de ce qu’ils considèrent comme une manipulation « dans leur dos ». Vous aurez beau être logique et pédagogique, nous nous sommes tirés une balle dans le pied avec ces négociations dans les couloirs et à l’abri du débat avec les citoyens.

    Ce sont des militants de terrain qui vous ont interpellé, parmi ceux qui ont aussi fait la campagne de 2005 (très) activement et qui continue.

    Les JE-France militent pour la campagne « Who is your Candidate », donc votre annonce de candidat du PPE pour le poste de président de la Commission européenne nous RAVIT ! Enfin une bonne nouvelle... qui nous laisse espérer qu’on aura une vraie élection européenne avec un espace public européen.

    Ce qui me dérange dans votre échange sur le site du Monde, ce n’est pas vous mais ce que risque de comprendre un citoyen « lambda » à vos propos. Je sais à quel point vous êtes plus nuancé et plus engagé. Je pense sincèrement que cela ne transparait pas dans votre interview alors que dans le désert d’engagement européen que nous connaissons au niveau de nos représentants politiques, nous avons besoin de vous.

  • Le 6 novembre 2008 à 07:26, par Ronan En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Dans nos vingt-sept pays, y a-t-il un seul parti politique qui prône une Europe fédérale à l’image de l’Allemagne ou des Etats-Unis ?

    Ben non. Et c’est précisément le problème... Tant qu’on ne demande rien, on n’obtient rien. Donc, à vous suivre, l’Europe fédérale, ce n’est effectivement pas demain la veille. Mais à qui la faute ?!

    Nous différons également dans l’analyse du vote de 2005 : sur le terrin, j’y ai croisé moins d’ « antieuropéens absolus » qu’énormément de « déçus de l’Europe ».

    Attention donc à cette grave mutation actuelle de l’ « euroscepticisme » : ce n’est plus du scepticisme à l’égard de l’idée européenne elle-même (très largement plebiscitée) mais un énorme scepticisme quant à l’UE, ses institutions, son mode de fonctionnement, son manque de transparence, son déficit démocratique, ses budgets maigrichons, sa mauvaise répartition des compétences, etc (n’en jetez plus).

    Il est tragique que nos dirigeants politiques aient analysé cela comme une volonté populaire de ne plus aller de l’avant pour prendre des positions défensives le temps d’une génération.

    Comment interpréter les volontés gouvernementales de ne pas soumettre Lisbonne au suffrage populaire : c’est la peur que l’opinion publique dise non parce que ce texte va trop loin (et suppose des abandons de souverainetés décidément intolérables...) ou de peur que ce texte soit également rejeté puisque n’allant décidément pas assez loin ?!

    Ebfin, franchement, si l’on reprend le débat franco-français de 2005, on voit bien que ce qui a le plus coincé et le plus fait polémique dans l’opinion française, ce n’est pas le problème d’une réforme institutionnelle européenne plus ou moins audacieuse, c’est surtout que nos contemporains ont très largement rejeté l’hypothèse selon laquelle on aurait voulu leur imposer - via ce texte (partie III) - un modèle social (social !) dont ils ne veulent pas (ou dont ils ne veulent plus, c’est selon...).

    PS : Ce qui n’est pas « politiquement correct » - visiblement - c’est de parler des Etats-Unis comme modèle. Il est vrai que la France - vieille nation messianique prétendant avoir un discours à vocation mondiale - a décidément bien du mal à supporter la concurrence idéologique, surtout lorsqu’elle vient d’un pays plus jeune, situé outre atlantique. Jalousies mal placées enfin mises à part, vive les Etats-Unis d’Europe quand même !

  • Le 6 novembre 2008 à 08:27, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    « Dans nos vingt-sept pays, y a-t-il un seul parti politique qui prône une Europe fédérale à l’image de l’Allemagne ou des États-Unis ? »

    Les Verts, les centristes certains libéraux affirment sans ambiguïté leur atachement au fédéralisme européen, non pas à l’image des États-Unis ou de l’Allemagne, mais selon un modèle spécifique puisque chaque fédération adopte un mode de fonctionnement différent.

    L’Union européenne comporte déjà de nombreux éléments de fédéralisme : un droit dérivé supérieur aux normes national, parfois directement applicable, une monnaie unique, un parlement colégislateur dans de nombreux domaines, des prises de décision à la majorité.

    En réalité, comme vous le soulignez, il ne manque institutionnellement pour passer à un mode de fonctionnement fédéral que la généralisation de la prise de décision à la majorité et la codécision systématique pour le Parlement européen. Pour devenir une véritable fédération il faudrait en revanche passer à une modification des traités à la majorité. Or ces changements sont nécessaires à la fois pour l’efficacité de l’Union et pour la démocratie européenne.

    La question de la répartition des compétences est un tout autre débat. Il existe d’ailleurs dans toutes les entités fédérales. Pour ma part cela ne me choque pas que les compétences qui ne sont pas communautarisées soient gérées de manière confédérale à partir du moment que les compétences qui le sont soient soumises à des mécanismes démocratiques de type fédéral comme c’est en partie le cas aujourd’hui.

    Vous le savez, nous avons fait campagne sans compter pour le projet de traité constitutionnel et nous soutenons le médiocre traité de Lisbonne très précisément pour les raisons que vous indiquez.

    Ce qui vous est reproché est donc d’assimiler l’idée d’Europe fédérale au fédéralisme américain. Cet amalgame est excessivement réducteur. Ceci ressemble fort à une tentative d’écarter un débat gênant ; peut être parce que la démocratie européenne n’est pas la priorité du président de la République comme elle ne l’était pas pour ses prédécesseurs.

    Au lieu d’éclairer le débat vous en accentuez la confusion. Ne serait-il pas plus transparent de dire que si l’Union n’est pas appelée à se calquer sur le modèle américain, elle comporter déjà des éléments de fédéralisme et que c’est précisément dans ces domaines qu’elle fonctionne correctement et de manière démocratique ?

    Vous avez tord de négliger le débat d’idée : c’est hélas ce qui remplace le débat sur les politiques publiques dans notre pays. Le public est mal informé sur les questions européennes, non seulement en raison de médias paresseux, mais aussi car une partie des responsables politiques font de l’Union un bouc émissaire pratique dès lors que cela sert leur argumentation.

    Vous êtes certainement l’un des élus qui a le plus oeuvré pour faire avancer la construction européenne et nous avons partagés de nombreux combats. Nous partageons l’objectif de voir les citoyens européens pouvoir par leur vote désigner ceux qui gouvernent l’Europe comme vous le demandiez à Nice en 2000 à notre manifestation. Cela s’appelle du fédéralisme. Pourquoi le dissimuler ou répandre de faux clichés à ce propos ?

  • Le 6 novembre 2008 à 10:19, par Julien En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Cher Valéry, Alain Lamassoure a raison. Et pourtant je ne partage pas ses engagements sarkozystes en France. Mais sur l’Europe, il a raison. Vous êtes de doux rêveurs qui n’avez toujours pas compris que la France et l’Allemagne n’étaient ni le Kentucky, ni l’Alabama, ni la Bavière ou la Saxe. La construction européenne ne peut être qu’un processus original qui passe par une certaine dose de fédéralisme (ne le nions pas, cf BCE) mais qui n’a pas vocation à accoucher d’un super Etat fédéral. Le but est de mieux faire travailler ensemble les Etats pour peser dans le monde tel qu’il est, pas de créer un Volapuk. Ou alors on aura des référendums avec 85% de NON (si tes amis posaient la question). Concentrons-nous sur les vrais enjeux : créer une véritable défense européenne indépendante des Etats-Unis (mais là c’est moi qui rêve un peu).

  • Le 6 novembre 2008 à 10:30, par KPM En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Ces précisions sont bienvenues, le ton avec lequel elles sont apportées un peu moins.

    Sur le fond : personne ne vous reproche les avancées fédérales et démocratiques du Traité de Lisbonne. Je suis d’accord avec Valéry quand il dit que ce qui vous est reproché est d’assimiler l’idée d’Europe fédérale au fédéralisme américain. Vous faites exactement le même genre d’amalgames que ceux qui assimilent le libéralisme au capitalisme débridé, avec les conséquences que ça a sur la qualité du débat.

    Si vous avez peur du mot fédéralisme, alors ne l’employez pas mais évitez au moins de faire des contresens et amalgames aussi flagrants. Et dites simplement que nous voulons une Europe qui a du pouvoir, non pour effacer les spécificités nationales mais bien pour les préserver, car ce n’est qu’ensemble que nous serons assez forts pour cela. Que, pour être forts, il faut bien donner du pouvoir à l’Europe, et que si on lui donne du pouvoir il doit être démocratique, donc responsable devant le peuple Européen aussi bien que devant les États membres.

    Clair, net et précis :-)

  • Le 6 novembre 2008 à 11:27, par Fabien Cazenave En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Julien, j’entends dans ton « super Etat fédéral » une France en plus grand : un Etat centralisé où l’histoire des citoyens se dissoudrait. Ce n’est pas le but, c’est même le contraire...

    Pour la question du référendum européen, qui es-tu pour prédire le résultat ? On peut avoir un raz-de-marée pour le oui ou pour le non, ou un score serré ? Il ne faut pas préjuger si doctement.

    Cela me rappelle mes « amis » gauchistes qui me prédisaient une défaite de la droite et de la gauche, que le temps des Besancenot and co arrivait. Au final, en 2007, qui avons-nous eu au pouvoir ? Et pourtant, l’extrême-gauche et l’extrême-droite ont fait des scores par trop important.

    Enfin sur ton Europe de la défense, banco. Mais n’est-ce pas là un Etat supranational que tu invoques pour que cela marche ?

  • Le 7 novembre 2008 à 02:48, par D’Jor-Krévys MOUEZA En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Je crois que c’est ici un très beau et non équivoque état des lieux de la pensée et de la pratique politique européennes. M. Lamassoure exprime ici son opinion sur le fédéralisme, et la pensée euro-fédérale en tant qu’ euro-progressiste.

    Il déplore à juste titre le manque de réalisme dont peuvent parfois faire preuve les fédéralistes. Il ne faut pas simplement penser théoriquement l’Europe fédérale par application de systèmes préconçus, mais la définir réellement en prenant en compte toutes ses spécificités. Pour ma part, je n’ai jamais eu connaissance d’un modèle politique fédéral qui pourrait s’appliquer à l’identique en Europe, qu’il soit belge, allemand ou américain.

    Ce qu’il faut admettre en revanche, c’est le vrai manque de « pratique européenne » que ce soit au niveau politique ou au niveau citoyen. M. Lamassoure nous indique à cet égard que le candidat du PPE à la présidence de la Commission mènera une campagne européenne, initiative que nous ne pouvons que saluer car elle répond à nos souhaits aux Jeunes Européens. Une campagne politique européenne révèle et affirme l’Europe politique. C’est ensuite aux associations européistes et aux différents partis politiques de relayer cette volonté de politique européenne sur le terrain afin de créer une véritable dynamique citoyenne européenne.

    Ainsi que conclut M. Lamassoure, ce sont des actions militantes et citoyennes qui feront véritablement avancer l’Europe politique. On ne saurait tout attendre du politique ; il faut que nous, jeunes et européens, puissions mettre l’idée de l’Europe au coeur des débats de société.

  • Le 7 novembre 2008 à 09:05, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    C’est très facile de nous critiquer si tu déformes notre message. De toute évidence tu n’as pas lu mon commentaire en entier.

    Pour t’aider je résume :

    * l’Union européenne a déjà des caractéristiques fédérales. Ce sont les domaines où elles fonctionnent correctement actuellement ; * Rendre l’Union plus efficace et plus démocratique, ce qu’exigent nos concitoyens, implique de renforcer ces aspects.

    Personne ne parle donc d’un super-Etat fédéral, notamment parce qu’un super-Etat fédéral, ça n’existe pas, c’est un mythe puisque le fédéralisme implique très précisément la répartition des compétences entre différents niveaux de gouvernement.

    En ce qui concerne l’Union européenne, refuser de débattre des progrès vers le fédéralisme c’est accepter son impuissance criante dans des domaines où les citoyens attendent qu’elle agisse et c’est refuser de la voir progresser vers des mécanismes plus démocratiques. En somme c’est donner aux nationalistes des arguments pour combattre le projet européen dans son ensemble.

    C’est précisément parce que l’establishment européiste c’est montré timoré en refusant de mettre en avant une vision cohérente et ambitieuse de l’avenir de l’Europe que le référendum de 2005 a été perdu. C’est cette attitude plus que les mensonges des nationalistes, qui a transformé une opinion très majoritairement europhile en un vote eurosceptique.

    Agiter des concepts bidons comme le super-Etat européen ou le Volapuk pour caricaturer le projet de ceux qui veulent une Europe plus efficace et plus démocratique est assez minable et digne d’un vulgaire gaulliste.

  • Le 7 novembre 2008 à 09:21, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Amusant, un site d’extrême-droite cite cet article en soulignant que Alain Lamassoure y admettait que « le traité de Lisbonne crée un Etat fédéral ». Les fachos ont décidément beaucoup d’imagination.

  • Le 9 novembre 2008 à 18:28, par Ronan En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Bref, s’il était possible de conclure, j’ai presque envie de dire que les historiens du futur diront probablement que les Européens du tout début du XXIe siècle avaient l’occasion historique de construire l’Europe unie et démocratique mais qu’ils ne l’ont finalement pas osé (et pas fait).

    Non pas parce qu’ils n’ont fondamentalement pas pu. Mais surtout parce qu’ils ne l’ont pas franchement vraiment voulu ; en cause : le poids de l’histoire, tout ça... les majorités gouvernementales otages de leurs franges les plus extrémistes, les identités nationales (et tout le blabla habituel...).

  • Le 16 novembre 2008 à 21:37, par Vincent Guerre et Dumitru Drumea - Président et Vice-président des Jeunes Européens-Isère En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Une excellente réponse de Mr. Lamassoure. Je suis très content qu’il y ait des proeuropéens comme vous, qui ne sont pas noyés dans la bien-pensance et les dogmes utopistes, éloignés de la réalité des choses. L’Europe c’est un projet, non pas une idéologie, et si on veut conquérir le coeur des Européens (des gens, qui n’ont pas lu Spinelli) il faut leur donner du concret. D’ailleurs, j’ai cru que j’allais tomber de ma chaise quand j’ai lu l’article de Mr. Blaise. Comment peut-on critiquer M. Lamassoure avec autant de mauvaise fois ? N’oubliez pas Ronan qu’Alain Lamassoure a énormement travaillé pour les citoyens européens, alors qu’en lisant vos articles j’ai l’impression que vous êtes un peu dans la Lune fédéraliste ! Il me semble que pour vous il n’y a que 2 catégories des citoyens : les fédéralistes ou des imbéciles ! Et bien, il faudrait peut-être changer, non ?

  • Le 17 novembre 2008 à 08:08, par Fabien Cazenave En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Super, et on fait quoi ? Les luns fédéralistes font que justement le Taurillon a ouvert des ponts avec des citoyens qui avaient voté non en 2005 et qui ne sont pas satisfaits de l’Union européenne tout en acceptant la construction communautaire... comme nous.

    D’ailleurs vous remarquerez dans la réponse de M. Lamassoure des éléments qui reprennent les revendications fédéralistes : comme l’annonce d’un candidat du PPE au poste de Président de la Commission...

    Mais c’est vrai, ce n’est qu’une revendication parmi d’autres des Fédéralistes. La question n’est donc pas fédéraliste ou pas : mais quel message ont fait passer aux citoyens. Il n’y a pas besoin de label fédéraliste ou pas : que M. Lamassoure soit un artisan de la construction européenne, personne ne dit le contraire. En revanche, avoir des discours plus clairs sont nécessaires pour toucher le citoyen.

    Grâce à cet échange avec l’eurodéputé, les citoyens qui liron sa réponse comprendront mieux son message. Objectif atteint donc.

  • Le 18 novembre 2008 à 05:39, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    Les mérites de Alain Lamassoure sont nombreux, toutefois Ronan a raison de souligner qu’il est regrettable que précisément il se laisse aller à colporter clichés et approximation comme dans l’entretien cité.

    Seriez vous partisans des clichés et approximations ? Je ne le crois pas.

    Ce webzine n’a pas pour vocation de cirer les pompes des politiciens amis mais d’informer les lecteurs sur l’Europe que nous souhaitons. Le propos de M.Lamassoure était inexact et susceptible d’introduire de la confusion et il était légitime de le reprendre sur ce sujet. Vous noterez toutefois que l’article est publié dans la rubrique « Tribunes » et non pas dans la rubrique « Carton rouge ». Précisément parce que M. Lamassoure est un ami.

  • Le 18 novembre 2008 à 21:09, par Ronan En réponse à : Alain Lamassoure exerce son droit de réponse au Taurillon

    A propos des dogmes utopistes (et des Etats-Unis, puisqu’on en parle) :

    Moi, ce que je remarque SURTOUT c’est que les Etats-Unis (puisqu’on en parle...) sont (terrible et terrifiant mal français) le pays que les français - décidément - adorent détester. Et ce, pour des raisons de concurrence idéologique hautement contestables (les USA, après tout, c’est l’ « autre » pays messianique à vocation universelle : ce pays - nouveau riche - que les français - vieille nation - aiment tant jalouser...).

    Ce regard sur les USA pouvait encore revêtir un minimum de cohérence durant l’administration Bush, quand il était de bon ton de brocarder l’impérialisme aventuriste et tous azimuts de la « République impériale ». Mais maintenant (?!) ...

    Un pays aimablement critiqué tout à coup de clichés qui n’ont absolument et strictement rien à voir avec le monde réel. En effet il faudrait surtout enfin comprendre que les français adorent critiquer, en la personne de l’ « épouvantail étasunien » un pays fantasmatique qui - en fait, dans le monde réel - n’existe pas ! Et que la critique portée de ce côté-ci de l’Atlantique (à propos des Etats-Unis...) repose essentiellement sur des clichés et du vent. Voire une ignorance crasse du sujet.

    Simple petit exemple : comment peut-on encore brocarder les USA - comme on le fait si souvent en France (et encore, plus ou moins ici, M. Lamassoure) - comme « abomination de la désolation du centralisme » ce pays où la pire contrainte que l’Etat puisse jamais exercer sur l’être humain (i. e : le droit de vie et de mort) n’est pas même du ressort de l’Etat fédéral mais est décentralisé au niveau même des Etats membres ?! (A ce seul titre, l’UE actuelle n’est-elle donc pas plus centralisée que les USA ?!).

    Trêve d’argumentation sans doute stérile, pour juste conseiller un ouvrage aux amateurs de clichés et autres ignorants qui s’ignorent : « Aux sources de l’Amérique (les enfants de Washington face à leur histoire) » par Corine Lesnes (éditions Buchet Chastel). On y apprend plein de chose sur la pensée des Pères fondateurs et ça change franchement de l’antiaméricanisme primaire, secondaire et tertiaire, franchouillard et systématique (et de l’antifédéralisme inavoué) de certains.

    Dans tout ça, la seule chose que je reproche à M. Lamassoure, c’est surtout de surfer ainsi sur des clichés approximatifs (bien que populaires, ici bas...) et de tenir ainsi des propos démagogiques pour - in fine - nous vendre une soupe fondamentalement intergouvernementale qui n’ose pas franchement dire son nom.

    L’Europe c’est un projet, non pas une idéologie, et si on veut conquérir le coeur des Européens (des gens, qui n’ont pas lu Spinelli) il faut leur donner du concret.

    Moi, je proposerai bien volontiers une lecture de l’oeuvre de Spinelli à ceux-là même qui en parlent si mal... (et sans doute sans l’avoir jamais lu ?!).

    D’ailleurs, j’ai cru que tomber de leur chaise. Comment peut-on critiquer M. Lamassoure avec autant de mauvaise fois ? N’oubliez pas Ronan qu’Alain Lamassoure a énormement travaillé pour les citoyens européens...

    Et bien figurez vous - libre à vous à tomber volontairement de votre chaise autant que vous voulez (après tout, si ça vous amuse...) - que c’est précisément parce que - en d’autres temps - j’ai milité dans exactement la même famille politique que M. Lammassoure (!) que je suis aujourd’hui à ce point consterné de le voir - lui autrefois tellement plus audacieux - depuis lors ainsi converti au pire conservatisme mou qui soit sur la scène politique européenne.

    Ah, quel reniement de l’idéal et quelle reculade politique opportuniste ne feraient-on pas pour obtenir un futur ministère dans un prochain gouvernement sarkozyen ! (A l’heure où l’on annonce le départ de M. Jouyet du ministère délégué aux affaires que vous savez...). Franchement, c’est lamentable !

    Franchement, il y a dix / quinze ans le discours européen de M. Lamassoure avait tout de même une autre gueule qu’aujourd’hui. Et depuis lors, il y a franchement de quoi être déçu. Puisque force est de constater que les « héros » sont - à ce jour - décidément fatigués et ne produisent désormais plus que de l’ennui...

    La vision « européenne » (tiédasse et molle) aujourd’hui portée par M. Lamassoure vous motive-t-elle ?! Moi, certainement pas.

    Et c’est pourquoi, plus que jamais, en juin prochain, je n’irai certainement pas voter pour l’UMP-PPE ! Car si ce(s) parti(s) politique(s) là et ces personnalités politiques là n’ont décidément que ça à proposer pour l’Europe, je leur souhaite de tout coeur une bonne branlée !

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