Rachel, Thomas et Robert travaillent avec des personnes qui résident en France depuis longtemps mais qui n’ont pas le droit de vote. Ces gens ont des idées, ils ont des ambitions politiques, ils payent des impôts, ils envoient leurs enfants à l’école et ils veulent savoir où ils vont mais ils ne pourront pas se prononcer le jour des élections présidentielles et législatives. « Ce n’est pas normal que nous, on puisse voter et pas eux alors qu’ils agissent autant que nous au sein de la communauté française », explique Rachel, co-fondatrice du collectif Alter-Votants.
A force de constater le nombre croissant d’indécis ou de déçus du système qui ne comptent pas aller voter ou ne savent pas pour qui voter, le trio a décidé d’agir et de mettre en place « une plateforme de mise en relation ». Le principe est simple : un étranger sans droit de vote est mis en relation avec un français qui jouit de ce droit de vote. Ils se contactent, discutent ensemble et à la fin, l’étranger donne une procuration officieuse à la personne jouissant du droit de vote. « Notre volonté est déjà de permettre aux étrangers de participer à la vie publique puis surtout, avec un grand nombre de participants à la plateforme, de promouvoir la reconnaissance du droit de vote des étrangers » explique Thomas.
« Il faut déconnecter la nationalité de la citoyenneté »
Sur les quatre millions d’étrangers vivant en France, plus de la moitié d’entre eux vivent sur le territoire depuis plus de dix ans. Ces personnes n’ont pas le droit de vote parce qu’elles n’ont pas la nationalité française. Pour acquérir cette nationalité française, c’est un vrai parcours du combattant. C’est pour ça qu’ « il faut déconnecter la nationalité de la citoyenneté », insiste Thomas, « on n’est pas obligé d’avoir la nationalité française pour être citoyen français et s’intéresser à la vie politique. On peut très bien être étranger et citoyen ».
Pour l’heure, une vingtaine de binômes a vu le jour, des profils très différents. Au début, la demande était plus forte du côté des électeurs indécis, puis la tendance s’est inversée, grâce au bouche à oreille, les étrangers se sont inscrits en plus grand nombre et ça marche ! « En 2017, j’ai décidé de ne pas voter en mon nom propre mais de donner ma voix à une personne réfugiée privée du droit de vote. Ensemble nous nous sommes mis d’accord pour que : je vote sans réserve pour qui il souhaite, pour les deux tours de l’élection présidentielle, à la seule condition que le vote ne soutiendra pas un parti qui contribue de manière délibérée et notoire à saper le vivre-ensemble, notamment avec les personnes d’origine étrangères en France », témoigne Marie sur le site internet d’Alter-Votants.
Un acteur de la Civic Tech
Avec ce projet, le collectif Alter-Votants espère replacer le droit de vote des étrangers dans la question nationale, une question oubliée des pouvoirs publics qui doivent s’emparer du sujet. Cependant, le collectif ne se veut pas politique dans le sens où la plateforme est un outil : « on ne veut pas se substituer aux associations qui militent depuis des années pour le droit de vote des étrangers ». Aujourd’hui partie intégrante de la Civic Tech, Alter-Votants est de ceux qui veulent révolutionner la démocratie grâce au numérique. La machine est en marche…
Le site internet : http://alter-votants.wixsite.com/2017
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