Une carrière marquée par la politique
Après des études entre les États-Unis et le Royaume Uni et une courte carrière dans le monde de l’entrepreunariat, Apóstolos Tzitzikóstas fait ses premiers pas en politique en 2007. Il est alors élu membre du Parlement grec pour le parti de la droite conservatrice Nea Demokratia (Nouvelle Démocratie),. C’est ensuite au sein de la politique régionale qu’il s’illustre, plus particulièrement dans la région de Macédoine centrale. Il en a été le vice-gouverneur de 2010 à 2013, puis le gouverneur à partir de 2013. Il a été réélu lors des élections régionales de mai 2019.
Son engagement régional est aussi visible au sein du Comité européen des régions dont il est membre depuis 2015. Cet organe consultatif de l’UE, composé de représentants des autorités locales et régionales des États membres, permet aux régions et aux villes d’exprimer leur avis sur la législation européenne qui les concerne. Il devient le vice-président du Comité en 2017, puis le président en février 2020 jusqu’en 2022. Il est depuis juillet 2022 le premier vice-président du Comité européen des régions.
L’accident ferroviaire de Larissa, l’ombre sur son nouveau mandat
L’annonce d’Ursula von der Leyen d’attribuer le portefeuille des Transports durables et du Tourisme à Apóstolos Tzitzikóstas a suscité des controverses en Grèce. En effet, cette nomination survient un peu plus d’un an et demi après l’accident ferroviaire près de la ville de Larissa du 28 février 2023 qui avait causé la mort de 57 personnes, pour la plupart des étudiants. Une enquête avait été ouverte suite au drame, écartant l’hypothèse d’une simple “erreur humaine”. Les premiers éléments de l’investigation avaient révélé un réseau ferroviaire vétuste, avec une sécurité insuffisante et des défaillances structurelles, liées à une mauvaise gestion politique.
À ce jour, l’enquête n’a pas donné de résultats concrets et les proches des victimes accusent le gouvernement grec de tenter d’étouffer l’affaire. Le fait que la Grèce détienne le portefeuille dédié au transport après cette tragédie paraît inquiétant notamment pour l’association de victimes Tempé 2023 qui a envoyé une lettre à la présidente de la Commission et à Roberta Metsola, présidente du Parlement européen pour partager ses craintes - Apóstolos Tzitzikóstas est par ailleurs un proche du Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis
Parachever le Réseau transeuropéen de transport comme priorité de Tzitzikóstas
Le candidat grec a été auditionné le 4 novembre dernier par la Commission des Transports et du Tourisme (TRAN). Il a pu y exposer les priorités pour son futur mandat européen. Il s’engage à renforcer la compétitivité européenne dans le secteur des transports, tout en veillant à respecter la transition verte et numérique et à améliorer la sécurité des transports. Il promet un plan d’investissement pour les transports durables pour 2025 qui reviendra sur les solutions pour la décarbonisation des transports telles que la production de carburants durables ou le développement d’infrastructures de recharge. Suite à des questions de députés européens lors de son audition de confirmation, Tzitzikóstas s’est engagé à mener une enquête sur les conditions de travail dans le secteur des transports notamment aérien et maritime.
Un autre point sur lequel il souhaite se concentrer : les liaisons ferroviaires entre les grandes villes européennes, dans le but de parachever le Réseau transeuropéen de transport (RTE-T). Ce réseau apparaît comme une initiative essentielle pour réduire l’usage de l’avion au profit du train et est encouragé par les rapports Letta et Draghi sur le marché européen et la compétitivité. Tzitzikóstas propose de présenter un plan à ce sujet qui instaurerait notamment des lignes grande vitesse transeuropéennes, de même que des trains de nuit.
Il soumet également l’idée d’une billetterie et réservation numériques uniques pour les trains en Europe. Cette mesure avait déjà été annoncée par Ursula von der Leyen en juillet dernier lors de sa campagne pour un deuxième mandat à la présidence de la Commission.
Il a moins abordé le sujet du tourisme mais a tout de même annoncé vouloir présenter une stratégie de tourisme durable, à soutenir l’industrie et à préserver le bien-être des communautés locales. Il insiste sur la première place de l’Europe dans le tourisme mondial, que celle-ci se doit de conserver.
Des alliances politiques construites intelligemment
Ses arguments ont su rallier une grande partie de l’échiquier politique européen, du PPE aux Verts. Pour les groupes du PPE et de Renew Europe, il a insisté sur la compétitivité européenne et la dimension mondiale de la décarbonation. Pour S&D, il a souligné son engagement pour le respect des conditions de travail dans le secteur des transports. Pour les Verts, il a réaffirmé son engagement sur le plan environnemental, face aux émissions très élevées du secteur des transports.
Si le candidat grec a semblé briller par la connaissance des dossiers européens liés à son portefeuille, le sujet de l’accident de Larissa a été évoqué à plusieurs reprises lors de son audition. Tzitzikóstas ne semble pas avoir apporté d’argument concret sur cette question, soulignant simplement qu’il connaît plusieurs personnes touchées par cette tragédie dont l’une de ses secrétaires qui y a perdu un membre de sa famille. Le déroulé de son audition a été perturbé à deux reprises par des députés grecs non inscrits.
Sa candidature a finalement été approuvée par la Commission TRAN bien que les groupes de gauche attendent encore des résultats concrets. Pour Johan Danielsson du groupe S&D, il s’agit d’un “bon début” pour le commissaire grec mais “de nombreuses questions restent en suspens”.
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