Berlin, Venise, Cannes… les éternelles gardiennes du cinéma européen ?

, par Le Courrier d’Europe, Marjorie Neff

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Berlin, Venise, Cannes… les éternelles gardiennes du cinéma européen ?
Image : wikimédia (Berlinale édition 2007)

A l’heure du ‘streaming’ et des plateformes de vidéos à la demande, qu’en est-il du cinéma européen ? Où peut-on le trouver ? Ne se déplace-t-il pas de villes en villes, selon le festival du moment ?

Il est assez rare que le 7e art et ses artistes revendiquent leur appartenance à une quelconque entité politique ou culturelle. Une équipe de tournage se compose le plus souvent, de plusieurs nationalités et le film, en tant qu’oeuvre artistique, possède un certain caractère universel. Le cinéma est donc bel et bien apatride. Afin de célébrer cet art et cette diversité, le Vieux continent ne compte pas un, mais une multitude de festivals internationaux sur son sol : la Berlinale en février, Cannes en mai, la Mostra de Venise en septembre, Karlovy Vary en novembre, etc. Si chacun de ces festivals accueillent des films extra-européens, leur but premier est de faire valoir les talents locaux. Chaque ville fait donc étalage de sa propre programmation en fonction du caractère de son jury. Le terme de “cinéma européen” ne ferait référence dans ce cas qu’à un simple trait géographique, tout réalisateur ayant son propre style, toute ville ayant un festival différent ...

Berlin, la politique

La Berlinale soufflera ses 70 bougies l’année prochaine. Originellement crée à Berlin Ouest en 1951, ce festival devait exporter le cinéma américano-anglais en Allemagne. Après la Seconde guerre mondiale, l’Europe avait besoin de temps pour se renouveler culturellement. Celle-ci réussit l’impossible en une dizaine d’années : la nouvelle vague en France, le cinéma d’auteur italien, le nouveau cinéma allemand, tous ces courants pouvaient désormais tenir tête à Hollywood… Ayant gagné en prestige au fil des années, le festival de Berlin devint le témoin de quelques bras de fer politiques. Ainsi, en 1970 le film O.K du réalisateur allemand Michael Verhoeven fut très réprouvé par certains membres du jury pour son parti pris. Le cinéaste avait mis en scène le viol d’une jeune vietnamienne par des soldats américains. Le scandale fut tel qu’aucun prix ne fut attribué cette année-ci. En 2019, face aux accusations de sexisme que connaît le monde du cinéma, la Berlinale chercha à favoriser la parité hommes-femmes entre concurrents en sélectionnant les oeuvres de 7 réalisatrices. L’Ours d’or revint finalement à l’irsaélien Nadav Lapid, pour son film Synonymes, qui abordait les tiraillements politiques et sociétaux de son pays.

Cannes, la glamour

Après la Seconde guerre mondiale, une petite ville de la riviera française est choisie pour accueillir un nouveau festival de films à vocation internationale. Si ce sont d’abord les actrices et les intellectuels français qui font la réputation de la Croisette, les stars américaines et italiennes ne tardent pas à se joindre à la danse. A nouveau, le festival a une portée internationale : il ne s’agit pas de promouvoir les artistes européens en particulier. L’attention brassée par Cannes en revanche, permet de faire connaître un nouveau type de cinéma au public européen. Les noms de Roberto Rossellini, François Truffaut, Ingmar Bergman, Luis Bunuel vont se cristalliser autour du festival, rendant le cinéma d’auteur indissociable de Cannes. En 2020, du fait de la Covid-19, la 74e édition a été déplacé au mois d’octobre, et se tiendra en comité réduit.

Venise, la pittoresque

Née dans les années 30, La Mostra de Venise connu des périodes difficiles avant de renaître de ses cendres à partir de 1980. Alors que Cannes fut pris de court par la pandémie de cette année, la Mostra réussi à maintenir sa 77e édition en septembre, avec Cate Blanchett en tant que présidente. Le lion d’or fut attribué au film américain Nomadland de Chloé Zao.

Karlovy Vary, l’affranchie

Créé en 1946, Le festival de Karlovy Vary, en République Tchèque, subi près de 40 ans de pressions politiques, avant de connaître un renouveau à partir de 1994. En quelques années à peine, la nouvelle programmation mise en œuvre par l’acteur Jiří Bartoška et la journaliste Eva Zaoralová permit au festival de retrouver son prestige d’antan, de regagner l’intérêt des professionnels du cinéma et celui du grand public.

Ces quatre festivals ne sont que le sommet de l’iceberg. De nombreuses villes telles que Vienne ou Londres possèdent également leurs propres événements cinématographiques. A échelle européenne, la “’European Film Academy” (EFA) basée à Berlin, se charge de sélectionner et d’attribuer des prix aux artistes du Continent (European Film Awards). Sa portée médiatique est toutefois moins grande que ce que peuvent connaître d’autres festivals. Ce manque de visibilité est à relativiser, puisque le monde du cinéma demeure très cosmopolite. Chaque jury juge, tout d’abord, la performance de l’artiste, qu’il soit européen ou non européen. Il s’agit avant tout de raconter librement une histoire et de transporter le spectateur dans un ailleurs, à la limite du réel et de l’imaginaire. Telle est la vocation première du cinéma.

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