Berlinales 2021 : Le festival de l’ours sous cloche

, par Servane de Pastre

Berlinales 2021 : Le festival de l'ours sous cloche

Le festival international de cinéma berlinois l’avait échappé belle l’année dernière. Ultime événement avant le déluge, les Berlinales 2020 avaient eu le privilège, devenu aujourd’hui si rare, de se tenir en présentiel en février alors que l’épidémie frappait à la porte. Cette année cependant l’événement ne déroge pas à la règle et les statuettes d’ours de la 71e édition du festival ont été décernées du 1er au 5 mars par Zoom. Les cinq jours habituellement si festifs, si remplis de monde, se sont déroulés à huis clos, réservés à la presse et à l’industrie.

« Bad luck banging and loony porn », ou le titre quelque peu fantasque du grand vainqueur de l’Ours d’Or. Décerné par le jury international, composé des lauréats des années précédentes, Ildikó Enyedi (Hongrie), Nadav Lapid (Israel), Adina Pintilie (Roumanie), Mohammad Rasoulof (Iran), Gianfranco Rosi (Italie) et Jasmila Žbanić (Bosnie Herzégovine), il récompense le travail du réalisateur roumain Radu Jude, un habitué des Berlinales (il avait obtenu l’Ours d’argent du meilleur réalisateur en 2015 pour Aferim !).

Son dernier long métrage raconte l’histoire d’une professeure d’histoire dans un lycée roumain confrontée à la fuite d’une sextape qu’elle a réalisée avec son compagnon. Du clip publié sur le site des Berlinales monte une impression de chaos, de désordre. Les couleurs sont trop vives pour être réelles, les événements s’enchaînent sans lien apparent, de manière presque surnaturelle. Et pourtant les acteurs portent des masques chirurgicaux. Ce détail fait revenir à la réalité : le long métrage critique une société hypocrite, il brosse un portrait au vitriol des institutions qui s’estiment en être les garantes. « Bad luck banging and loony porn » est une satire, et c’est peut-être son décalage qui lui a permis de décrocher le prestigieux Ours d’Or. Deux longs métrages français étaient par ailleurs en lice pour le prix : Petite Maman de Céline Sciamma et L’Albatros, de Xavier Bauvois.

Petite révolution cette année : l’Ours d’argent des meilleurs acteurs en premier et second rôle n’était pas genré. Deux actrices se sont vues décerner ces prix, l’allemande Maren Eggert pour son rôle dans Ich bin dein Mensch (I’m Your Man) de Maria Schrader (la réalisatrice d’Unorthodox) et Lilla Kizlinger pour son second rôle dans Rengeteg - mindenhol látlak (Forest - I See You Everywhere) de Bence Fliegauf. Une Française a en outre été distinguée dans la section Encounters de la compétition, qui met en avant des productions plus artistiques. C’est Alice Diop et son documentaire Nous qui a obtenu le prix du meilleur film.

Avec le passage au virtuel, les Berlinales ont perdu quelque chose de leur ambiance, de leur authenticité cette année. Pas question cependant pour le comité d’organisation de tirer un trait sur cet aspect essentiel du festival. Ce d’autant plus que les films récompensés l’année dernière n’ont pas encore pu être projetés dans les salles de cinéma. Le public sera donc convié du 9 au 20 juin pour les projections des films primés.

Le Palmarès complet – Prix du jury international :
 Ours d’Or du meilleur film : Babardeală cu bucluc sau porno balamuc (Bad Luck Banging or Loony Porn) de Radu Jude (Roumanie)
 Ours d’Argent - Grand prix du jury : Guzen to sozo (Wheel of Fortune and Fantasy) de Ryusuke Hamaguchi (Japon)
 Ours d’Argent du meilleur réalisateur : Denes Nagy pour Természetes fény (Natural Light) (Hongrie, Lettonie, France, Allemagne)
 Ours d’argent de la meilleure performance dans un premier rôle (non genrée) : Maren Eggert dans Ich bin dein Mensch (I’m Your Man) de Maria Schrader (Allemagne)
 Ours d’argent de la meilleure performance dans un second rôle (non genrée) : Lilla Kizlinger dans Rengeteg - mindenhol látlak (Forest - I See You Everywhere) de Bence Fliegauf (Hongrie)
 Ours d’argent du meilleur scénario : Hong Sangsoo pour Inteurodeoksyeon (Introduction) (Corée du Sud)
 Ours d’argent de la meilleure contribution artistique : Yibrán Asuad pour le montage de Una película de policías (A Cop Movie) d’Alonso Ruizpalacios (Mexique)

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