Brexit : Grande victoire pour Boris et le UKIP, mais à quel prix ?

, par Béatrice Chahine

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Brexit : Grande victoire pour Boris et le UKIP, mais à quel prix ?
Boris Johnson, leader du camp en faveur du Brexit, est pressenti pour succéder à David Cameron au poste de Premier ministre. - Andrew Parsons / i-Images (CC/Flickr)

Après des années de plaintes, suivies par de nombreux mois de campagne, ont abouti à un référendum jeudi dernier et à la victoire du « Leave » à 52% contre 48% pour le vote « Remain » [1]. Du UKIP jusqu’à Boris Johnson, le camp pro-Brexit célèbre depuis jeudi soir la césure complète entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, ou son « indépendance », selon Nigel Farage, le leader du UKIP. Mais les discours paraissent un peu faciles face aux nombreuses conséquences.

Chute boursière

Les conséquences économiques commencent déjà à se faire sentir. Le cours de la livre a chuté de plus de 10%, de $1,50 vendredi dans la journée à $1,33 au soir ; c’est la plus grande chute depuis 31 ans [2]. Avec cela, les marchés en Asie ont déjà vu des baisses considérables au cours de leur journée, Tokyo perdant 7%. Les traders commencent à calculer les dommages probables à Londres et à New York, où les bourses ont commencées à voir de l’agitation aussi violente qu’en 2008. D ‘ailleurs le DowJones a chuté d’au moins 500 points vendredi, 24 juin, en ouvrant [3].

Les financiers prévoient surtout qu’il y aura de nombreux dommages pour l’économie britannique et des difficultés pendant les prochaines années, pendant que le pays négocie sa sortie avec l’Union européenne et des traités commerciaux avec l’Union mais aussi, probablement, avec le monde entier.

D’après le New York Times, la Grand Bretagne représente la deuxième plus grosse économie de l’Union, après l’Allemagne. L’Union prévoit donc de souffrir économiquement et politiquement puisque le référendum suscite de nombreux questionnements par rapport à l’unité européenne depuis la Seconde Guerre mondiale et aux valeurs démocratiques que représente l’Europe.

Cette sortie du Royaume-Uni ne marque pas le premier coup porté par l’île britannique à l’Union européenne (rappelez-vous de Margaret Thatcher) mais c’est la plus grande avec d’énormes conséquences, tant politiques et diplomatiques, que sociales et économiques.

« Les négociations vont commencer de suite »

Que va-t-il se passer maintenant ? Les négociations vont recommencer là où elles se sont achevées en février 2016 ; cela concerne le Brexit, les modalités et la feuille de route de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la révision du droit britannique pour revoir la législation communautaire et les éventuels accords entre le pays et l’union qu’il a quitté. Le tout peut prendre deux ans avant de se fixer totalement, d’après Thierry de Montbrial de l’Institut français des relations internationales [4]. Il faut maintenant trouver, diplomatiquement, un équilibre entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Deuxièmement, il y aura un nouveau gouvernement prévu à partir d’octobre, ou plus tôt, puisque Martin Schulz, Jean-Claude Juncker et Donald Tusk ont pressé David Cameron à démissionner le plus rapidement possible pour commencer immédiatement les négociations de sortie, sans attendre de nouvelles élections britanniques, possiblement convoquées en novembre. Cameron a annoncé qu’il souhaitait démissionner à l’automne, ne pouvant mener le pays vers ses nouveaux horizons après sa défaite. Le favori pour le poste de Premier ministre ? Boris Johnson, ancien maire de Londres, leader du « Leave » dans le camp des conservateurs.

Fin de la présence européenne au Royaume-Uni ?

Quel avenir pour les ressortissants de l’Union au Royaume-Uni ? Les promesses du camp pro-Brexit que rien ne change ne correspondent pas à la réalité. Les traités signés au sein de l’Union ne seront sans doute plus valables. Cela susciterait un changement dans les règles concernant la résidence et la paperasserie pour les ressortissants [5], dont la question des visas. Concernés sont les travailleurs ressortissants de l’Union et aussi les étudiants Erasmus ou ceux qui viennent en Grande Bretagne spécifiquement pour faire leurs études. La mise en œuvre s’effectuerait après une durée non défini. Pour les britanniques résidant dans les 27 « autres » Etats membres de l’Union, la situation est incertaine. Les fonctionnaires britanniques pourraient être mis à la porte, sauf si ces derniers obtiennent la nationalité d’un autre Etat membre.

Flux de migrants peut partir de Calais

Cela nous amène aux migrants. La frontière ne devrait plus être à Calais mais directement sur les côtes de l’île. La situation actuelle est due à un accord, celui du Touquet, entre la France et le Royaume-Uni, cette dernière pensant que cet accord, signé en dehors de l’Union européenne, tient toujours. Les Français ne le remettent pour l’instant pas en cause. L’affaire reste à suivre.

La question de la souveraineté écossaise

Et l’Ecosse ? De tout le pays, Londres, l’Irlande du Nord et l’Ecosse ont voté en majorité pour rester dans l’Union européenne et, des trois, l’Ecosse remporte le 1er prix avec un vote « Remain » à hauteur de 62% [6]. Nicola Sturgeon, son Premier ministre, a annoncé que la victoire du Brexit engendrerait très probablement un nouveau référendum sur l’indépendance écossaise. Elle demande d’ailleurs à l’Union européenne et au gouvernement britannique de participer aux négociations pour obtenir le maintien de l’Ecosse au sein de l’Union européenne en même temps que pour négocier la sortie de l’Union européenne du reste du Royaume-Uni. Pour Sadiq Khan, le maire de Londres, les habitants de la ville seront toujours européens de cœur.

Pour le Royaume-Uni, c’est le début de la fin mais pour l’Union, tout peut commencer. Le référendum, peut permettre d’ouvrir les yeux et la porte à une refonte profonde de l’Union européenne, d’aller vers des réformes nécessaires et concrètes du système européen, juridique, politique et social. Il peut aussi marquer le début du délitement de cet ensemble si rien n’est fait.

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