Changement climatique : pouvons-nous encore être sauvés ?

, par Grischa Alexander Beißner, Traduit par Léo Allaire

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Changement climatique : pouvons-nous encore être sauvés ?
Lisa Badum, porte-parole des Verts au Bundestag en matière de politique climatique. Photo : fournie par Lisa Badum

Il devient clair pour une grande partie de l’humanité, au moins depuis la sécheresse de cet été, qu’il y a un souci avec le climat. Lundi dernier, un rapport du conseil mondial du climat des nations unies (IPCC) a été publié et a de nouveau mis en exergue la nécessité de faire bouger les lignes. Nous avons échangé avec la porte-parole de la politique climatique des Verts au Bundestag, Lisa Badum, sur ce que nous pouvions (encore) faire et ce que nous devions faire de manière urgente.

Que le changement climatique et ses émissions de gaz à effet de serre soient massivement le fait de l’homme, il n’y a plus de doutes sérieux là-dessus, même si des lobbyistes et des théoriciens du complot, en incluant celui qui siège à la Maison Blanche, affirment le contraire.

Les trois dernières années sont considérées comme les années les plus chaudes depuis la création des relevés de température. On se dirige vers le même constat pour l’année 2018. Et les températures vont encore augmenter. On peut encore limiter cette augmentation, mais on ne peut plus l’arrêter complètement. Un degré et demi de réchauffement jusqu’en 2100, ce sera difficile à atteindre sans d’énormes efforts. Un réchauffement climatique de deux degrés aurait déjà clairement des conséquences désastreuses pour l’environnement, et même pour atteindre cet objectif il y a encore beaucoup à faire, comme cela figure sur le rapport pour le climat du groupe d’experts intergouvernemental des nations unies (IPCC), ainsi que dans le rapport spécial qui a été publié lundi. Cette réalité a été souvent ignorée par le monde politique. Nous devons d’ores et déjà réfléchir à la manière de filtrer artificiellement le dioxyde de carbone de l’atmosphère du globe.

Les Verts au Bundestag ont quant à eux réitéré leurs exigences d’une politique plus ambitieuse de défense du climat. Depuis longtemps déjà il y a un appel en faveur d’un budget pour l’adaptation à la nouvelle donne climatique dans la région. Cependant, les gouvernements de coalition se montrent au mieux peu alertés. Angela Merkel chancelière du climat, c’est fini depuis longtemps. Au début de l’été, le gouvernement fédéral a dû expliquer l’échec de ses propres objectifs climatiques. Au niveau européen, l’Allemagne n’est qu’à la huitième place dans la lutte pour la défense du climat. Lisa Badum, la porte-parole des Verts au Bundestag, a accepté de répondre aux questions de treffpunkteuropa.de sur la problématique du climat.

treffpunkteuropa.de : Madame Badum, l’Europe et l’Allemagne ont souffert d’un long été chaud et sec. La neige tombe seulement maintenant dans les Alpes. Beaucoup soutiennent que le changement climatique en serait la cause principale – n’est-ce-pas trop simple ?

Lisa Badum : En principe, les événements météorologiques indépendants tels que l’été exceptionnel de cette année doivent bien entendu d’abord être distingués du changement climatique qui se produit au niveau mondial à long terme. Les chercheurs sur le climat et les météorologues sont donc très prudents lorsqu’ils établissent des liens entre la météo et le climat. Cependant, l’enregistrement des températures extrêmes observées coïncide avec les prévisions des climatologues sur les crises climatiques de plus en plus fréquentes. La tendance globale est claire : 17 des 18 années les plus chaudes depuis l’industrialisation de l’Europe sont au 21ème siècle. Les années 2015, 2016 et 2017 ont été considérées dans le monde entier comme les années les plus chaudes depuis le début des relevés des températures. Une étude publiée récemment dans la célèbre revue « Nature » prévoit que les quatre prochaines années pourraient aussi être anormalement chaudes. Avec un réchauffement climatique qui progresse, les catastrophes naturelles vont se produire de plus en plus souvent, pas seulement chez nous en Europe et en Allemagne mais aussi partout dans le monde. Le changement climatique est une réalité depuis longtemps et nous ressentons clairement ses effets aujourd’hui.

treffpunkteuropa.de : Que va signifier le changement climatique pour l’Europe ? Et à quel point est-il véritablement dangereux pour nous comme Européens, mais aussi comme êtres humains ?

Lisa Badum : On estime que l’Europe sera de plus en plus touchée par les conséquences du changement climatique, par l’augmentation des températures extrêmes, la modification des écosystèmes et par l’augmentation du niveau de la mer. Dans les Alpes, la faune et la flore qui dépendent d’un climat frais à haute altitude sont menacées d’extinction. Les climatologues prévoient une baisse significative des précipitations et la pénurie d’eau qui en découle dans la région méditerranéenne. Les Pays-Bas, ainsi que les îles du nord sont menacés par les inondations causées par l’élévation du niveau de la mer. Partout en Europe, on peut s’attendre à des problèmes de santé supplémentaires pour les personnes âgées et les malades chroniques, en particulier dans les villes. En outre, on s’attend à ce que les allergies et les agents pathogènes qui transmettent des maladies à partir d’autres zones climatiques se propagent de plus en plus chez nous. Le degré de dangerosité du changement climatique pour nous dépend du chemin que nous allons prendre. Il reste une chance de redresser la barre et d’éviter les pires effets grâce à une politique climatique ambitieuse. Si nous manquons cette chance, nous le paierons jusqu’à la fin du siècle d’un réchauffement de plus de trois degrés ou même avec d’autres effets négatifs supplémentaires. Des régions entières deviendront inhabitables en raison de la désertification ou de la submersion. Des millions d’êtres humains dans le monde entier perdront leurs terres d’origine et deviendront des réfugiés climatiques. De plus, des changements tels que la fonte des glaces du Groenland et la fonte du pergélisol sibérien rendront la crise climatique irréversible, si nous ne nous en occupons pas maintenant.

treffpunkteuropa.de : Sommes-nous prêts pour ce qui est à venir ?

Lisa Badum : La plus grande préparation au dérèglement climatique est votre participation active au combat. À cet égard, les Accords de Paris pour le climat de 2015 et l’engagement de la communauté internationale à limiter le réchauffement climatique à "bien en dessous de 2 degrés" sont des étapes importantes. Maintenant, c’est à nous de décider de faire vivre ces Accords de Paris, donc de mettre en place un arsenal législatif robuste pour le mettre en œuvre, de revoir les ambitions annoncées à la hausse et de développer des capacités suffisantes en matière d’aides financières pour les pays les plus atteints par le dérèglement climatique. La conférence pour le climat à Katowice en Pologne à la fin de cette année va tenter de trouver des réponses à ces questions. Je serai moi-même sur place pour observer les négociations, échanger avec des acteurs progressistes et faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu’il s’engage en faveur d’un résultat ambitieux de ces négociations.

treffpunkteuropa.de : Votre parti a aujourd’hui exigé un budget d’un milliard d’euros pour la politique d’adaptation climatique allemande. Mais cela fait des années que nous combattons des feux de forêt et parfois des inondations extrêmes. Réveillons-nous trop tard en Allemagne et en Europe ?

Lisa Badum : Il est vrai que les feux de forêt et les inondations ne sont pas des phénomènes nouveaux. Et il y a déjà des programmes contre les inondations et une coopération européenne pour lutter contre les feux de forêt qui ont été très actifs en Suède cet été. Ce qui est nouveau cet été, c’est que beaucoup de citoyens ont pris conscience du lien entre les catastrophes climatiques et le dérèglement climatique et se sont interrogés sur la manière dont ils pouvaient se lutter contre d’autres catastrophes climatiques. Les fonds d’ajustement proposé par le parti des Verts ne peuvent naturellement pas compenser les négligences politiques de ces dernières années en Allemagne et en Europe. Mais c’est une contribution très importante pour se prémunir contre les conséquences concrètes du changement climatique et d’apporter une aide aux personnes particulièrement touchées. Toutefois, nous ne devons en aucun cas perdre de vue la lutte contre la crise climatique dans le débat sur l’adaptation au changement climatique. Cela reste la priorité absolue des verts.

treffpunkteuropa.de : Beaucoup de possibilités sont discutées : interdiction du Diesel, développement des énergies renouvelables ou passage au gaz pour la production d’énergie et le chauffage. La justice bavaroise veut maintenant mettre des fonctionnaires en garde à vue, pour forcer la mise en œuvre de mesures de protection de l’environnement plus strictes afin d’obtenir une meilleure qualité de l’air à Munich. Quel est l’intérêt ? La question se pose de savoir si l’utilisation de la voiture électrique va réellement changer quelque chose, compte tenu du mauvais équilibre environnemental lors de la production de batteries et de l’utilisation d’électricité produite par le charbon en Allemagne.

Lisa Badum : Que la justice bavaroise réfléchisse à ce type de mesure en raison des omissions flagrantes de la part du monde politique est un véritable témoignage de l’échec de la CSU et du ministre-président Markus Söder. Et en cela, à mon avis, seul un vote clair des citoyens aux élections le 14 octobre (ndt : les Verts ont obtenu un score historique lors de ces élections, avec 17.5% des voix) peut montrer qu’ils ne toléreront plus ce genre de non-politique. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des moyens performants pour combattre dès maintenant la crise climatique. C’est uniquement une question de volonté. L’écart climatique entre les objectifs que s’est elle-même donnée l’Allemagne pour 2020, qui sont une réduction de 40% des émissions en comparaison avec 1990, et la réalité de la pollution représente 60 million de tonnes de CO2. Le seul démantèlement des 20 usines électriques à charbon les plus polluantes permettrait de supprimer au moins 50 million de tonnes d’émissions de CO2 annuellement et cela sans remettre en cause l’approvisionnement du pays en électricité. Mais les autres secteurs peuvent et doivent également faire plus qu’auparavant. Les émissions du secteur des transports ont ainsi de nouveau augmenté ces dernières années, au lieu de diminuer. La volte-face doit être effectué d’urgence, il faut sortir de l’industrie automobile individualisée et développer les transports publics, il y a les défis des infrastructures pour les piétons et les vélos dans les villes et le transfert du trafic de fret sur le rail. Le bilan de ces mesures doit naturellement être considéré. Une véritable électrification du trafic existant n’est bien sûr pas la solution, il faut plutôt des concepts holistiques de mobilité à faibles émissions.

treffpunkteuropa.de : Pour justement éviter l’accusation de politique cosmétique : quelles mesures concrètes exigez-vous ? Comment comptez-vous utiliser les fonds de votre budget ?

Lisa Badum : Nous, les Verts, exigeons au Bundestag de nombreuses mesures concrètes contre le changement climatique. Et notamment la fermeture immédiate des 20 usines électriques les plus polluantes et l’abandon socialement acceptable de la production d’électricité à partir du charbon en Allemagne d’ici 2030. Pour cela, il faut impérativement élaborer un plan de changement structurel pour les régions houillères d’aujourd’hui. Nous exigeons également l’instauration d’un prix du CO2 sur les combustibles et sur le chauffage ainsi qu’un prix minimum pour les certificats CO2 dans le cadre du système européen d’échange de quotas d’émission (SEQE-UE). Notre but affiché est d’atteindre les 100% d’énergies renouvelables d’ici 2030. Pour cela, il est nécessaire d’inciter la transition vers plus de 1 500 MW d’énergie éolienne terrestre et 800 MW de photovoltaïque en 2018. À partir de 2019, 2 200 MW d’énergie éolienne terrestre et 3 000 MW d’énergie photovoltaïque devront être mis en service chaque année. L’interdiction du moteur thermique à partir de 2030 fait partie de nos objectifs ambitieux. L’abolition des avantages fiscaux pour les voitures des flottes d’entreprise à forte consommation et des subventions pour le gazole sont des mesures sur lesquelles le gouvernement est en retard. Nous avons besoin, plutôt que de ce retard, d’une augmentation des moyens fédéraux pour les transports en commun d’un milliard d’euros par an. Des mesures concrètes pourraient par exemple être le lancement d’un programme de promotion « chaleur pour tous » avec au moins deux milliards d’euros annuels pour une modernisation socialement acceptable de quartiers d’habitation entiers, sans augmentation de prix du chauffage pour les ménages à faibles revenus. La promotion du soutien à une agriculture durable est particulièrement importante avec l’introduction d’un système de zonage pour le bétail et la protection des sols marécageux, qui devrait également être soutenus par le budget. La promotion du développement et l’application d’actions et de manière de procéder doivent également être fait dans l’industrie sans émission de CO2.

treffpunkteuropa.de : Comment distingue-t-on des idées politiques efficaces pour la défense de l’environnement de vaines promesses de campagne électorale ? Y a-t-il la possibilité pour les citoyennes et citoyens de mesurer la bonne foi des politiques ?

Lisa Badum : D’une part, il est intéressant d’examiner la relation des partis concernés avec le sujet sur un horizon de temps long : est-ce-que le parti s’occupe du sujet depuis longtemps et met également en œuvre concrètement ses idées, ou alors est-ce-que les propositions pour la protection de l’environnement ne sont présentées qu’au cours de la campagne électorale et disparaissent ensuite lors de l’accès aux responsabilités ? Par exemple, nous, les Verts, sommes depuis notre fondation en faveur d’une politique écologique ambitieuse et des propositions concrètes ont été soumises sur la manière de limiter les effets du changement climatique. La proposition du Premier ministre bavarois Markus Söder d’inclure la protection du climat dans la constitution bavaroise me semble, en revanche, être une politique symbolique classique aux vues du piètre bilan du gouvernement bavarois en matière de protection du climat jusqu’ici. Cela vaut également la peine de jeter un coup d’œil au programme électoral : le mot climat n’apparaît pas une seule fois dans le programme de la CSU, sans parler des propositions concrètes sur la protection du climat. On peut se demander pourquoi Markus Söder veut alors introduire la protection du climat dans la Constitution.

treffpunkteuropa.de : lors de son interview estivale, Angela Merkel a suscité de vives critiques de la part de Greenpeace car elle s’est prononcée contre la sortie du charbon et des moteurs thermiques. De plus, dans une interview avec l’ARD, elle s’est positionnée contre le plan de la Commission européenne pour des objectifs plus ambitieux dans le combat contre le changement climatique. Est-ce-que ces critiques sont justifiées et à quelle point – utilisons une formulation correcte - cette attitude de la part de la chancelière est « dangereuse » ?

Lisa Badum : Les critiques de Greenpeace envers la chancelière Angela Merkel sont tout à fait justifiées. Depuis des années le gouvernement fédéral adopte à l’échelle européenne une posture de blocage. Tout d’abord, le ministre de l’économie Peter Altmaier a freiné les objectifs de l’Union Européenne en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. Actuellement, la chancelière Merkel n’accepte même pas l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 45 %, qui est de toute façon calculé sur la base de ces objectifs et qui est maintenant proposé par le commissaire Cañete. Et cela, bien qu’une diminution de 45% de ces émissions ne suffit même pas pour apporter une contribution adéquate de l’Union européenne aux objectifs climatiques formulés lors de l’accord de Paris !

Par son lobbying sans entrave sur les limites de CO2 pour les voitures particulières, par la remise à plus tard de la décision pourtant politiquement nécessaire de s’attaquer au problème du charbon et par l’échec des objectifs non-ETS pour 2020, le gouvernement allemand a perdu toute crédibilité. Cette attitude est donc à cet égard dangereuse, car les ambitions climatiques d’Angela Merkel au niveau européen servent sa « clientèle » mais raccourcit aussi la période où l’aggravation des effets négatifs du changement climatique peut encore être évitée. C’est embarrassant que le pays de la révolution énergétique aux yeux du monde montre aux autres pays européens le mauvais exemple !

treffpunkteuropa.de : Considérons les mesures de l’Allemagne contre le changement climatique dans leur ensemble. Sommes-nous à la hauteur de nos responsabilités européennes ? Et que font les autres États membres ?

Lisa Badum : Les émissions de l’Allemagne provenant de la production d’électricité et de l’industrie sont soumises au système européen d’échange de quotas d’émission. Dans les secteurs qui ne sont pas sous le seuil d’émission tels que le transport, le bâtiment et l’agriculture, nous nous sommes engagés à réduire nos émissions de 14 % par rapport à 2005, conformément à la réglementation européenne. Si cet objectif n’est pas rempli, l’Allemagne doit payer des quotas d’émission supplémentaires. Et en réalité l’Öko-Institut a calculé qu’il manquera 120 millions de ces certificats d’ici 2020 seulement. Cela n’est pas seulement embarrassant, c’est aussi très coûteux : une étude récente d’Agora pour la transition énergétique et des modes de transport est arrivée à la conclusion que l’Allemagne, en raison de son échec à atteindre ses objectifs en 2020, devra payer deux milliards d’euros et en 2030 entre 30 et 60 milliards d’euros. Pour éviter ces coûts, le gouvernement fédéral doit dès maintenant agir et accroître considérablement les efforts dans les secteurs cités plus haut. Si vous voulez comparer notre situation avec celle de l’Europe, consultez le classement de l’ONG environnementale Climate Action Network, qui compare les ambitions des États membres de l’Union Européenne en matière de politique climatique. L’Allemagne se place dans ce classement à la neuvième place, ses ambitions étant décrites comme faibles. Vous y apprendrez que le gouvernement fédéral se situe après la Suisse, qui a un objectif de neutralité carbone d’ici 2050 et qui atteindra ses objectifs en 2020, que le Portugal, qui veut aussi atteindre la neutralité carbone en 2050 et plaide en faveur de cet objectif au niveau européen et que la France, qui a apporté une contribution très positive aux négociations sur les objectifs climatiques et énergétiques de l’Union Européenne pour 2030.

treffpunkteuropa.de : Comment considérez-vous le rôle de l’Union Européenne dans la lutte contre le changement climatique ? Car d’un côté des mesures fortes sont prônées en matière de défense du climat et de l’autre l’UE subventionne l’agriculture intensive et des secteurs économiques polluants. Est-ce normal ?

Lisa Badum : J’ai l’impression qu’il y a une forte prise de conscience par les citoyennes et citoyens de l’Union européenne vis à vis de la crise climatique. Cela soulève des questions comme la plainte contre l’Union européenne de dix familles pour obtenir d’elle des objectifs plus élevés. Le Parlement européen a aussi toujours fait beaucoup pour les thématiques climatiques, énergétiques et environnementales et a plusieurs fois permis, dans les négociations avec le Conseil et la Commission, une hausse des ambitions. Ainsi, en juin les ambitions de l’UE pour les énergies renouvelables et l’indépendance énergétique ont été revues à la hausse, après que le Parlement européen s’est prononcé en faveur d’objectifs ambitieux et ceci contre l’avis de la Commission européenne. Quelques États membres ralentissent les mesures nécessaires de protection du climat. Malheureusement, l’Allemagne fait partie de ces pays bloqueurs, par exemple dans les négociations des objectifs susmentionnés en matière d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique. Il y a donc effectivement un décalage entre le rôle de pionnier de l’UE en matière de changement climatique dans le monde, tant vanté, et l’action concrète. L’une des raisons qui peut expliquer cette position est le lobbying de l’industrie, qui rencontre malheureusement à Berlin et à Bruxelles des oreilles sensibles à leurs propositions. Récemment, il est devenu de notoriété publique que le syndicat de défense des industriels BusinessEurope s’est positionné stratégiquement pour torpiller les objectifs ambitieux de l’Union européenne. Et une demande de mon bureau au gouvernement fédéral a montré que les ministères ont rencontré 25 fois des représentants de l’industrie automobile, alors qu’ils n’ont échangé que trois fois avec des associations environnementales pendant la même période. Cela ne va pas du tout !

treffpunkteuropa.de : Que devrait faire autrement l’Union Européenne ? Que doit-elle faire d’urgence ?

Lisa Badum : Un pas important vers une politique climatique progressiste serait de prêter plus d’attention à l’opinion des citoyennes et des citoyens et à des organisations issues de la société civile. En ce moment même se déroule une consultation publique sur la stratégie climatique à long terme de l’Union européenne, à laquelle les citoyens ainsi que les associations et les entreprises peuvent participer. Il est essentiel que l’Union européenne donne autant de poids aux intérêts des citoyens et des ONG qu’à ceux des industriels ! Une attention particulière à la politique énergétique au niveau régional s’inscrit dans une amélioration de la politique européenne. Malgré la résistance des grandes entreprises d’énergie polluantes, il y a dans toute l’Europe des initiatives citoyennes en faveur de la production locale d’énergies propres. Cet engagement est un pilier important du changement de nos modes de production d’énergie en Europe et peut, si cela est soutenu par l’Union Européenne et les gouvernements des États membres, raviver également la foi dans le projet européen. Nous devons en outre aller rapidement, dans toute l’Europe, vers l’abandon progressif du charbon qui est engagé et démanteler les obstacles à l’expansion des énergies renouvelables. L’Union Européenne doit également revoir son objectif climatique de 40 % de réduction des émissions à au moins 55 % d’ici 2030 et s’imposer une fois de plus sur la scène internationale comme leader d’une alliance d’États progressistes.

treffpunkteuropa.de : Compte tenu de tout cela, le changement climatique peut-il encore être arrêté ? Et si oui – que doit-il se produire ?

Lisa Badum : Il n’est pas encore trop tard, si nous agissons avec fermeté. Le rapport spécial du GIEC sur l’objectif de 1,5 degré Celsius montre que le réchauffement climatique peut encore être limité à cette température. Les avantages par rapport au réchauffement à 2 degrés Celsius sont multiples et comprennent moins de chaleurs extrêmes, moins de précipitations abondantes, moins de sécheresses extrêmes et une hausse moins importante du niveau de la mer. Moins le climat se réchauffe, plus il est probable que nous serons en mesure d’arrêter les éléments sur lesquelles nous pouvons influer, qui sont réversibles et stimulent un cycle sans cesse croissant de réchauffement de la planète. Mais ça va être serré : si les émissions restent au niveau actuel, l’objectif d’1,5°C sera dépassé vers 2040. Nous avons donc besoin aujourd’hui et non demain d’une politique des grands pas, qui soit courageuse et visionnaire et s’attaque courageusement à l’un des problèmes humains de notre temps. Les solutions sont sur la table : élimination progressive du charbon, investissements massifs dans les énergies renouvelables, tarification du CO2, nouvelles approches de la mobilité. Allons-y ! Allons-y !

Vos commentaires
  • Le 9 novembre 2018 à 07:34, par jipebe29 En réponse à : Changement climatique : pouvons-nous encore être sauvés ?

    « Que le changement climatique et ses émissions de gaz à effet de serre soient massivement le fait de l’homme, il n’y a plus de doutes sérieux là-dessus ». En fait si, pour plusieurs raisons : Il n’y a aucune preuve scientifique que le CO2, quelle que soit sa source, ait un effet mesurable sur la température.

    Selon le GIEC (rapport AR4, page 471, figure 6.1), nos émissions de CO2 ne sont que de 4 à 6% du total des émissions et le taux de CO2 anthropique dans l’air n’est que de 6% (analyse isotopique, delta C13).

    Il n’y a quasiment plus de réchauffement global depuis le début des années 2000, malgré une inflation de nos émissions de CO2

    Les projections des modèles numériques, construits sur la base des thèses hypothétiques du GIEC/IPCC, divergent de plus en plus des observations, ce qui veut dire que leur crédibilité est nulle, tout comme celle des thèses du GIEC.

    Il y a plus de 2000 publications scientifiques qui ne sont pas d’accord avec les thèses du GIEC. Elles sont bien sûr frappées d’omerta politico-écolo-médiatique.

    Le GIEC n’est pas une entité scientifique, mais une entité politique. Ce sont les représentants des gouvernements, diplomates et fonctionnaires, qui mettent au point le résumé pour les décideurs, document sans valeur scientifique, mais diffusé urbi et orbi et qui sert de référence aux absurdes politiques climat-énergie de l’UE.

  • Le 9 novembre 2018 à 07:40, par jipebe29 En réponse à : Changement climatique : pouvons-nous encore être sauvés ?

    Après le petit réchauffement de +0,7°C en 130 ans, il n’y a quasiment plus de réchauffement global depuis le début des années 2000. (mesures satellitaires UAH : http://www.woodfortrees.org/plot/uah6/from:1970). Il y a donc un plateau de température moyenne annuelle globale (TMAG) depuis près de 20 ans (le « hiatus » du GIEC), et il est normal que les années de ce plateau soient plus « chaudes » de +0,7°C que celles des 110 années précédentes. Pas de quoi paniquer, ni engager des politiques climat-énergie aussi absurdes et onéreuses qu’inutiles.

  • Le 9 novembre 2018 à 07:49, par jipebe29 En réponse à : Changement climatique : pouvons-nous encore être sauvés ?

    Il n’y a pas d’énergies renouvelables : les EnR intermittentes ont besoin de ressources matérielles en quantités finies, notamment les terres rares. Et penser que des EnR intermittentes, onéreuses, non pilotables, aux faibles facteurs de charge (20% pour l’éolien en 14% pour le solaire), massacreuses d’oiseaux et de chauves-souris et sources de nuisances pour la santé publique à cause des infrasons (éolien), et aux bilans carbone non vertueux car il faut des centrales thermiques pour gérer l’intermittence en temps réel, penser que la production électrique d’un pays peut être réalisée par 100% de ces EnR, cela relève du rêve et de l’irrationnel, mais pas de la dure réalité des lois de la physique et du Réel.

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