Un parcours qui fait la différence
Christophe Hansen, né à Wiltz en 1982, est l’actuel secrétaire général du Parti chrétien-social (CSV) luxembourgeois et membre du Parti populaire européen (PPE). Sa nomination au poste de Commissaire européen à l’Agriculture et à l’Alimentation fait écho à la majorité de centre-droite au Parlement européen après les élections de juin 2024.
Titulaire d’un master en Géosciences et Sciences Environnementales de l’université Louis Pasteur, il commence sa carrière politique en 2011 comme conseiller communal de Winseler, avant de devenir président du comité du district Nord du CSV et secrétaire général du parti. De 2007 à 2014, il assiste la députée européenne Astrid Lulling sur des dossiers agricoles et environnementaux, avant de devenir député européen en 2018, réélu en 2019 et 2024.
Fils de fermier, Hansen se distingue par sa connaissance approfondie de l’UE et de l’agriculture. Parlant six langues, il bénéficie également du soutien du gouvernement luxembourgeois, qui a préféré soutenir sa candidature au détriment de celle de Nicolas Schmit, pourtant pressenti par l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D). Enfin, sa cousine Martine Hansen, est l’actuelle Ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture du Luxembourg.
Le défi de la réforme de la PAC : Repenser le soutien aux agriculteurs
Un des défis majeurs pour Christophe Hansen réside dans la réforme de la politique agricole commune (PAC), un système crucial pour soutenir les agriculteurs européens, représentant 44% du budget de l’UE. Ce système est souvent perçu comme déséquilibré, favorisant les grandes exploitations au détriment des petites exploitations familiales. Cela pose un problème de durabilité sociale, particulièrement dans des secteurs comme la viticulture, mais aussi dans d’autres domaines agricoles où la concentration des terres et des ressources est un phénomène croissant.
Lors de son audition au Parlement européen, Hansen a mis en avant la nécessité de maintenir une PAC « forte » et « dévouée », tout en évoquant la nécessité de simplifier certains textes législatifs. Il a défendu un budget solide et dédié à la PAC, mais a exprimé des réserves quant à la possibilité d’une augmentation de ce budget, malgré les demandes croissantes des eurodéputés. L’un des axes essentiels de sa vision est la redistribution des fonds de manière plus équitable, en soutenant les petits producteurs face aux grandes exploitations.
La réforme de la PAC ne se limite pas à une simple redistribution des fonds. Elle implique également l’adoption de nouvelles pratiques agricoles adaptées aux enjeux climatiques et économiques. Hansen pourrait jouer un rôle clé pour réorienter les subventions vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement, notamment en favorisant une agriculture de proximité et en soutenant les territoires locaux. Cependant, l’équilibre entre les intérêts divergents des différents États membres et des acteurs agricoles reste un défi majeur.
La durabilité et l’agriculture verte : Une priorité dans un contexte de crise climatique
L’agriculture européenne est de plus en plus confrontée aux effets du changement climatique. Les conditions de production deviennent de plus en plus imprévisibles, avec des événements climatiques extrêmes, des sécheresses prolongées, et une hausse générale des températures. Ces phénomènes modifient profondément les cycles de production, plaçant les agriculteurs sous pression, notamment dans les régions viticoles emblématiques.
Christophe Hansen pourrait jouer un rôle central en renforçant les mesures incitatives pour les agriculteurs adoptant des pratiques agricoles durables. Il pourrait ainsi élargir les dispositifs de soutien à l’agriculture biologique, réduire l’usage de pesticides, et promouvoir la gestion durable des sols. Ces actions seraient en ligne avec la stratégie « De la ferme à la table », qui vise à rendre l’agriculture plus verte et résiliente face aux crises climatiques.
Hansen a aussi souligné la nécessité de repenser l’étiquetage des denrées alimentaires, tout en reconnaissant que la révision de ce cadre pourrait relever de la compétence du prochain Commissaire chargé de la Santé et de la Sécurité alimentaire. Ces discussions pourraient avoir un impact direct sur la compétitivité des produits agricoles européens et leur capacité à répondre aux exigences écologiques du marché global.
Les relations internationales : Défendre les produits européens sur la scène mondiale
Une autre priorité pour Christophe Hansen sera la gestion des relations internationales et la défense des intérêts agricoles européens sur la scène mondiale. L’Union européenne est un acteur clé du marché mondial de l’agriculture, mais elle fait face à une concurrence accrue, notamment en provenance des États-Unis, de l’Amérique latine et de l’Asie. Hansen devra négocier des accords commerciaux tout en garantissant une concurrence loyale pour les producteurs européens, surtout face à la montée de la concurrence déloyale dans certains secteurs.
Hansen a récemment abordé la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, soulignant que son intégration pourrait créer des tensions au sein du secteur agricole européen. Bien que l’élargissement présente des avantages, notamment pour l’indépendance de l’UE en matière de production de protéagineux, il pourrait également perturber la stabilité du marché de l’agriculture européenne. Ce défi pourrait nécessiter une diplomatie subtile pour équilibrer les intérêts agricoles de l’UE face à des opportunités d’élargissement.
Il a également insisté sur l’importance de protéger les produits agricoles européens, notamment ceux bénéficiant d’Indications géographiques protégées (IGP), face aux pratiques commerciales injustes. Ces préoccupations sont cruciales dans le cadre de négociations comme celles menées avec les États-Unis ou lors des discussions autour du Mercosur, accord de libre-échange qu’il a défendu en mentionnant les gains potentiels d’exportation vers l’Amérique du Sud.
Un avenir sous surveillance : Entre espoirs et défis
La nomination de Christophe Hansen survient à un moment où les attentes vis-à-vis de l’Union européenne sont particulièrement élevées. L’agriculture européenne doit relever des défis multiples, du soutien aux petits producteurs à la transition vers une agriculture plus verte, tout en maintenant la compétitivité de ses produits sur le marché mondial.
L’audition de Christophe Hansen, le 4 novembre, a été globalement bien accueillie. Applaudi à plusieurs reprises par les eurodéputés, il a défendu une PAC forte tout en suggérant une révision des mécanismes de redistribution des fonds. Son engagement pour la simplification des législations et pour un soutien accru aux petits producteurs démontre sa volonté de naviguer entre les différents intérêts, qu’ils soient internes à l’UE ou issus des relations internationales.
Le commissaire désigné a également évoqué les difficultés personnelles qu’il a vécues en lien avec l’agriculture, notamment la perte de son frère, qui exploitait une ferme familiale. Cette expérience de terrain pourrait lui conférer une sensibilité particulière aux défis sociaux et psychologiques des agriculteurs européens, en particulier dans un contexte de transition écologique.
Christophe Hansen représente une figure clé pour l’avenir de l’agriculture européenne. Sa nomination à la tête de la Direction générale de l’Agriculture et de l’Alimentation intervient à un moment où des réformes urgentes sont nécessaires pour répondre aux défis environnementaux, sociaux et économiques du secteur. À lui de prouver que son expérience et sa vision politique permettront à l’agriculture européenne de se réinventer dans un monde en mutation.
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