A l’heure où le conflit opposant l’Ukraine à la Russie dure depuis trois ans, et où les négociations de paix pointent le bout de leur nez, le Parlement européen a décidé de voir plus large en évoquant les pays qui se situent autour de ces deux géants. Le nom du débat de ce 12 février : “Nécessité d’un soutien ciblé aux régions de l’Union limitrophes de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine”.
Le défi de l’immigration
La session s’est d’abord ouverte avec Adam Szłapka, membre de la présidence polonaise au conseil de l’UE, qui a évoqué l’instrumentalisation des migrants. En effet, la Russie et la Biélorussie facilitent les flux migratoires illégaux vers les frontières extérieures de l’UE : “en réponse à l’instrumentalisation croissante de la migration, [...] Le Conseil européen a reconnu que des situations exceptionnelles nécessitent des mesures appropriées et a affirmé sa détermination à assurer le contrôle de nos frontières extérieures par tous les moyens disponibles”.
M. Fitto, premier vice-président d’extrême-droite de la Commission européenne, en charge de la cohésion et des réformes, a, pour sa part, évoqué ce qui a déjà été accompli : “les régions frontalières de l’Ukraine), qui accueillent un grand nombre de personnes déplacées, font face à des défis uniques. En réponse, la Commission, en étroite coopération avec le Parlement, a lancé l’initiative CARE dans le cadre de la politique de cohésion, qui a joué un rôle essentiel en apportant une aide d’urgence.”. Action de la cohésion pour les réfugiés en Europe (CARE) aide les États membres à fournir une aide d’urgence aux personnes fuyant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Par régions frontalières, il entend : “la Finlande, des États baltes et la Pologne”. M. Fitto a ensuite poursuivi avec les défis actuels que traversent les pays frontaliers de l’Ukraineet qui justifient la tenue de cette session : “Des frontières qui facilitaient autrefois le commerce et la création d’emplois sont désormais fermées. Dans le même temps, ces régions doivent gérer l’instrumentalisation de la migration, les ralentissements économiques et les effets plus larges des sanctions.”
Des préoccupations différentes, mais un parlement uni
Pas de débat aujourd’hui, puisque tout l’hémicycle allait dans le même sens : aider ces régions frontalières. Toutefois, chacun avait des préoccupations différentes. S&D (Socialistes & Démocrates, gauche à centre gauche) a évoqué le mouvement de réfugiés. Marcos Ros Sempere a donné “Un chiffre : depuis le début du conflit, près de six millions de réfugiés ont fui la guerre, la majorité se dirigeant vers ces régions frontalières, entraînant une demande d’asile sans précédent.”. Carla Tavares allait dans le même sens : “La guerre a provoqué l’arrivée d’un grand nombre de réfugiés, exerçant une pression supplémentaire sur les systèmes d’intégration locaux.”.
D’autres portaient plutôt leur attention sur la défense. M. Sebastian Tynkkynen, du groupe CRE (Conservateurs et Réformistes européens, droite à extrême droite), a affirmé que “Ces zones frontalières doivent disposer des infrastructures nécessaires pour assurer la mobilité militaire et les capacités de protection des frontières.” Mārtiņš Staķis du groupe Verts/ ALE (gauche à centre gauche) allait dans le même sens que son collègue d’extrême droite, une phrase qu’on ne prononce pas souvent : “nous devons renforcer nos frontières pour dissuader l’agresseur d’envahir”.
Certains relevaient les difficultés économiques rencontrées par ces pays. Dan Stefano du groupe PPE (Parti populaire européen, centre droit à droite) affirmait : “Autrefois sûres pour les citoyens et les investisseurs, ces régions sont désormais confrontées à des faillites, une augmentation du chômage et un exode de la main-d’œuvre. Les jeunes et les professionnels partent en quête de stabilité, tandis que les entreprises et les emplois bien rémunérés se relocalisent vers des zones plus sûres”.
Liudas Mažylis, du même groupe, avançait : “Ces pays subissent des pertes économiques et financières considérables, [...] qui exercent une pression sur leur économie nationale. Cela se traduit par une inflation plus élevée, des prévisions de croissance économique moins favorables que dans le reste de l’Union européenne, et des notations de crédit à long terme revues à la baisse”.
Une aide inégale
Les eurodéputés roumains ont déploré le manque de considérationde l’UE à l’égard de leur pays. Eugen Tomac de Renew (centre gauche à centre droit) relevait que : “Vous avez souligné correctement les efforts déployés par la Finlande, les pays baltes et la Pologne pour répondre aux défis posés par la Russie. Mais je suis mécontent [...] que vous n’ayez pas précisé les efforts actuels de la Roumanie”.
Georgiana Teodorescu du groupe CRE appelait à une aide financière : “Si l’UE aide uniquement l’Ukraine, mais pas les pays voisins déjà membres de l’UE affectés par le conflit, le message que reçoit le citoyen européen payeur de taxes est que d’autres comptent plus que nous. La solidarité ne doit pas être sélective. Conclusion : de l’argent européen pour la Roumanie et pour les autres pays de l’UE voisins du conflit.”.
D’autres ont aussi abordé le fait que l’argent n’était pas assez bien distribué, comme Marina Kaljurand du groupe S&D : “la guerre en Ukraine affecte l’économie de l’Union européenne, et certains États membres en souffrent plus que d’autres. Il s’agit principalement des pays de l’Est de l’Europe, dont l’économie est affectée par les sanctions et l’instabilité de la région. Je le répète, nous sommes prêts à payer un prix élevé pour la victoire de l’Ukraine, mais nous devons le faire de manière solidaire.”
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