Coupe d’Europe : Dans cette édition hors-normes, le football français croit en son étoile

, par Jérôme Flury

Coupe d'Europe : Dans cette édition hors-normes, le football français croit en son étoile
Match de Ligue des Champions entre Arsenal (Angleterre) et Séville (Espagne) en 2007. La finale 2020 n’aura ni de représentant anglais ni espagnol en finale, ce qui n’est pas arrivé depuis 2013. Image : Kieran Lynam (Dublin) / Wikimedia Commons

Le Paris Saint-Germain s’est qualifié pour la première fois en finale de Ligue des Champions, où il affrontera le Bayern Munich. La France a également pu compter sur l’Olympique Lyonnais, arrivé jusqu’en demi-finale, pour redorer son image sur la scène du football européen. La compétition, dont les enjeux sont loin d’être uniquement sportifs, se déroule cette année dans un format inédit.

Ils rêvent de pouvoir en broder une au-dessus de leur logo. Une petite étoile dorée symbolique, que seul Marseille en France possède, depuis sa victoire en Coupe d’Europe des clubs en 1993. 27 ans après, le Paris Saint-Germain, une cinquième équipe du championnat de France, s’est finalement qualifié pour la finale de la Ligue des champions de football, la compétition reine pour les clubs européens. La dernière à y être parvenue était le Monaco de Didier Deschamps, en 2004.

Les deux clubs français encore engagés au moment de l’arrêt du tournoi en mars dernier n’ont pas manqué l’occasion. Alors que de manière exceptionnelle, la Ligue des Champions se termine en ce mois d’août à Lisbonne, à huis clos et sur des matchs à élimination directe à la place de rencontres aller-retour, la myriade de stars du Paris Saint-Germain s’était retrouvée dans une partie de tableau plutôt « favorable », affrontant des équipes encore novices à ce niveau de la compétition, les Italiens de l’Atalanta Bergame en quart puis les Allemands du RB Leipzig en demies. Malgré de sérieuses frayeurs contre une équipe de Bergame qui jouait avec une motivation décuplée après que la ville italienne a été durement frappée par la pandémie, le club de la capitale française est passé. Et au terme de ces deux tours, grâce à des buts inscrits par des Brésilien, Camerounais, Argentin et Espagnol, certes, impossible de se tromper : c’est bien la France qui voit un de ses représentants se hisser en finale.

Une édition 2020 unique et mémorable

Les derniers tours de la compétition européenne des clubs champions s’annonçaient incertains en raison des états de forme très variables entre les équipes. Habituellement, les différences de rythme entre les championnats, du moins les cinq principaux en Europe, sont très minimes, si ce n’est que l’Allemagne ne compte que 18 clubs en première division, contre 20 en Italie, Angleterre, Espagne et France, ce qui représente quatre matchs de plus par saison dans les jambes de ces dernières équipes. Mais cette année, alors que la France n’a pas repris sa compétition arrêtée subitement en mars, l’Allemagne a redémarré et fini plus tôt, tandis qu’Espagne, Italie et Angleterre sont également allés au bout, mais bien plus tard que d’habitude.

Et la Ligue des champions, reportée alors que le tour des huitièmes de finale ne s’était même pas terminé, a donc redémarré en août dans un format inédit, sur terrain « neutre » à Lisbonne, par des oppositions sur un seul match. Cette édition de la Coupe d’Europe de football s’annonçait mémorable. Elle l’est déjà, et ce, même avant sa grande finale. Certes, les « remontadas » (retournement de situation lors du match retour) survenues en pagaille ces années passées ne pouvaient pas avoir lieu puisque les équipes s’affrontent sur des matchs uniques mais les rencontres au programme ont livré un spectacle inattendu. Plusieurs favoris ont chuté face à des adversaires supposés à leur portée, comme Manchester City et l’Atletico. Des équipes ont déroulé leur football comme le Paris Saint-Germain en demi-finale (3-0) et le Bayern Munich contre Lyon (3-0) et surtout face à Barcelone, avec un score incroyable de 8-2 réalisé en 90 minutes.

La Ligue des Champions, une référence incontournable

Cette année, pour remporter ce trophée, les joueurs ne font pas des déplacements aux quatre coins du continent tous les deux mois, enchaînant plusieurs matchs dans leur pays entre temps. Non, à l’image du championnat d’Europe des nations, cette fois-ci, les collectifs restent ensemble, logés à l’hôtel et isolés, pour l’ensemble des derniers tours. «  On a réussi à créer un groupe, chacun connaît son importance et apporte sa pierre à l’édifice. Cela dépasse le stade du terrain, on fait beaucoup plus d’activités ensemble  », soulignait d’ailleurs l’attaquant parisien Kylian Mbappé, qui a vécu une autre aventure du genre à l’issue très heureuse deux étés plus tôt. De quoi donner des idées pour les prochaines éditions aux instances européennes qui réfléchissent sans cesse à des manières de faire évoluer cette compétition ?

Une seule différence et non des moindres avec la Coupe d’Europe des nations, dont l’édition 2020 a déjà été reportée à 2021 : ici au Portugal, les stades sonnent désespérément vides. Alors qu’ils sont regardés par des centaines de millions de téléspectateurs à travers le monde, les joueurs n’ont jamais aussi bien entendu les consignes de leur entraîneurs ou partenaires dans des arènes à l’écho impressionnant. Mais il fallait bien cela pour que ces matchs aux droits télévisés astronomiques se déroulent. Le manque à gagner au niveau continental aurait été important.

Comme pour rappeler que les enjeux ont depuis longtemps dépassé ceux du sport dans cette compétition, les réactions de la classe politique française, notamment d’Emmanuel Macron ou du Premier ministre Jean Castex rappellent la singularité de l’événement. Le président français en a d’ailleurs profité pour faire un étonnant parallèle. «  Les demi-finales de la Ligue des Champions opposeront le PSG au RB Leipzig et l’OL au FC Bayern Munich. À Bruxelles comme sur les terrains, la France et l’Allemagne, moteurs de l’Europe !  »

Une réputation en jeu

Tout est question de prestige dans cette compétition. Pour le Portugal, accueillir ces ultimes rencontres avait une grande importance. Le directeur adjoint du quotidien sportif Record le rappelle :

«  La finale de la Ligue des champions est généralement suivie par près de 400 millions de téléspectateurs dans le monde, répartis dans plus de 200 pays. Cette année, avec l’organisation compacte de ce Final 8, l’audience cumulée des sept matchs sera encore plus importante. C’est l’occasion idéale de ‘vendre’ un pays qui est déjà à la mode dans les agences de voyages.  »

Du côté sportif, avant cette finale franco-allemande, les derniers tours de la compétition ont permis de rebattre certaines cartes du jeu de football européen. Alors que l’Angleterre et l’Espagne dominent le continent depuis des années, le champion en titre, Liverpool, est tombé dès les huitièmes, contre un Atletico Madrid lui-même renversé par Leipzig ensuite. Les rivaux Barcelone et le Real Madrid, qui ont remporté à eux deux sept titres depuis 2009, sont sortis sans gloire, éliminés respectivement par le Bayern et Manchester City. Et ce dernier club anglais, pourtant impressionnant toute la saison et 2e du championnat britannique, a été sorti par l’Olympique Lyonnais, 7e du classement français.

Le championnat français est considéré comme le cinquième meilleur en Europe, derrière l’Italie dont le multiple champion de la Juventus a également chuté contre l’OL en huitièmes. Devant les performances lyonnaises, Kylian Mbappé n’a pas hésité à tweeter à propos de la “farmers league”, le sobriquet parfois attribué par les observateurs étrangers au championnat de France. Les journalistes sportifs européens ont dû se résoudre à l’évidence ces derniers jours : non, le football français n’est pas la “cinquième roue du carrosse” mais peut prétendre à plus.

La France se replace sur la carte du football européen

Comme souvent dans ce sport, la France est à l’origine d’une compétition dans laquelle elle a été plutôt tenue en échec. Mais si le projet parisien est depuis des années porté plutôt par des investisseurs étrangers, le Qatar plus précisément, les performances des représentants hexagonaux face aux clubs italiens, allemands et anglais cette saison rappellent que la France aussi a des cartes à jouer. L’un des points forts se trouve dans la formation : Lyon est réputé sur la scène continentale depuis des années pour cette raison, et le match colossal d’Houssem Aouar contre Manchester ou la rentrée de Rayan Cherki, 17 ans seulement, contre le Bayern, en sont la parfaite illustration.

Il en va de même du côté du PSG, qui aligne certes une constellation de stars étrangères sur le terrain, mais forme de nombreux “titis parisiens” qui n’hésitent pas à partir à la recherche de temps de jeu. C’est ainsi que Christopher Nkunku (Leipzig) s’est retrouvé face à son club formateur en demi-finale, tandis que Tanguy Kouassi vient de signer dans un Bayern Munich qui compte déjà sur un Kingsley Coman lui aussi issu des centres parisiens.

Désormais, la dernière étape attend les équipes du Paris SG et du Bayern Munich, qui apparait comme favori après s’être montré impérial ces derniers mois. Deux colosses du football moderne, même si le PSG, qui fête cette semaine ses 50 ans, apparaît comme une institution bien plus jeune que son adversaire. Après avoir dépensé des centaines de millions d’euros en investissement, le projet sportif des Qataris apportera-t-il à la France une récompense inattendue en ce mois d’août ? La réponse dimanche, comme l’a rappelé le président de la République française dans un message posté mercredi 19 août. «  27 ans après l’OM, la mythique coupe peut retrouver le sol français. Toutes et tous derrière le PSG ! L’étoile est au bout de l’exploit. »

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