Les Lituaniens changent de ton
La série noire continue pour la Première ministre Ingrida Šimonytė. En effet, à l’issue de ce second tour du scrutin législatif, le parti au pouvoir TS-LKD (Union de la patrie-Chrétiens démocrates lituaniens) accuse de lourdes pertes : 18,3% des électeurs ont voté en leur faveur, c’est 7,5% de moins qu’en 2020, ce qui lui donne 28 députés contre 50 auparavant, au Seimas. Ce renversement s’est effectué au profit de l’opposition sociale-démocrate (LSDP) qui frôle la barre des 20% (19,7% précisément) empochant ainsi 52 strapontins cette année. En 2020, seulement 9,3% des bulletins leur était destiné. L’autre parti d’opposition, l’Union des agraires et des verts (Conservateurs et réformistes au niveau européen) réunit à peine 7% des suffrages sous sa bannière et devrait envoyer 8 élus contre 32 auparavant. Son score a nettement diminué par rapport à 2020 en raison de la scission opérée par l’ancien Premier ministre Saulius Skvernelis, qui a créé l’Union des démocrates (DSVL) (restée chez les Verts européens, même si située sur une ligne sociale-conservatrice). Le DSVL réunit ainsi moins d’un vote sur 10 et remporte 14 sièges.
Les partenaires de la coalition au pouvoir ne font guère mieux : les libéraux du LRLS se stabilisent autour de 7,8% alors que les progressistes de LP s’effondrent sous la barre des 5%, les excluant du Parlement.
Alors que l’extrême-droite n’avait remporté aucun siège en 2020, plusieurs formations ont été créées depuis, notamment Aube du Niémen (NA),en référence au fleuve qui traverse le pays, qui talonne les chrétiens-conservateurs en totalisant 15,3% des voix (et 20 députés). Parviendront-ils à s’assurer le statut de faiseur de rois, au détriment des Verts conservateurs ou démocrates ?
La Lituanie a l’habitude des parlements morcelés, les formations sont donc rompues aux négociations transpartisanes et aux compromis politiques. À noter également une participation au-dessus des 52% en hausse par rapport aux deux précédents scrutins.
Une campagne marquée par d’autres élections
En mai dernier, Ingrida Šimonytė s’était présentée face au Président Gitanas Nausėda, mais les Lituaniens avaient renouvelé leur confiance au sortant (plus de 75% des voix au second tour) qui s’illustre en fervent allié de l’Ukraine. Vilnius est particulièrement concernée par ce conflit, le pays partageant plus de la moitié de ses frontières avec l’exclave russe très militarisée de Kaliningrad et la Biélorussie, l’autre paillasson de Moscou sur l’Ukraine.
À cette occasion, les Lituaniens étaient amenés à se prononcer une nouvelle fois par référendum sur la fin de l’interdiction de la double-nationalité. Comme en 2019, une forte majorité (75,5%) s’est prononcée en faveur de la double-nationalité mais, comme en 2019, le quorum de participation n’a pas été atteint : le camp vainqueur doit recueillir 50% du total des électeurs inscrits. Aucun des cinq dernières consultations n’ont atteint cette condition.
En juin ensuite, les électeurs ont renouvelé leurs eurodéputés. À l’inverse de ce que prédisaient les sondages pour les législatives, c’est le parti au pouvoir TS-LKD qui a remporté le scrutin avec 21,3% des voix, contre 18% pour les sociaux-démocrates. Tous les autres principaux partis remportent un siège et ce, malgré une participation en chute libre : 53% des Lituaniens s’étaient déplacés en 2019 (le même jour que les présidentielles), contre 28,3% cette année. Dur dur de mobiliser les électeurs lituaniens !
Plus que la droite radicale, c’est le choix des deux formations agrariennes qui vont déterminer le chef du prochain exécutif lituanien, qui, quoiqu’il arrive, ne remettra pas en question le rôle de Vilnius dans l’aide déterminante apportée à Kiev.
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