A ce niveau, la République tchèque est très loin de faire partie des pays les plus digitalisés de l’Union européenne (UE). Néanmoins, elle reste l’un des leaders européens dans le e-commerce grâce à un nombre croissant de petites et moyennes entreprises vendant leurs produits en ligne. Dans ce contexte, le Digital Services Act et le Digital Markets Act ont pour but de mettre en place une régulation solide pour le marché digital européen. Plus spécifiquement, cela vise à rendre accessible le marché digital pour les entreprises de toutes tailles, tout en resserrant l’étau des pratiques anticoncurrentielles. Ces propositions législatives affaibliront la domination des Big Tech américaines. De plus, on attend de la République tchèque qu’elle les promeuve et les défende fermement, car elles permettront au secteur tchèque du commerce électronique de se développer sur des bases plus solides.
Concernant la législation européenne climatique, la position de la République tchèque est d’autant plus complexe. Le dit « fit for 55 » comprend douze propositions de lois ayant pour but de réduire les émissions de carbone de 55% d’ici 2030. Parmi ces propositions, l’intention de retirer les voitures et les camionnettes à moteur à combustion interne du marché européen d’ici 2035 affecte directement le secteur automobile tchèque, qui représente un peu moins de 30 % du PIB du pays. Malgré tout, la problématique la plus sensible pour la République tchèque s’avérera être la gestion de l’énergie. L’énergie du charbon est encore prédominante et trois quarts de l’électricité du pays provient d’énergies fossiles. Le nouveau gouvernement dirigé par Petr Fiala voit l’European Green Deal (Pacte vert pour l’Europe) comme une opportunité pour le pays et s’est déclaré favorable à la décarbonation. Toutefois, le rythme imposé par le "fit for 55 package" menace d’exercer une forte pression sur l’économie tchèque, surtout si l’énergie nucléaire n’est pas qualifiée de "verte" dans la nouvelle taxonomie européenne. Dans ces conditions, on peut s’attendre à ce que, loin de vouloir arrêter le processus de transition verte, la République tchèque tente tout de même de le ralentir. Une façon de le faire serait d’accélérer les débats du Conseil pour qu’un accord entre les États membres – ou au moins une ébauche définie de celui-ci - soit trouvé avant que la Suède, connue pour être un pays plus « vert » que la République tchèque, ne prenne la présidence en 2023.
Pour conclure, si la digitalisation est une opportunité pour la République tchèque au sein de l’UE, la position complexe dans laquelle le pays se trouvera concernant la transition écologique pourrait être bénéfique pour l’UE. En fait, cela serait un parfait rappel de l’importance de ne pas négliger les faiblesses économiques de pays lors de la définition de politiques environnementales. Il est primordial que les objectifs établis soient progressifs et atteignables en pratique. Dans le cas contraire, la pression qui serait exercée sur ces économies finirait inévitablement par peser sur les épaules des citoyens, créant un terreau fertile, non seulement pour l’euroscepticisme, mais aussi pour l’aversion à la transition verte elle-même.
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