Élections autrichiennes : une victoire nuancée pour les européens

, par Elena Blum

Élections autrichiennes : une victoire nuancée pour les européens
Alexander Van Der Bellen, nouveau président autrichien. CC Wiki

Dimanche 4 décembre, l’écologiste Alexander Van der Bellen a été élu Président de la République d’Autriche. Un soulagement pour les pro-Européens, et pour la majeure partie de la classe politique, qui voyaient en l’avènement possible de l’extrême-droite un danger pour la démocratie en Europe.

Les pro-Européens peuvent souffler. Avec la victoire de l’écologiste Alexander Van der Bellen, l’Autriche n’a finalement pas été le premier pays d’Europe à se doter d’un président d’extrême-droite. Pourtant, Norbert Hofer était donné gagnant par les récents sondages. Le Brexit, la victoire de Donald Trump aux États-Unis et celle de François Fillon aux primaires de la droite française, et plus généralement, le renforcement de la droite, partout en Europe, faisait craindre la victoire du candidat du FPÖ. Le parti, fondé en 1955 par un ancien ministre du IIIème Reich, menait une campagne eurosceptique, xénophobe et libérale. Le nouveau Président autrichien, pro-européen, a quant à lui mené une campagne centriste pour obtenir le consensus le plus large possible.

Le premier scrutin invalidé

C’était déjà cette stratégie qui lui a permis de remporter le second tour présidentiel, le 22 mai dernier, avec une avance de seulement 31 000 voix. Le FPÖ, après avoir reconnu sa défaite, a finalement fait volte-face et demandé l’ouverture d’une enquête auprès de la Cour constitutionnelle autrichienne. Selon le FPÖ, 94 des 113 circonscriptions électorales sont en proie à des négligences dans le dépouillement des bulletins de vote postaux, qui représentent tout de même 16,7% des suffrages ; le Parti oublie alors qu’il a approuvé et validé les résultats de chacune de ces circonscriptions. La Cour constitutionnelle invalide le scrutin début juillet, en confirmant les irrégularités dans le dépouillement des suffrages, malgré l’absence de fraude avérée. Plusieurs dizaines de milliers de bulletins ont été ouverts hors des délais consacrés, ou sans la présence d’une personne habilitée. L’article 64 de la Constitution est mis en place, enclenchant la présidence par Intérim, assurée par la présidente du Conseil national (la chambre basse du Parlement) et ses deux vice-présidents, dont Norbert Hofer, le candidat de l’extrême droite. Porté par le Brexit, il espère incarner une figure forte qui permettra de changer l’issue du scrutin.

Le “troisième tour”, encore repoussé

Le “troisième tour”, ou “deuxième second tour”, devait avoir lieu en octobre mais de nouvelles irrégularités ont repoussé l’échéance. C’est encore une fois le vote par correspondance qui pose problème, puisque les enveloppes ne ferment pas correctement. Les présidentielles autrichiennes sont repoussées au 4 décembre, après les élections américaines, qui voient Donald Trump accéder à la fonction suprême. Un bon point pour le FPÖ, qui imagine déjà une forte coalition Trump-Poutine-Hofer, proche d’un Royaume-Uni conservateur et anti-Europe, anti-immigration et anti-musulman. Mais l’éparpillement du populisme britannique, les incertitudes économiques et politiques qui résultent du Brexit et les volte-faces de Donald Trump ont conduit les Autrichiens à choisir un Président fédérateur et tourné vers l’international.

Ainsi, 65% de ses électeurs disent l’avoir choisi parce qu’il est pro-Européen. Un soulagement pour Bruxelles. D’autre part, les sociaux-démocrates et les conservateurs ont activement fait campagne pour Alexander Van der Bellen, afin d’endiguer la vague populiste qui aurait conduit Hofer à dissoudre l’assemblée, au sein de laquelle la grande coalition détient le pouvoir. C’est donc pour se protéger que les politiques de gauche comme de droite ont soutenu le nouveau Président. Il n’en reste pas moins que l’exécutif autrichien est morcelé, et que les élections législatives de 2018, qui seront probablement avancées à 2017, risquent une fois encore de voir les extrêmes l’emporter. Alors que dimanche, l’Autriche célèbre une victoire de la démocratie en demi teinte, l’Italie sanctionne la politique, certes européiste, mais trop solitaire, de Matteo Renzi, barrant du même coup la voie à la réforme nécessaire d’une institution vieillissante. Le populisme a peut-être toujours de beaux jours devant lui.

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