Pas de représentation sans diversité
Lors des élections européennes de 2014, une seule eurodéputée noire est élue. Cécile Kyenge, une socialiste italienne, est aussi la première femme noire à avoir été nommée ministre dans l’histoire du pays.
Lorsque l’on s’attarde sur le trombinoscope du Parlement européen, il est difficile de ne pas y voir une forme d’homogénéité. Sarah Chander, chargé du plaidoyer au sein du Réseau européen contre le racisme, évoque notamment le fait que lors du processus de sélection des candidats par les partis politiques, les personnes issues de minorités sont moins facilement intégrées et, lorsqu’elles le sont, rarement en position éligible.
Mais l’élection n’est pas le seul rempart à une plus grande diversité au sein de l’UE. S’attarder sur la présentation des cadres des Directions générales de la Commission européenne permet aussi de s’apercevoir que le problème n’est pas seulement le fait des partis politiques.
Que les dirigeants de l’Union européenne représentent aussi peu la diversité des citoyens qui composent nos pays est objectivement le symptôme d’un racisme institutionnel, structurel. Un racisme et une discrimination qui serait la conséquence directe, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, de notre héritage colonial.
Quelles réponses apportées par l’UE ?
En 2000, l’Union européenne s’est dotée de sa première législation contre les discriminations raciales. La Race Equality Directive, au dela de sanctionner toute discrimination fondée sur la race ou l’origine ethnique, enjoint les États membres à créer un organisme chargé d’aider les victimes de discrimination et de promouvoir l’égalité de traitement.
Alors que l’Agence de l’Union européenne pour les droits fondamentaux et le Conseil de l’Europe ont alerté quant à la croissance de la violence et de la discrimination raciale, l’Union doit urgemment se doter d’une politique anti-discrimination plus pertinente selon la politologue Ilke Adam.
Ilke Adam rejette par exemple l’approche individualiste de la Race Equality Directive. En faisant reposer la sanction sur une action individuelle, ici celle de porter plainte, ce genre de politique publique ne serait qu’un “pansement” inefficace pour endiguer les racismes.
Selon elle et de nombreux universitaires issus du domaine des colonial studies, le racisme n’est pas seulement le fait d’actions individuelles. Le racisme est ancré dans notre société à travers son histoire coloniale et impérialiste. Une réelle politique européenne contre le racisme intégrerait cette histoire et les défis qui en incombent.
Une avancée a été réalisée en 2020 grâce à l’adoption du Plan européen 2022-2025 contre le racisme. C’est la première fois que le passé esclavagiste et colonisateur de l’Europe est mentionné dans un document politique européen, de même que l’existence d’un racisme structurel au sein des institutions. En privilégiant une approche intersectorielle, l’UE entend favoriser l’adoption de Plans d’action nationaux qui regrouperait des acteurs publics, privés et institutionnels.
Une législation qui reste à renforcer
Malgré ces avancées sur la reconnaissance d’un racisme structurel au niveau de l’Union européenne, saluées par certains acteurs européens, les organisations anti-racistes n’entendent pas s’arrêter là.
Le Réseau européen contre le racisme par exemple, qui regroupe plus de 150 ONG à travers notre continent, insiste dans sa réaction au Plan européen contre le racisme, sur la nécessité de mesures plus fortes. Il requiert notamment des mesures plus importantes pour lutter contre les inégalités raciales renforcées par les services de maintien de l’ordre. De plus, l’organisation regrette l’absence de mesures spécifiques à destination des migrants en Europe, qui font face à un racisme et à des obstacles structurels importants.
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