1. Une participation historique des citoyens européens
Ce scrutin a été marqué par une participation record des Européens à ces élections. Les instituts de sondage n’avaient pas prévu ce regain d’intérêt des citoyens pour l’élection de leurs représentants au Parlement européen. En France, c’est 50,1% des électeurs qui se sont rendus aux urnes. Cela représente une hausse de 8 points, soit 4 millions de votants supplémentaires. De même, l’ensemble des Européens se sont mobilisés pour faire entendre leur voix avec une participation qui s’élève à 50,8% dans l’ensemble de l’Union européenne. C’est un record inégalé depuis les élections européennes de 1994 tant en France qu’au niveau européen.
Cette tendance témoigne d’un intérêt croissant des citoyens pour les enjeux européens. Elle confirme les fortes attentes et aspirations des électeurs, qui souhaitent que l’Union trouve des solutions à plusieurs grands défis mondiaux. Enfin, les thématiques qui ont jalonné la campagne, telles que le Brexit, la gestion migratoire ou la lutte contre le réchauffement climatique, ont révélé l’émergence inédite d’une opinion publique européenne.
2. Un Parlement qui peut changer l’Europe
Malgré le score important du Rassemblement national en France avec 23,3% des voix, tout comme chez leurs alliés italiens, le vague nationaliste en Europe n’a pas eu lieu. Au contraire, si les deux principaux groupes du Parlement européen, les membres de la droite européenne et les sociaux-démocrates, sortent affaiblis de ce scrutin, le renforcement des libéraux et démocrates du centre et la percée des Verts illustrent une transformation du paysage politique européen. La grande coalition au Parlement européen, habituellement entre les deux grands groupes de la droite et de la gauche, ne pourra pas se passer cette fois-ci des centristes du groupe ALDE, où siègeront les élus de la liste Renaissance.
Et il faudra sans doute tenir compte de la progression importante des Verts, en France, en Allemagne et dans plusieurs pays de l’Union, pour constituer une large majorité au Parlement européen. Le point d’équilibre de cette coalition se déplace donc au centre gauche en prenant une forte coloration verte, ce qui met fin à la domination du Parti populaire européen de la droite et du centre. En France, même si le Rassemblement national fanfaronne en tête, les listes au programme pro-européen comptabilise plus de 60% des suffrages.
Grâce à la mobilisation des électeurs européens, la nouvelle composition du Parlement européen ouvre la voie à un changement de cap. En effet, les candidats, qui ont refusé le statu quo et qui veulent donner un nouveau souffle à l’Europe, arrivent en nombre au Parlement de Strasbourg. Ces résultats envoient un message clair : l’Union doit en faire davantage pour répondre aux préoccupations premières des Européens et aux grands défis mondiaux. Le besoin d’Europe a rarement été aussi fort.
3. Les jeunes créent la surprise
Dimanche, ce sont les jeunes qui ont créé une double surprise lors de ces élections européennes. D’abord, par leur mobilisation importante lors du vote avec une progression de la participation en France comme dans plusieurs pays. Ensuite, grâce à leurs actions pour le climat sur tout le continent, ils ont su imposer l’écologie au cœur du débat, et ce dans l’ensemble du spectre politique, concrétisant cet engagement dans les urnes.
Chez les 18-24 ans, la participation est de 39%, une progression inattendue de 14 points par rapport au scrutin de 2014. De même chez les 25-34 ans avec 40% de participation (27% en 2014). Et ce regain de participation témoigne du soutien massif des jeunes pour les partis écologistes. En France, la liste Europe Ecologie Les Verts a convaincu 25% des 18-24 ans. C’est le premier parti plébiscité par les jeunes, renversement complet du paradigme de 2014 où le Front national avait remporté 28% des suffrages des jeunes du même âge. Le phénomène se confirme avec les 25-34 ans qui placent EELV à 28%, contre 20% pour le RN et 17% pour Renaissance (LREM et alliés). Le mouvement ne concerne pas uniquement le cas français. En Allemagne, la situation est similaire et les jeunes offrent la 2e position au parti des Verts.
Les jeunes ont choisi lors de ces élections européennes, à la fois en France et dans le reste de l’Europe, de concrétiser leur mobilisation pour le climat dans les urnes. Loin du désintérêt pour la politique qui est souvent le marqueur de cette classe d’âge, les jeunes ont démontré leur intérêt pour les sujets européens et mondiaux : Ils ont voté pour affirmer haut et fort que l’Union européenne est la seule à pouvoir répondre aux grands défis de notre époque parmi lesquels la protection de l’environnement, et qu’il faut s’attacher à lui donner les moyens d’agir ces cinq prochaines années. Cette fois-ci, ils ont également fait le choix d’envoyer des candidats pro-européens les représenter au Parlement. Ils ont choisi l’espoir d’une meilleure Europe contre une internationale nationaliste.
Les jeunes ont choisi l’Europe, ce 26 mai, l’Europe ne doit pas les décevoir.
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