Elections régionales en Slovaquie : l’abstention en tête

, par Laura Mercier

Elections régionales en Slovaquie : l'abstention en tête
Des élections régionales ont eu lieu samedi 4 novembre 2017 en Slovaquie. CC - Daniel Antal

2017 est une année rythmée par de nombreux scrutins dans les Etats membres de l’Union européenne. Que ces élections soient nationales, fédérales, régionales, locales, elles sont toutes révélatrices et symptomatiques de tendances plus générales : les élections régionales qui ont eu lieu samedi 4 novembre en Slovaquie notamment.

Après des élections en Autriche, République Tchèque, Slovénie, c’était le tour des Slovaques de se rendre aux urnes, le 4 novembre dernier. Lors de ces élections régionales, les citoyens Slovaques – du moins, 30% d’entre eux – ont majoritairement soutenu l’opposition de droite, composée de plusieurs partis rassemblés pour l’occasion. Ils se partagent ainsi cinq des huit régions du pays, dont celle de la capitale Bratislava.

Bonne nouvelle ! L’extrême droite slovaque déchante

Alors qu’en 2016, le parti d’extrême droite Notre Slovaquie (LSNS) avait réalisé une percée considérable en remportant 14 sièges sur 150 au parlement national, celle-ci n’a pas été confirmée samedi dernier. Le leader du parti, Marian Kotleba, briguait un second mandat dans la région de Bystrica, dans le sud du pays. Il avait été élu « Joupan » (gouverneur/président de région) en 2013. Son parti, Notre Slovaquie, milite pour la sortie du pays de l’Union européenne, et fait régulièrement parler de lui pour ses propos racistes et anti-Roms. Les militants du parti se pavanent habillés en uniformes sombres qui rappellent bien trop les uniformes fascistes des années 30 et 40. Mais bonne nouvelle en Bystrica, Marian Kotleba ne sera pas reconduit à ses fonctions de gouverneur. C’est le candidat indépendant, Ján Lunter, qui a remporté les élections dans cette région du sud du pays. Jan Lunter, homme d’affaires, était soutenu par un front uni de partis anti-LSNS. L’autre figure du parti d’ultradroite, Milan Uhrik, a lui aussi perdu ce scrutin, dans la région de Nitra, dans le sud-ouest du pays. Finalement, seulement deux des 366 candidats du parti d’extrême droite ont été élus samedi dernier.

La débâcle des sociaux-démocrates

Pour la première fois, ces élections régionales étaient organisées en un seul tour. C’était le souhait de la coalition gouvernementale actuelle (SMER-SD), pensant ainsi éviter une débâcle nationale : un second tour aurait vraisemblablement mené à une opposition générale face aux partis de la coalition gouvernementale. Néanmoins, la débâcle a tout de même eu lieu. Le résultat du parti social-démocrate (SMER) du Premier Ministre, Robert Fico, s’inscrit-il dans une tendance plus générale à l’échelle européenne ? Les sociaux-démocrates ont récemment enchaîné les défaites électorales : le SPD allemand a connu une véritable hécatombe en septembre dernier, en réalisant le plus mauvais score de son histoire (20,5%). [1]. En République Tchèque, les récentes élections législatives ont également été marquées par une chute considérable du parti social-démocrate tchèque (CSSD), qui a perdu près de 13 points de pourcentage, et qui est arrivé en sixième position. [2]

Cette dynamique négative se poursuit donc pour la gauche de gouvernement en Europe, cette fois-ci en Slovaquie. Le SMER a perdu quatre des six régions qu’il gouvernait jusqu’alors. Il conserve seulement les deux régions de Trenčín et Nitra, dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays. C’est donc un véritable échec pour le Premier ministre slovaque, Robert Fico, et la fin de l’hégémonie de la social-démocratie en Slovaquie. Cette défaite dans les scrutins régionaux n’est que la suite logique des élections législatives de 2016, durant lesquels le parti de Robert Fico avait perdu 16 points de pourcentage par rapport aux élections de 2012.

Victoire de…l’abstention

Dernier fait notable, ces élections régionales n’ont pas réussi à mobiliser et à intéresser les électeurs slovaques : seulement 30% d’entre eux se sont rendus aux urnes. On note pourtant une hausse par rapport aux précédentes élections de 2013 (20%). Mais les slovaques ne sont pas les seuls à s’abstenir. En Slovénie, le premier tour des élections présidentielles du 22 octobre a mobilisé 43% des électeurs. On pourrait relater les taux d’abstention des nombreux scrutins qui ont eu lieu cette année dans les Etats membres de l’Union européenne. Ils révèlent tous un désenchantement, une frustration, des désaccords profonds…les interprétations et les explications sont multiples. La France n’échappe pas à la règle.

L’abstention est révélatrice de la démobilisation croissante des électeurs à travers l’Europe. Pourtant, les réponses proposées restent invariablement nationales, les soirées de debrief électoral se ressemblant étrangement d’un pays à l’autre. Partout, l’on pointe du doigt l’opposant politique, le gouvernement en place, les médias nationaux. Il est donc nécessaire d’envisager l’abstention comme un phénomène d’envergure (au minimum) européenne, ce qui pose des questions sur les fondements de nos démocraties représentatives.

Notes

[1Elections en Allemagne : le jeu du chamboule-tout électoral http://www.taurillon.org/9330

[2La droite populiste d’Andrej Babis remporte les élections tchèques https://www.taurillon.org/9432

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