Cela fait plusieurs semaines que les Allemands se rassemblent face à une menace : la montée du parti d’extrême droite AfD (Alternative für Deutschland) qui se plaçait très tôt dans les sondages comme la deuxième force politique du pays. La campagne électorale allemande s’est donc déroulée dans un climat de tensions, notamment autour de la question migratoire. Ces dernières ont atteint leur apogée le 29 janvier dernier lorsque la CDU a fait passer une motion visant à durcir la politique migratoire allemande … avec les voix de l’AfD. Suite à cet évènement, de nombreuses manifestations ont eu lieu, dont une qui a rassemblé près de 200 000 personnes à Berlin le 2 février. Une mobilisation qui s’est traduite dans les urnes puisque les élections législatives de 2025 présentent le plus haut taux de participation depuis plus d’une décennie. D’après les premières estimations, ce taux était autour de 83-84% contre 76% en 2021.
La CDU sort vainqueur de ces élections
Pas de surprise pour le parti qui arrive en tête du scrutin. La CDU et son candidat à la chancellerie Friedrich Merz obtiennent environ 29% des voix, faisant de l’Union le parti le plus représenté au Bundestag. Elle améliore son score de presque cinq points par rapport à 2021. Ce résultat vient donc renverser l’équilibre des forces du Parlement allemand, le parti majoritaire depuis les dernières élections législatives étant le SPD.
Friedrich Merz, qui devrait être le successeur d’Olaf Scholz à la chancellerie, a dit vouloir former un gouvernement d’ici Pâques pour faire face aux enjeux internationaux. Durant la campagne, il avait exclu la possibilité d’une coalition avec l’AfD, au nom du fameux Brandmauer ou cordon sanitaire. Le chancelier actuel Olaf Scholz a dit ne pas vouloir être le porte-parole des négociations de coalition pour le SPD.
Un score inédit pour l’AfD
Si la CDU arrive en première position de ces élections, la victoire est d’autant plus significative pour l’AfD. Celle-ci récolte plus de 20% des voix, un record depuis sa création en 2013. Elle passe donc de la cinquième force politique à l’échelle nationale à la seconde. Elle avait déjà réalisé des scores historiques lors d’élections régionales [notamment en Thuringe et en Saxe https://www.taurillon.org/elections-regionales-en-allemagne-une-nouvelle-zeitenwende] en 2024. Suite aux premières estimations, Alice Weidel, la cheffe de file du parti salue cette victoire historique : « Nous n’avons jamais été aussi forts au niveau national. », a-t-elle déclaré.
Durant la journée de scrutin des manifestants se sont rassemblés devant le siège de l’AfD à Berlin. La veille, des affrontements avaient eu lieu dans la capitale allemande entre des défenseurs de l’AfD et ses opposants. Le climat de tensions ne semble donc pas s’être apaisé avec le scrutin, et il est probable que la population continue de se mobiliser pendant les négociations de coalition.
La douche froide pour le SPD
Si les partis de droite et d’extrême droite peuvent se réjouir des résultats, les partis de l’ancienne coalition tricolore ressortent, quant à eux, affaiblis. Le SPD d’Olaf Scholz arrive en troisième position avec environ 16 % des voix contre 25,7% en 2021 soit près de 10 points de moins. Le chancelier a tout de même dit assumer la responsabilité de sa défaite. Il concède la victoire à son rival Friedrich Merz : « Le résultat des élections est mauvais et j’en assume donc la responsabilité. ».
Mais le SPD n’est pas le seul parti à subir une débâcle. Les Verts récoltent 11,8% des voix soit une perte de 2,9 points par rapport à 2021 et les libéraux du FDP ne recueillent que 4,4% des voix, ce qui ne leur permet pas d’obtenir des sièges au Bundestag (le seuil étant de 5%). Reste à savoir quels partis se retrouveront dans la coalition. L’hypothèse privilégiée est celle d’une grande coalition entre la CDU et le SPD, une configuration qui a été choisie plusieurs fois dans le passé.
Toute la gauche n’a cependant pas essuyé une défaite. Le parti de gauche die Linke récolte 8,7% des voix leur permettant d’obtenir 25 sièges de plus qu’en 2021. En revanche, le parti de gauche populiste l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), né d’une scission de la gauche, n’a pour l’instant pas dépassé les 5% (4,9%) pour entrer au Bundestag.
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