Espace : un budget et des ambitions en expansion

, par Sophia Berrada

Espace : un budget et des ambitions en expansion
Massimiliano Salini (PPE), rapporteur de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie pour le programme spatial de l’UE (source : Parlement européen)

Les eurodéputés ont adopté mercredi 28 avril le nouveau programme spatial de l’UE, après un débat en plénière dans un hémicycle plus clairsemé (covid oblige) que constellé. Finis les temps où l’espace était une préoccupation secondaire en Europe. Au menu de ce programme cosmique, la création d’une nouvelle agence, une séance de musculation pour les deux vedettes Copernicus et Galileo, des préoccupations sur les questions de défense et l’esquisse d’un New Space à l’européenne.

A l’instar de l’univers, le budget que l’UE alloue à l’espace est en expansion : 14,8 milliards d’euros pour le budget 2021-2027 quand celui du mandat précédent s’élevait à 12,6 milliards. Le montant est inférieur à celui qu’ambitionnait le Parlement européen (16,9 milliards d’euros), mais résulte d’un accord conclu en décembre dernier entre les négociateurs de l’hémicycle et ceux du Conseil européen, ce dernier l’ayant ratifié le 19 avril dernier. Il est aussi prévu de faire des économies en concentrant les efforts fournis par les différents acteurs actuels au sein d’une même et seule structure.

L’Agence du GNSS européen est morte, vive l’Agence de l’UE pour le programme spatial !

“Il manquait à l’Europe un corps unitaire, une stratégie commune européenne, qui permette de décider du rôle du programme spatial européen” annonçait Massimiliano Salini (PPE), le rapporteur, en préambule du débat. Les 3 programmes déjà existants (Galileo, Copernicus et EGNOS) fusionneront donc avec deux nouvelles initiatives : l’une (SSA) liée à la surveillance de l’espace et au suivi des objets et débris spatiaux, l’autre (Govatscom) sera consacrée aux communications intergouvernementales par satellites. Le cadre juridique existant dans l’UE en matière de politique spatiale ainsi simplifié et rationalisé, le nouvel organe se verrait confier davantage de missions et de ressources. Celui-ci devrait siéger à Prague.

Une convention financière de partenariat-cadre doit être conclue entre la Commission européenne, l’Agence de l’UE pour le programme spatial et l’Agence spatiale européenne (l’agence intergouvernementale qui rassemble une vingtaine de pays européens et travaille étroitement avec les institutions de l’UE) pour consolider la gouvernance et coordonner les activités de chacun.

Copernicus et Galileo (figaro - Magnifico !), Queen du programme spatial

Mastodontes cosmiques ils sont, mastodontes cosmiques ils resteront. Le programme Copernicus qui observe la Terre sous toutes les coutures depuis son orbite pour collecter des données en continu sur son état de santé, et celui de géolocalisation Galileo font la fierté de l’Union européenne et aimantent donc toutes les attentions.

Copernicus, dont les engins de nouvelle génération doivent bientôt être propulsés, recevra 5,42 milliards d’euros pour entretenir et améliorer les outils nécessaires “pour surveiller les dégagements de CO2 et atteindre les objectifs du Green deal” comme le rappelait Christophe Grudler (Renew) et “prévenir les catastrophes naturelles” soulignait Damian Boeselager (Verts/ALE). Galileo et EGNOS (le système de navigation par recouvrement géostationnaire) recevront, eux, une enveloppe de 9,1 milliards d’euros.

Un New Space à l’européenne

On ne présente plus Elon Musk, dont les ambitions spatiales conjuguées à un portefeuille bien rempli lui permettent de signer des contrats avec la NASA. Il n’est pas le seul acteur privé étasunien à tutoyer les étoiles, mais on ne lui connaît pas d’homologues de la même envergure sur le vieux continent. Ce mouvement d’ouverture de l’espace à des industriels pourrait tout de même commencer à trouver un écho européen, c’est en tout cas ce que veut porter ce programme spatial de l’UE. “Nos interlocuteurs sont aussi le nombre incroyable de PME, de start-up qui essaient d’accéder à ce défi spatial et de rentrer dans la chaîne de valeur ajoutée” explique le rapporteur Salini, une voie que Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur et à l’industrie, qualifie de “New Space européen”. L’objectif ? Permettre de créer des emplois (230 000 à la clé, rappelle le député S&D Nicolás Gonzáles Casares), “renforcer l’autonomie de l’UE”, souligne l’eurodéputée PPE Pilar Del Castillo Vera, et encourager l’innovation.

Vigilance quant à la défense dans l’espace

“Nos satellites sont vulnérables, il faut les protéger”, exhorte l’eurodéputé S&D Robert Hajsel. Au micro de l’hémicycle plusieurs eurodéputés ont attiré l’attention sur l’état de tension qui règne dans le cosmos, et sur la nécessité d’approfondir la politique de défense spatiale de l’Union européenne. Clare Daly, eurodéputé irlandaise de la Gauche européenne, en revanche, regrette cette militarisation forcée : “l’Union européenne rentre dans le jeu lancé par les Etats-Unis qui voient l’espace comme un nouvel espace de défense et disent que nous ne pouvons pas être un acteur géopolitique si on n’y est pas. C’est dommage car l’espace a toujours été un espace de coopération”.

Avec ce programme spatial, l’espace devrait toutefois être le théâtre d’une plus grande coopération au sein de l’Union européenne. L’eurodéputé Niklas Nienass (Verts/ALE) remarquait que “les étoiles sur notre drapeau ne sont pas une coïncidence”, symboles d’unité et de solidarité, il s’est amusé d’en avoir ici une lecture littérale plus que métaphorique.

Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom