Le Big Stick : un outil de domination internationale
“Parler doucement et porter un gros bâton.” C’est ainsi que Roosevelt définissait sa doctrine, une stratégie diplomatique fondée sur la persuasion, mais appuyée par la force militaire et économique. Aujourd’hui, Donald Trump applique une version modernisée de celle-ci, en combinant pressions économiques, militaires et stratégiques pour imposer la domination étatsunienne. Dès son investiture, Trump a multiplié les décisions unilatérales et les démonstrations de force. L’intensification de la guerre commerciale avec la Chine en est un parfait exemple avec des sanctions économiques massives contre les entreprises chinoises et des opérations militaires accrues autour de Taïwan.
Sur le flanc occidental aussi, Trump fait pression sur l’Europe et l’OTAN. Il exige que les alliés européens augmentent leur budget militaire à 5% du PIB, et réduisent leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie pour renforcer une défense européenne. C’est dans la continuité de son projet de 2019, que le président américain a remis à l’ordre du jour son projet d’achat du Groenland, jugé crucial pour la stratégie américaine dans l’Arctique.
Le Groenland, un enjeu stratégique au cœur du Big Stick
Loin d’être une lubie immobilière, la volonté de Trump d’acquérir le Groenland s’inscrit dans une logique d’expansion militaire et économique, cohérente avec la doctrine de Roosevelt. Situé à un carrefour géopolitique majeur, ce territoire arctique serait un atout certain pour les États-Unis, tant pour la surveillance militaire que pour le contrôle des nouvelles routes commerciales ouvertes par la fonte des glaces. La base aérienne de Thulé, déjà opérationnelle, renforce la présence américaine en Arctique et permet un suivi accru des activités russes et chinoises. En parallèle, le Groenland regorge de terres rares, essentielles à l’industrie technologique et militaire, offrant ainsi aux États-Unis un moyen de réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine. Malgré le rejet du Danemark et de l’Union européenne, Washington continue d’étendre son influence par des investissements, des accords économiques et un renforcement militaire, affirmant ainsi sa volonté de dominer l’Arctique sans concession.
L’Union européenne face à l’expansionnisme américain
L’annonce de Trump a provoqué la réaction immédiate du Danemark et de l’Union européenne. Copenhague, déjà opposé à l’idée en 2019, a immédiatement rejeté la proposition, dénonçant une tentative de mise sous tutelle d’un territoire autonome danois.
Face à cette nouvelle pression, le Danemark a renforcé ses liens avec l’Union européenne, plaidant pour une plus grande implication de celle-ci dans la défense de l’Arctique. De son côté, l’UE a officiellement condamné l’initiative américaine, la jugeant contraire aux principes du droit international et à la souveraineté danoise. L’Union a également intensifié son soutien à la présence européenne en Arctique, en proposant des investissements accrus et en renforçant la coopération avec le Danemark et le Groenland pour contrer l’influence américaine dans la région. Toutefois, certains États membres, notamment ceux de l’Est, comme la Pologne et la Lituanie, souvent plus proches des États-Unis sur les questions de sécurité, restent divisés sur l’attitude à adopter face à Washington. Cette fracture interne affaiblit la position de l’UE, alors même que la région arctique devient un nouvel épicentre des rivalités géopolitiques entre les grandes puissances.
Un enjeu stratégique pour l’avenir
Avec la fonte des glaces, l’Arctique est devenu le théâtre majeur de compétition pour le contrôle des ressources naturelles et des nouvelles routes maritimes. La base américaine de Thulé joue un rôle clé dans la surveillance militaire et la projection de puissance des États-Unis dans la région. En intensifiant ses pressions pour contrôler le Groenland, Trump ne cherche pas seulement un territoire stratégique : il veut assurer une domination américaine durable sur l’Arctique, en excluant autant la Chine que l’Europe de cette région en pleine mutation.
Face à cette dynamique, la question reste ouverte : l’Union européenne saura-t-elle s’affirmer comme un acteur clé en Arctique, ou laissera-t-elle les États-Unis imposer leur loi du Big Stick sur cette région cruciale pour l’avenir géopolitique mondial ? Et surtout, jusqu’où Trump est-il prêt à aller pour imposer sa vision du monde ?
Suivre les commentaires :
|
