Si aujourd’hui, au mois de juin 2021, l’équipe de France de football attire tous les regards avec ses ambitions de sacre européen, l’engouement était loin d’être identique lors de la quatrième édition du championnat d’Europe des Nations, en 1972. En effet, plus de sept millions de téléspectateurs français ont pu envier les 5 000 chanceux des travées du Stade de France mardi 8 juin, à l’occasion du match de préparation remporté face à la Bulgarie (3-0), alors que les Bleus ont eu toute la peine du monde à attirer 10.000 spectateurs au stade Gerland de Lyon en 1970 pour leur premier match de qualifications de cet euro version 1972.
32 nations européennes, divisées en 8 groupes de 4 sont en joutes pour se qualifier pour un Euro alors constitué du seul “dernier carré” et auquel seuls les premiers de chaque groupe peuvent prétendre. Les tricolores se retrouvent face aux Hongrois, aux Bulgares ainsi qu’aux Norvégiens. Ils ne feront pas de miracle et confirmeront leur piètre niveau de jeu de l’époque, en terminant 3ème de leur groupe derrière les deux pays du bloc de l’Est et devant la Norvège.
La Belgique bronzée
Pas de rancœur dans l’Hexagone contre l’Europe : les Français votent, lors du référendum du 23 avril 1972, en faveur de l’élargissement de l’Union européenne et de l’intégration de la Grande-Bretagne, de l’Irlande, du Danemark et de la Norvège à plus de 68%. Scénario différent en Scandinavie ? L’histoire ne dira pas si l’Euro 1972 y a contribué, mais les Norvégiens refuseront cinq mois plus tard, par référendum là aussi, l’intégration aux communautés européennes par 54% des voix.
Si l’Europe est le théâtre d’événements sanglants en 1972 avec le Bloody Sunday en Irlande du Nord ou encore la Prise d’otages aux Jeux de Munich, l’Euro 1972 se déroule sans encombre. C’est la Belgique qui, forte de sa qualification en demi-finales, a l’honneur d’accueillir la compétition. Malheureusement pour les Diables Rouges, ils devront se contenter d’une médaille de bronze acquise lors de la petite-finale face à la Hongrie (2-1). Leur défaite en demi-finale ne sera pourtant pas considérée comme un grand échec, et pour cause : les Belges obtiennent là leur meilleur résultat et ils se sont inclinés (1-2) face à une équipe ouest-allemande que beaucoup considèrent encore aujourd’hui comme étant « la plus belle Nationalmannschaft de l’histoire ».
Une Mannschaft légendaire
L’équipe alignée par la République fédérale allemande (RFA) de 1972 était composée de plusieurs des meilleurs joueurs de l’Histoire : Gerd Müller, attaquant de pointe aux 676 buts en 747 matchs professionnel ; Franz Beckenbauer, ballon d’or de cette année 1972 et premier joueur défensif de l’histoire à l’obtenir ; Günter Netzer, maître à jouer au style de rockeur ou encore Sepp Maier, gardien de but dont le journaliste sportif Darren Tulett dira qu’il avait « des mains énormes, et un talent de la même taille », sont autant de légende du football allemand. Rentre aussi dans cette catégorie le sélectionneur de l’équipe, Helmut Schön, certainement l’un des plus grands de tous les temps. Il officia de 1964 à 1978 et est resté comme l’un des deux seuls sélectionneurs de l’histoire à avoir fait le doublé Euro-Coupe du Monde, avec l’espagnol Vicente del Bosque.
Ensemble et entourés de très bons coéquipiers, ils mènent la RFA à la victoire finale face à une équipe d’URSS sur le déclin qui, après avoir gagné la première édition de l’Euro en 1960 et atteint la finale lors de la deuxième en 1964, prenait là part à son avant-dernier championnat d’Europe de football avant de disparaître. Un doublé de ce diable de Gerd Müller et une réalisation de l’infatigable Herbert Wimmer offrent une victoire nette et sans bavure 3 à 0 à l’Allemagne. Si ce succès reste celui du terrain, il est aussi possible d’y voir une victoire du soft power occidental sur les soviétiques, dans un contexte de guerre froide où chaque petite preuve de supériorité est bonne à prendre.
Quelques jours après la finale de l’Euro, le 23 juin 1972, un événement majeur du football survient, en dehors de tous les radars. Dans le quartier de La Castellane à Marseille, deux immigrés algériens attendent la naissance de leur cinquième enfant. Vient au monde une légende : Zinédine Zidane. Qui a dit que l’année 1972 était une mauvaise année pour le football français ?
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