La sixième édition du championnat d’Europe de football connaît un grand changement : alors qu’auparavant les quatre meilleures équipes issues des tours préliminaires se retrouvaient l’espace de quelques jours pour en découdre, le nombre de participants a désormais doublé. Un agrandissement de la compétition footballistique reine du continent en écho à celui des Communautés européennes, qui ont accueilli le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark le 1er janvier 1973.
Cet été 1980 voit le continent s’agiter, comme en Pologne où les ouvriers des chantiers navals de Gdansk, emmenés par Lech Walesa, débutent un mouvement de grève majeur. Les membres des Communautés européennes multiplient les échanges, un an après les premières élections au suffrage universel direct du Parlement européen auxquelles les citoyens des pays membres ont participé en nombre (62 % de participation).
Les neuf pays membres s’apprêtent à en recevoir un 10e, la Grèce, qui déposait sa candidature en 1975 et deviendra officiellement membre des Communautés européennes le 1er janvier 1981.
Groupe 1 : les deux derniers finalistes encore au-dessus
Sur le terrain aussi il s’agissait d’une première pour la Grèce, qui fait partie des huit équipes encore en lice pour le tournoi final organisé en Italie du 11 au 22 juin 1980. Elle se retrouve dans un groupe, nouveauté de cette édition, avec les Pays-Bas, 3e du dernier Euro, l’Allemagne de l’Ouest, finaliste, et le tenant du titre tchécoslovaque. Les rencontres ne connaissent pas un grand succès populaire et plusieurs stades sonnent creux.
Dans ce groupe compliqué à pronostiquer, les Allemands ont pris leur revanche sur la Tchécoslovaquie qui les avait vaincus en finale en 1976 (1-0). Ensuite, lors de la rencontre peut-être la plus spectaculaire de cette édition, l’Allemagne de l’Ouest prend le meilleur sur les Pays-Bas grâce à une victoire 3-2, et se contente d’un dernier nul 0-0 contre la Grèce. La Tchécoslovaquie bat de son côté les Grecs puis obtient un nul contre les Pays-Bas (1-1), des résultats suffisants pour retrouver les demi-finales une troisième fois en six tournois. La Grèce termine logiquement dernière du groupe et ne parviendra plus à se qualifier pour un Euro jusqu’en 2004, année où elle y marquera l’Histoire...
Groupe 2 : Rossi suspendu, Keegan inefficace et la Belgique en finale
Dans le groupe du pays hôte, l’Italie doit faire sans son buteur Paolo Rossi, impliqué dans un scandale de matches et paris truqués, dit du « Totonero » en 1980. L’attaquant est suspendu trois ans au départ, deux finalement, et réalise un énorme Mondial 1982, offrant le titre à la Squadra Azzurra et finissant ballon d’or. Mais en 1980, l’Italie doit faire sans. Elle commence sa compétition le 12 juin 1980 par un nul 0-0 contre l’Espagne.
La Belgique, elle, fait face à une équipe anglaise qui n’avait connu aucune difficulté en éliminatoires et pouvait s’appuyer sur son attaquant Kevin Keegan. Le joueur de l’Hamburger SV, Ballon d’Or 1978 et 1979, ne parvenait cependant pas à marquer en trois matchs, et les Anglais ne pouvaient faire mieux qu’un nul contre la Belgique (1-1) avant de perdre contre l’Italie (1-0) puis de battre l’Espagne (2-1). Une victoire insuffisante puisque les Belges, vainqueurs de l’Espagne (2-1), parviennent à contenir l’Italie (0-0) et se qualifient pour la première fois de leur histoire en finale de l’Euro de football.
Parmi les héros inattendus de la sélection belge, Wilfried Van Moer. Triple champion de son pays avec le Standard de Liège entre 1969 et 1971, Van Moer participait au retour des Diables Rouges au Mondial 1970, après seize ans d’absence. À cause de blessures au genou, il n’est plus appelé dans la sélection jusqu’en 1979. Il dispute alors l’Euro de football, à l’âge de 35 ans. En patron du milieu de terrain, il fait partie des joueurs majeurs qui guident la Belgique vers une première finale.
La ‘girafe’ frappe deux fois
Dans cette édition de l’Euro 1980, pour la dernière fois, un match est joué pour la médaille de bronze. C’est aussi la dernière fois que la sélection de Tchécoslovaquie se retrouve dans le dernier carré (la Tchéquie y parviendra à nouveau en 2004). Le suspense entre Tchécoslovaquie et Italie est maintenu jusqu’au bout, le match se terminant sur le score de 1-1 et se décidant sur une séance de tirs aux buts au cours de laquelle les 17 premiers tireurs réussissent à marquer. La Tchécoslovaquie l’emporte.
La finale est plus animée. L’Allemagne de l’Ouest, qui parvient encore à rallier l’ultime match de la compétition pour la troisième fois d’affilée (record en la matière) ouvre le score après 10 minutes, grâce à Horst Hrubesch. Ce joueur, attaquant d’1,88m, surnommé parfois “la girafe”, n’était pas dans les plans initiaux du sélectionneur mais il remplaçait Klaus Fischer, blessé. Hrubesch ne jouera dans toute sa carrière que 21 matchs pour l’équipe d’Allemagne, marquant six buts, dont deux ce 22 juin 1980. En effet, alors que le pressing des Belges était récompensé par un penalty transformé par René Vandereycken, l’Allemagne marquait dans les ultimes instants de la partie, par l’intermédiaire de son attaquant de grande taille.
La Belgique réalisait là sa meilleure performance sur la scène footballistique continentale et n’avait pas à rougir. Mais l’Allemagne de l’Ouest, abonnée aux finales, possédait une génération dorée, participant également à celles des Coupes du monde 1982, 1986 et 1990. Au cours de cet Euro 1980, deux autres joueurs s’illustrent particulièrement, Bernd Schuster et Karl-Heinz Rummenigge. Le second termine Ballon d’Or cette année, devant le premier.
L’Allemagne de l’Ouest est la première nation à remporter un second titre européen. Elle sera la première à en remporter un troisième, avec une sélection réunifiée, en 1996, et reste à ce jour l’équipe la plus titrée de la compétition, à égalité avec l’Espagne, et avec un trophée de plus que la France, finaliste malheureuse chez elle en 2016.
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