Euro rétro 2012 : Un triplé inédit pour l’Espagne

, par Jérôme Flury

Euro rétro 2012 : Un triplé inédit pour l'Espagne
Photo : PXhere

Alors que l’édition 2020 du championnat d’Europe des nations, voulue comme une édition anniversaire afin de célébrer les soixante ans de la création de la compétition se déroule finalement en juin 2021 dans onze pays différents, le Taurillon propose de revenir sur l’histoire du tournoi. Contexte politique, résultats sportifs, replongez en arrière et revivez ces chapitres du roman du football continental.

Une démonstration. Le résultat de la finale est sans équivoque et le champion en titre a prouvé qu’il était toujours au sommet. Ce 1er juillet 2012, l’Espagne bat l’Italie 4-0 et s’offre un triplé inédit dans l’histoire de ce sport après ses succès à l’Euro 2008 et au mondial 2010. Point final d’une belle édition, la dernière à 16 équipes, avec une densité au niveau sportif intéressante.

Ce 14e championnat d’Europe a été accueilli par deux pays voisins, la Pologne et l’Ukraine. Le Comité exécutif de l’UEFA l’actait en 2007, alors que l’Italie avait jusque-là la faveur des pronostics et qu’un autre binôme, le ticket Hongrie-Croatie, était aussi candidat. Entre l’édition 2008 et l’édition 2012 du championnat d’Europe, une certaine instabilité a gagné la planète, de la crise financière aux Printemps arabes, en passant par la guerre civile en Syrie. La réélection de Barack Obama aux Etats-Unis semble être l’un des rares points de stabilité.

Concernant l’actualité de l’Union européenne à cette époque, l’initiative citoyenne européenne (ICE) devient opérationnelle : elle permet aux citoyens d’inviter directement la Commission à légiférer sur un sujet donné. Dans un tout autre registre, l’UE lance également avec succès ses deux premiers satellites Galileo. Avec un objectif clair : disposer de son propre système de navigation par satellite. Et dans cette année 2012 agitée, l’Union européenne reçoit le prix Nobel de la paix.

Ce championnat d’Europe organisé en Pologne et Ukraine soulève des objections. La géopolitique n’est en effet jamais loin des compétitions sportives et la polémique de l’été est celle du sort réservé à l’ancienne première ministre Ioulia Tymochenko, condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir. La Commission européenne annonce en mai son intention de boycotter l’Euro de football, à l’instar de plusieurs gouvernements du continent.

France, Angleterre et Italie retrouvent leur football

Dans ce contexte, la parenthèse footballistique formée par cette nouvelle édition du championnat d’Europe est tout de même rafraîchissante. Tous les anciens vainqueurs de la compétition sont présents et les affiches de prestige s’enchaînent. Le tournoi est spectaculaire, du but marqué d’une reprise de volée de Zlatan Ibrahimovic contre la France en phase de groupe au coup de canon de Mario Balotelli qui élimine l’Allemagne en demi-finale.

Les deux pays hôtes, Pologne et Ukraine, ne franchissent pas la phase de poules, tout comme les Pays-Bas, finalistes du dernier Mondial et qui affichent un zéro pointé dans cet Euro. Quant à la Croatie, dont les habitants ont voté le 22 janvier au cours d’un référendum pour adhérer à l’Union européenne, elle est également éliminée après la phase de groupe malgré les 4 points obtenus (lors de l’édition suivante, le Portugal termine vainqueur alors qu’il n’affiche que 3 points après les trois premiers matchs).

Parmi les rencontres aux connotations éminemment politiques se trouve le match Allemagne-Grèce, alors que “la Grèce, écrasée par le poids de sa dette publique, a été mise sous perfusion financière par l’Union européenne et le FMI, qui ont exigé en échange de leur aide, et notamment sous l’impulsion de la riche Allemagne, un plan de rigueur drastique, qui a fortement dégradé les conditions de vie dans le pays”, rappelait RFI.

Certaines nations profitent de ce tournoi pour se relancer. C’est le cas de la France, qui sort d’un Euro 2008 puis d’une Coupe du monde 2010 catastrophiques, et qui parvient à finir 2e de son groupe, malgré quelques tensions et polémiques toujours présentes. Elle sort cependant sans faire de miracle en quart contre le tenant du titre espagnol. L’Angleterre, pas qualifiée en 2008, retrouve les frissons de la compétition continentale et termine première du groupe D devant les Bleus, avant de perdre en quart de finale aux tirs aux buts contre l’Italie.

L’Italie de son côté, qui affronte l’Espagne lors de son premier match dans cet Euro, cherche aussi à se reprendre. Après avoir été éliminée en 2008 par… l’Espagne en quart, la Squadra Azzurra est passée complètement à côté du Mondial 2010, terminant dernière de son groupe. Cette fois, l’Italie, menée par une icône comme Andrea Pirlo, techniquement impressionnant, un gardien charismatique tel que Gianluigi Buffon, et un attaquant au caractère bien trempé mais capable d’éclairs de génie, Mario Balotelli, se fraye un chemin jusqu’en finale. Le match référence étant certainement la demi-finale où l’Italie écoeure l’Allemagne (2-1), future championne du monde.

L’Espagne au sommet de sa gloire

L’autre demi-finale est également un énorme choc entre les voisins portugais et espagnol. Les Portugais, finalistes malheureux en 2004, peuvent compter sur un Cristiano Ronaldo en grande forme. Aucune équipe ne marque dans cette rencontre qui se joue aux tirs aux buts. Les Espagnols commencent la séance par un raté de Xabi Alonso, mais se qualifient finalement (4-2 aux tirs aux buts). Le Portugal confirme cependant son niveau, étant la seule équipe à ne pas prendre de but du champion d’Europe et du monde. Rendez-vous est donné quatre ans plus tard pour les partenaires de Cristiano Ronaldo…

La finale, qui offre des retrouvailles entre Italie et Espagne, tourne à sens unique mais récompense une génération espagnole flamboyante. Le sort s’est acharné sur l’Italie, l’équipe devant terminer à 10 alors que Thiago Motta se blesse à trente minutes du terme et ne peut plus être remplacé. En face, la Roja est lumineuse et réalise un exploit jamais vu dans l’histoire du football en remportant donc Euro 2008 - Mondial 2010 et Euro 2012.

Le tout en conservant ses principes de jeu, basés sur une possession et un redoublement de passes, possible grâce à des joueurs exceptionnels, notamment au centre du terrain. Andres Iniesta, unique buteur de la finale de la Coupe du monde 2010, est nommé joueur de l’Euro 2012. Xavi Hernandez, passeur décisif en finale en 2008, réalise cette fois deux passes décisives ce 1er juillet 2012. Et si au total six joueurs ont inscrit trois buts dans la compétition (dont Mario Gómez, Mario Mandžukić, Mario Balotelli, Cristiano Ronaldo et Alan Dzagoïev), c’est Fernando Torres qui est sacré meilleur buteur, ayant joué moins de minutes. Une réussite à toutes les lignes.

Mais toute série a une fin et le ce sacre étincelant est le début du crépuscule ibérique. En 2014, l’Espagne sort dès la phase de groupe du Mondial, lâchant sa première couronne. En 2016, elle est sortie en huitièmes de l’Euro, face à… l’Italie, perdant sa deuxième couronne. Un rappel de l’immensité de cet exploit réalisé à l’été 2012.

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