Européennes 2019 – La protection de l’environnement : une priorité autant à droite qu’à gauche

, par Louise Guillot

Européennes 2019 – La protection de l'environnement : une priorité autant à droite qu'à gauche
Crédits photo : NASA / Source : Rawpixel Gardes côtes de la mission ICESCAPE (pour « Impacts of Climate on Ecosystems and Chemistry of the Arctic Pacific Environment »)

Les élections européennes auront lieu dans quelques jours. Il est donc temps de faire le point sur les propositions et les programmes des différentes listes candidates en France. Alors que l’environnement est considéré comme un thème central de ce scrutin et que ce sujet progresse parmi les préoccupations des Français, le Taurillon vous aide à analyser et à décrypter les programmes.

L’environnement, présent dans tous les programmes

Plusieurs partis à l’image de Génération.s (G.s), Place Publique-Parti Socialiste-Nouvelle Donne (PP-PS-ND), Europe Ecologie Les Verts (EELV) ou encore La République en Marche-Modem-Agir (LREM) ont choisi de faire de la protection de l’environnement et de la lutte contre le changement climatique un thème central de leur programme. Ils ont pour certains placé ce dernier en tête de leurs propositions. Par exemple, Les Républicains (LR), EELV, Génération.s ou la France Insoumise déclarent tous vouloir achever une Europe zéro carbone d’ici à 2050, ce qui permettrait d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le Climat.

Même le Rassemblement National (RN) ou Debout la France (DLF), qui rejettent pourtant l’esprit du projet européen et l’Union Européenne (UE) actuels, intègrent de plus en plus de propositions environnementales dans leurs programmes, ce qui n’était pas le cas par le passé. A titre d’exemple, le RN propose de se tourner vers le « localisme » et d’instaurer une version de l’écologie s’appuyant sur une Europe des nations souveraines. Jordan Bardella, tête de liste du RN, déclarait au Figaro le 14 avril dernier : « le meilleur allié de l’écologie, c’est la frontière. C’est par elle que nous sauverons la planète ».

Debout la France semble s’inscrire dans cette même lignée puisque le parti souhaite « instaurer des droits de douane « anti-pollution » aux frontières de l’Europe pour protéger notre environnement, nos emplois et notre mode de vie des importations déloyales ».

Banque pour le climat, une proposition largement partagée

Cela ne vous aura sûrement pas échappé, la création d’une banque européenne pour le climat est dans la bouche de nombreux candidats aux élections européennes. En effet, autant Place Publique-PS-ND, qu’EELV, Génération.s ou encore LREM, tous souhaitent créer une banque pour le climat pour financer l’investissement dans les technologies propres et accompagner la transition écologique.

Place Publique-PS-ND reprend les travaux de l’économiste Pierre Larrouturou (candidat sur la liste à la cinquième position) et du climatologue Jean Jouzel pour mettre en avant un pacte finance climat biodiversité. Ce pacte s’appuierait sur un budget européen pour le climat de 500 milliards d’Euros sur cinq ans et d’une banque dédiée pour aider au financement de la transition écologique. A ce titre, le mouvement propose de ne pas comptabiliser les dépenses liées à cette transition dans le calcul des fameux 3% de déficit public autorisés pour que les Etats membres respectent les critères de convergences de Maastricht. L’objectif principal derrière cette proposition ? Faciliter l’investissement public dans cette transition « écologique et sociale » prônée par le parti.

LREM veut, grâce à un « Pacte de soutenabilité » (dont les contours restent encore très flous), que soit consacrer au moins 1000 milliards d’Euros à la transition écologique d’ici à 2024 en Europe. Génération.s prévoit de dégager 500 milliards d’Euros d’investissement par an pour la rénovation thermiques des logements ou encore le développement de transports propres. Le parti souhaite à ce titre interdire aux banques d’investir dans les projets d’énergies fossiles et intégrer les objectifs climatiques de l’Accord de Paris dans le mandat de la Banque Centrale Européenne.

Les Républicains veulent quant à eux mettre en place un plan européen pour le climat dont l’objectif serait de financer la transition écologique en permettant à la Banque européenne d’investissement, aux Etats membres, aux collectivités locales et régionales, mais aussi aux entreprises et indirectement aux particuliers, d’emprunter à des taux avantageux et ainsi de débloquer de nouveaux capitaux.

Pour une justice climatique

La question de la justice climatique est abordée dans plusieurs programmes. La France Insoumise (FI) souhaite créer un « tribunal international de justice climatique et contre les écocides (crimes écologiques) pour juger États et multinationales » qui, par leurs actions ou leurs activités, porteraient atteinte à l’environnement. EELV veut également que l’écocide et l’écocrime soient officiellement reconnus par et dans l’Union européenne, et demande la mise en place d’un parquet européen autonome à même de les juger. Mais le parti va encore plus loin en demandant la reconnaissance de « droits à la nature » (aux fleuves, océans, montagnes, forêts) dans le but de protéger les ressources et les biens communs environnementaux. Génération.s s’inscrit dans cette continuité en demandant également la reconnaissance de l’écocide et la création d’une cour européenne des droits de la nature.

Mais la justice climatique passe aussi par la fiscalité et la redistribution. Autant la FI, EELV, que Place Publique-PS-ND proposent de taxer le kérosène et de mettre en place une taxe carbone aux frontières de l’UE. Ils sont d’ailleurs rejoints par LREM sur cette dernière proposition. L’alliance Place Publique, le Parti Communiste Français et Génération.s veulent tous les trois instaurer un grand plan de rénovation des logements et bâtiments, mais il faut savoir que les fonds européens de la politique de cohésion financent déjà des projets de rénovation thermiques des bâtiments à hauteur de plusieurs milliards d’Euros.

L’agriculture et le plastique

Plusieurs partis annoncent vouloir faire la guerre au plastique. Par exemple, LR, Génération.s ; LREM ou l’Union des Démocrates Indépendants (UDI), demandent tous à ce que la production et la consommation de cette matière soient réduites et veulent augmenter les taux de recyclage de nos déchets. Par conséquent, la récente interdiction des plastiques à usage unique dans l’UE d’ici 2021 arrive fort à propos.

Mais il est également intéressant de voir que plusieurs listes proposent de réformer la Politique Agricole Commune (PAC) autour de deux principaux objectifs : la souveraineté alimentaire et le développement d’une agriculture responsable et biologique. Cette idée est partagée aux deux extrêmes puisqu’elle se retrouve autant dans le programme du RN que de la FI, de l’alliance Place Publique, chez EELV, Génération.s ou LREM. La nécessité de réformer la PAC et de la rendre plus respectueuse de l’environnement semble déjà faire consensus au niveau européen, même si la proposition de réforme présentée par la Commission européenne à la fin de l’année 2017 a été critiquée.

Alors, à la lecture de cet article, vous pouvez légitimement vous demander quelles sont les différences entre les listes puisque nous retrouvons beaucoup de propositions similaires ou quasi de part et d’autre de l’échiquier politique. En effet, il semble que la nécessité d’agir au niveau européen pour protéger le climat fasse de plus en plus consensus dans les partis politiques français, mais la préservation de l’environnement apparaît toutefois tenir une place plus importante dans les programmes des listes de gauche que de droite. Nous retrouvons même un certain nombre de propositions quasi identiques (Europe zéro carbone, banque climat, fiscalité environnementale, réforme de la PAC), ce qui forcera donc les citoyens à différencier les listes non pas seulement sur leurs propositions pour l’environnement mais sur d’autres sujets comme l’économie, l’éducation ou encore la politique sociale. Mais ce constat que nous faisons, nous invite à nous demander pourquoi y a-t-il tant de listes différentes, notamment à gauche, si leurs visions de la protection de l’environnement et du climat sont aussi proches ? Avouez que cela pose question... Enfin, nous ne manquerons pas de noter que certaines des propositions faites existent déjà ou sont en cours de négociation au niveau européen (la réforme de la PAC, l’extension des zones Natura 2000, la sortie progressive du glyphosate, l’interdiction des plastiques à usage unique d’ici 2021 et l’augmentation des taux de recyclage).

Pour aller plus loin, vous pouvez analyser les programmes des différentes listes sur plusieurs sujets grâce au comparateur du Mouvement Européen – France et des Jeunes Européens – France : https://europeennes2019.mouvement-europeen.eu/comparateur-de-programmes/

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