À l’origine du fédéralisme, et de nos mouvements associatifs en faveur d’une Europe fédérale, on trouve un homme qui, sous l’ Italie fasciste, a inspiré tous les mouvements de résistance. Altiero Spinelli, membre du Parti communiste italien, a en 1941 écrit le Manifeste de Ventotene depuis les geôles fascistes qui, au-delà de proposer une voie vers une Europe fédérale, a porté une voix pour que jamais l’extrême-droite ne puisse de nouveau diriger l’Europe.
Cet héritage fondateur ne doit pas être oublié.
De même, celui de l’extrême-droite européenne et française non plus : l’histoire de l’extrême droite en France est celle des Ligues qui menacent la République le 6 février 1934, de la collaboration pendant la guerre, de la signature par le WAFFEN SS Pierre Bousquet de la naissance du Front National, ou encore des propos négationnistes de Jean-Marie Le Pen.
Faisant acte d’une œuvre d’éducation civique européenne, notre association est actrice de l’éducation populaire et porte toujours en son sein les valeurs de la Déclaration de Condorcet de 1792 ainsi que de l’éducation comme projet social émancipateur pour construire une société démocratique et humaniste. Plus tard, l’héritage de la Ligue de l’Enseignement, du christianisme social, du Front Populaire et du Gouvernement provisoire de la République française animé par les différents mouvements de résistance, fondent notre croyance dans l’éducation comme outil de transformation de nos sociétés et de lutte contre les nihilistes et les obscurantistes.
Aujourd’hui aucun responsable politique d’extrême droite, ni quelconque stratégie de dédiabolisation ne nous feront oublier ce qu’ils sont : des propagateurs de haine, du repli sur soi, du mépris social et des discriminations contre toutes les minorités.
« Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelques temps, l’effet toxique se fait sentir », écrivait en 1947 Victor Klemperer dans LTI, la langue du IIIe Reich. Cette dédiabolisation, c’est l’arsenic qui menace la République ; le fédéralisme et l’éducation populaire en sont les remèdes. Il ne nous faut jamais oublier que des racistes en col blanc seront toujours des racistes. Qu’importe la couleur de leur cravate, ils ne sont que sources de dilution pour les valeurs universelles : liberté, égalité, fraternité, et dans notre cas aussi la diversité pour laquelle nous devons rester unis.
Le transpartisanisme ne doit pas être synonyme d’immobilisme face à l’extrême droite
Nous ne sommes pas tous fédéralistes, mais que l’on soit de “gauche” ou de “droite”, le transpartisianisme nous permet de faire vivre le débat européen le plus largement possible.
C’est ainsi que nous devons continuer à inviter, discuter et débattre avec les partis politiques et leurs représentants, qu’importe que leur version de l’Europe soit à l’extrême inverse ou non de notre plateforme politique. Celle-ci, à travers ses résolutions, fait de nous des acteurs du débat public. En cela nous ne sommes ni neutres, ni en surplomb, car notre objectif est bien de défendre le projet d’une Europe fédérale auprès des citoyennes et citoyens et du plus grand nombre de partis politiques, ce qui n’est pas le synonyme de tous les partis politiques.
Le transpartisianisme nous impose comme acteurs du débat public de ne jamais favoriser ni soutenir des candidats à des élections. En revanche, il ne peut, ni ne doit, nous empêcher de combattre les discours en opposition totale avec l’éducation populaire.
Ce fondement de l’éducation populaire nous permet de contribuer à faire République “par l’émancipation individuelle et collective et selon un principe d’action privilégiant une éducation par toutes et tous et pour toutes et tous dans un échange réciproque des savoirs, dans une égale considération des individus, de transformation de la société, et en luttant contre les déterminismes sociaux, les discriminations et les racismes, dans une optique d’éducation à la paix.”
Jamais le transpartisianisme ne doit devenir une caution pour finir d’habiller en bons notables ceux qui sont et resteront des propagateurs de haine.
J. Jaurès disait “qu’au fond il n’y a qu’une seule race : l’humanité », ceux qui se placent en dehors de celle-ci ne peuvent pas se prévaloir du transpartisianisme, qui en sortirait alors dévoyé.
Lutter contre l’extrême-droite et ses propagateurs de haine, c’est assurer en réalité l’effectivité du transpartisianisme et des valeurs de l’éducation populaire : discuter avec celles et ceux qui, peu importent leurs convictions sur l’Europe, fédéralistes ou non, europhiles ou eurosceptiques, de droite ou de gauche, auront pour seul point commun le respect de l’idéal républicain : liberté, égalité, fraternité.
Nous devons être clairs vis-à-vis de ceux qui cherchent à diviser, nous devons nous armer pour que les militants ne soient pas otages de cette lutte mais bien des acteurs de l’éducation populaire et, par elle, de la République.
Mobilisons-nous toutes et tous, partout, contre la montée de l’extrême droite car c’est un danger universel.
Les valeurs du fédéralisme portées par Altiero Spinelli, l’histoire de l’éducation populaire faite de luttes sociales pour l’émancipation éclairée des citoyens et les valeurs européennes nous obligent à nous mobiliser avec ardeur contre la montée de l’extrême-droite en Europe. Nous appelons l’ensemble de nos bénévoles à agir pour porter à toutes les échelles et dans leurs territoires respectifs le combat européen et fédéraliste. Celui d’une lutte pour une Europe démocratique portant en elle les valeurs de justice sociale, d’égalité et de fraternité, empreinte de l’espérance de construire, pas à pas, une société pleinement humaniste.
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