La pandémie de coronavirus a de nouveau mis en évidence le fléau autrefois silencieux mais toujours présent de la violence domestique. Les victimes de cette "maladie" sont principalement les groupes les plus vulnérables de la société, comme les femmes, les enfants et les personnes âgées. Suite aux mesures de confinement, des milliers de ménages ont été contraints de rester isolés chez eux pendant de longues périodes, l’anxiété, la peur et l’incertitude provoquant des tensions au sein des familles. Pour certains, rester à la maison dans cette période de confinement est synonyme d’exposition aux actes de violence physiques, verbales ou psychologiques. Confinés à la maison et coupés de leur environnement social, les femmes et les enfants qui vivent déjà des relations violentes, se sont retrouvés piégés, maltraités et sans secours face à l’agresseur.
« Nous sommes tous confrontés à des défis psychologiques importants en raison de l’isolement ou de la quarantaine, mais les femmes et parfois les enfants qui vivent dans des foyers peu sûrs sont confrontés à un stress particulièrement éprouvant », a déclaré Mme Evelyn Regner, présidente de la commission des droits des femmes et de l’égalité des genres de l’UE.
Un phénomène d’échelle mondiale
Les restrictions de mouvement ont entraîné une hausse alarmante des violences intrafamiliales dans les quatre coins du monde. Des États-Unis à l’Europe, en passant par l’Asie et l’Australie, beaucoup de femmes et d’enfants ont été victimes de violence. Les chiffres publiés par les autorités nationales donnent une indication de l’ampleur du phénomène. En Europe, le nombre d’appels aux lignes d’assistance téléphonique a doublé, voire triplé durant le confinement, tandis qu’en Turquie comme en Espagne de nombreuses femmes ont été assassinées par leur partenaire.
Le plus gros problème reste le fait que les cas signalés ne sont que la partie émergée de l’iceberg. À cause de la présence continue de leur agresseur dans le foyer et de l’intimidation constante qu’elles reçoivent de la part de l’auteur, il est très difficile pour les victimes de demander du soutien ou de déposer une plainte auprès de la police. Ensuite, suite aux mesures restrictives, l’accès aux services de santé et de protection, ainsi qu’aux refuges et aux centres d’aide juridique, est devenu plus limité, rendant difficile l’accès à une assistance habituellement disponible. Le résultat ? La plupart des cas de violence domestique restent non-signalés.
Face à ce problème, le secrétaire général de l’ONU a lancé un appel aux États pour mettre en place des systèmes d’alerte efficaces dans le but de lutter contre les effets pervers du confinement et de la distanciation sociale. Suite à cet appel, de nombreux pays européens ont lancé une nouvelle initiative pour signaler les incidents de violence domestique. L’expression #masque19 s’est déjà avérée être une bouée de sauvetage pour des milliers de victimes qui peuvent désormais demander de l’aide dans les pharmacies.
En opposition à cette initiative, une nouvelle décision vient de mettre davantage en péril les victimes de violences conjugales. Alors que nous sommes à un stade critique de la crise actuelle et des conséquences qui l’entourent, le parlement hongrois a rendu le 5 mai 2020 sa décision de ne pas ratifier la Convention d’Istanbul, qui prévoit des standards minimums pour protéger dûment les femmes contre les abus et les violences domestiques.
Il est indéniable que la pandémie de Covid-19 est une crise sanitaire. Comme toutes les crises, elle a touché les plus vulnérables, soulignant clairement les inégalités préexistantes. Le devoir de chaque État et de l’UE de protéger ses citoyens non seulement du coronavirus mais de toute forme de menace.
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