Candidate indépendante, Connolly a bénéficié du soutien de l’ensemble des partis de gauche et d’une partie de l’électorat écologiste. Son profil tranche avec la tradition politique irlandaise, longtemps dominée par les deux partis centristes, Fine Gael et Fianna Fail. Figure respectée pour son intégrité et son franc-parler, elle a su s’imposer au fil d’une campagne centrée sur les questions sociales, la justice climatique et la paix internationale.
Une militante de terrain devenue présidente écologiste et pacifiste
Originaire de Galway, sur la côte ouest, Catherine Connolly est issue d’une famille modeste de treize enfants. Psychologue de formation, puis avocate, elle fait ses débuts en politique au sein du conseil municipal de Galway, avant d’être élue députée en 2016. De 2020 à 2024, elle a occupé le poste de vice-présidente du Dáil Éireann, la chambre basse du Parlement irlandais. Au cours de sa carrière, Catherine Connolly s’est distinguée par son engagement en faveur du logement abordable, de la jeunesse et de la promotion de la langue irlandaise. Elle a ainsi mené une campagne présidentielle axée sur la justice sociale et la défense de services publics accessibles à tous, rassemblant une base citoyenne au-delà des partis traditionnels.
Connolly plaide pour un changement profond du modèle économique, estimant que “nous ne pouvons pas continuer avec la même approche non durable de la croissance”. Son discours s’appuie sur une vision de long terme alliant justice sociale et transition écologique.
Sur le plan international, elle défend la neutralité militaire de l’Irlande, pilier historique de la politique étrangère du pays. Elle s’oppose à ce qu’elle appelle la “militarisation croissante” de l’Union européenne, qu’elle accuse d’avoir perdu “sa boussole morale”. Connolly a également pris position sur plusieurs points importants : elle a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie, tout en estimant que l’OTAN a contribué à la montée des tensions en Europe de l’Est. Concernant le Proche-Orient, elle figure parmi les dirigeants européens à avoir qualifié Israël d’”État génocidaire” depuis les attaques du Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023. Elle s’engage, lors de son discours de remerciements après la publication des résultats à Dublin, à être “une voix pour la paix, une voix qui s’appuie sur notre politique de neutralité” et qui insiste sur « la menace existentielle que constitue le changement climatique”.
Un vote symbolique dans un contexte difficile
L’élection de Catherine Connolly revêt une forte portée symbolique. Elle marque un rassemblement inédit de la gauche irlandaise autour d’une candidate indépendante et souligne aussi un désir de renouvellement d’une partie de la société. Cependant, le scrutin a aussi révélé un certain désenchantement politique : la participation a été faible, seulement 46% de la population a voté et 13% des bulletins ont été déclarés invalides, un record depuis l’instauration de la présidence au suffrage universel direct. Lors de son discours de remerciement après la publication des résultats, Catherine Connolly a souligné “à ceux qui n’ont pas voté pour moi et à ceux qui ont rendu nul leur vote, laissez-moi vous dire que je serai une présidente inclusive, à votre écoute”.
Cette victoire intervient dans un contexte économique et social difficile . L’Irlande fait face à une forte crise du logement, avec des loyers et des prix immobiliers parmi les plus élevés d’Europe. Parallèlement, la campagne présidentielle a été marquée par la montée des discours d’extrême droite, souvent axés sur la question migratoire. Ces dernières semaines, des heurts ont opposé manifestants et forces de l’ordre devant le centre d’accueil pour demandeurs d’asile, Citywest Hotel, proche de Dublin, révélant un climat social particulièrement tendu.
Autre axe fort de son programme : la réunification de l’Irlande. Connolly estime que le nord de l’île devrait pouvoir participer à l’élection présidentielle, considérant qu’il reste “une partie coupée de la République”. Lors d’une visite à Belfast, elle a réaffirmé sa conviction qu’une consultation populaire au Nord pourrait ouvrir la voie à une réunification pacifique, “dans le respect de toutes les identités.” Cette position, sensible sur le plan politique, est néanmoins en cohérence avec son engagement pour la paix et le dialogue intercommunautaire. Elle s’inscrit dans une tradition républicaine irlandaise, mais aussi dans une volonté de dépasser les clivages du passé.

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