Jean-Luc Godard, la révérence d’un géant

, par Volkan Ozkanal

Jean-Luc Godard, la révérence d'un géant
source : flickr.com licence Creative commons

Le 13 septembre dernier, Jean-Luc Godard est décédé à 91 ans, en Suisse. Un monument du cinéma français et qui laisse de nombreux chefs-d’œuvre derrière lui. Un héritage monumental tant dans la richesse que la diversité des films qu’il sera difficile d’atteindre pour ses successeurs potentiels.

Fin d’un mythe et chef de « La Nouvelle Vague »

Un des derniers géants du cinéma nous a quittés en septembre dernier. Une filmographie riche de certains des plus grands films de l’histoire du cinéma et qui ont marqué des générations de passionnés. De « A bout de souffle » (1960) qui réunissait le duo Jean Seberg – Jean-Paul Belmondo en passant par « Le Mépris » (1963) avec Brigitte Bardot et Michel Piccoli. Ou bien encore « Une femme est une femme » (1961) avec la muse du réalisateur franco-suisse, Anna Karina et « Pierrot le Fou » (1965) qui réunissait Karina et Belmondo. Quantité de joyaux cinématographiques qui ont marqué l’histoire du cinéma et qui restent encore aujourd’hui reconnus dans le panthéon du « septième art ».

Durant près de 70 ans, Jean-Luc Godard a mis en lumière son emprise sur le cinéma en étant dans un premier temps le chef de file du mouvement de « La Nouvelle Vague ». Une nouvelle façon de voir le cinéma en compagnie de réalisateurs de la trempe de François Truffaut, Agnès Varda, Claude Chabrol, Louis Malle, Alain Resnais ou encore Eric Rohmer. Godard a toujours tenté de briser les codes du cinéma. Une génération issue de la revue “Les Cahiers du cinéma”, désireux de proposer une évolution radicale du cinéma. En créant une nouvelle façon de filmer, de travailler sur les scénarios et en voulant être libre dans sa façon de créer, Jean-Luc Godard est devenu un monument à lui seul. Pourtant Godard n’a pas cherché à révolutionner le cinéma mais à intégrer la révolution au cinéma. En voulant surtout montrer des pans de la réalité et aller toujours plus loin dans la production et la création, « La Nouvelle Vague » a été le précurseur de ce qui préfigure le cinéma.

Une volonté qui ne s’est jamais démentie pour Godard notamment dans la partie montage qui donne un résultat final vécu tel quel par le réalisateur. En voulant rester humble tout en étant conscient de la valeur ajoutée au travail fourni aussi bien dans l’écriture que le montage.

Il déclarait d’ailleurs dans un entretien pour le magazine Sofilm : « Pour moi, le montage, c’est le scénario. C’est après que l’on peut écrire : « Il entra dans la pièce. Il jeta un regard un peu désabusé… » L’écrire avant, c’est ridicule. Si les scénaristes le disaient à haute voix, ils ne pourraient pas continuer, ça les ferait trop rire. Celui qui met encore : « Écrit et réalisé » … Bon, pauvre garçon, si ça lui plaît »

Belmondo, Karina donc mais aussi Jeanne Moreau, Jean-Pierre Léaud et les autres, Godard a tourné avec les plus grands et grandes. Un éclectisme qui a notamment permis de propulser et révéler des carrières de comédiens à travers ses films.

La révolution au cinéma

Dès lors, le personnage de Jean-Luc Godard restera, au-delà de ses films, une figure majeure du cinéma du XXème siècle. En traçant le sillon et en permettant d’explorer toujours plus les limites de la création, le réalisateur n’a jamais été à bout de souffle et n’a jamais méprisé le « septième art ». D’abord critique de cinéma, Jean-Luc Godard n’a pas eu l’impression de changer en passant derrière la caméra : « En tant que critique, je me considérais déjà comme cinéaste. Aujourd’hui je me considère toujours comme critique, et, en un sens, je le suis plus encore qu’avant. Au lieu de faire une critique, je fais un film, quitte à y introduire la dimension critique »

C’est donc une page qui se tourne désormais avec le décès du réalisateur. Mais gageons que son enseignement se prolonge et permette l’émergence d’autres figures de proues du cinéma. Entre la Palme d’or pour son œuvre obtenue en 2018 ou encore et la rétrospective de 2020 à la Cinémathèque, le monde du cinéma avait déjà rendu hommage au réalisateur.

Godard restera aussi une figure profondément politique, pour qui les événements de Mai 1968 ont été essentiels. Un moment où Godard s’est sentie dépassé par son temps. Un sentiment de décalage qui le fera souffrir le poussant même à renier une partie de son œuvre et posant la révolution comme absolue. Godard ne voulait pas révolutionner le cinéma, son objectif visait l’intégration de la révolution au cinéma, la dernière étape vers un cinéma politique. Dans la poursuite de cette réflexion, Jean-Luc Godard se refuse à un cinéma léger et divertissant. Un passage de sa vie mis en scène par Michel Hazanavicius dans “Le Redoutable” qui retrace à la perfection les tergiversations philosophiques d’un cinéaste de génie.

« Tout va bien » (1972) grâce à la « puissance de la parole » (1988) qui continuera d’émerveiller le spectateur. « Le cinéma, comme la peinture, montre l’invisible » mais, à travers sa production et ses chefs-d’œuvre, Godard a réussi plus que cela. Son cadrage, sa manière de filmer, la variété des sujets traités et mis en lumière ne se tariront pas. Et rien que pour cela, il faut remercier et saluer ce grand réalisateur alors, merci Monsieur Godard !

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