Jean-Paul Cauchi, un résistant mulhousien

« Démocratie ? 1944-2024 » : Le Taurillon entre Alsace et Auvergne

, par Quentin Fady

Jean-Paul Cauchi, un résistant mulhousien
Les membres du Conseil national de la résistance, septembre 1944 ©Agence Presse Libération F.F.I (Wikimedia commons)

Jean-Paul Cauchi est un résistant originaire de Mulhouse, qui a mené de nombreuses actions en Auvergne durant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, il est relativement méconnu. Mais alors, qui est ce Jean-Paul ? C’est ce que nous allons essayer de découvrir.

Qui est Jean-Paul Cauchi ? Difficile de répondre à cette question, et pourtant c’était un résistant actif de la Seconde Guerre mondiale. En me renseignant un peu plus, j’ai découvert qu’il était originaire de Mulhouse, était étudiant à l’Université de Strasbourg, et qu’il s’est éteint à l’âge de 23 ans. J’ai constaté de nombreux points communs entre lui et moi, ce qui m’a immédiatement permis de me sentir proche de son histoire. En approfondissant mes recherches, j’ai réalisé que son nom revenait sans cesse dans les archives liées à la résistance à Clermont-Ferrand. M’est alors apparu une évidence : je devais écrire un article sur cet homme.

Le plateau de Gergovie

Le 3 septembre 1939, la France entre en guerre au lendemain de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne. Par sécurité, de nombreux Alsaciens évacuent la région, au cas où la guerre se déplacerait chez eux. L’Université de Strasbourg fait partie des voyageurs et s’installe à Clermont-Ferrand.

1940, Jean-Paul Cauchi quitte Mulhouse et rejoint l’Université de Strasbourg en tant qu’étudiant en Histoire. Le 10 mai, l’année universitaire se termine et l’été commence. Mais un problème se pose. La moitié de la France est sous occupation allemande, et l’Alsace et la Moselle sont considérés comme territoires du Reich . Les nazis exigent

que les étudiants et professeurs alsaciens retournent à Strasbourg pour reconstituer une université allemande. Le recteur et les doyens s’y opposent, mais avec l’été et les vacances qui l’accompagnent, de nombreux étudiants alsaciens aimeraient rentrer chez eux, par manque de ressources financières.

C’est alors que le professeur d’Histoire Gaston Zeller a une idée pour retenir les étudiants le temps des vacances. Constituer un groupe pour mener des fouilles dans une zone de recherche archéologique, le plateau de Gergovie. Pour concrétiser le projet, il coopère avec son collègue et ami Jean Lassus. Ensemble, ils chercheront l’aide du général de Lattre de Tassigny. Le projet se concrétise et le général, très favorable au projet, va au-delà des espérances des professeurs et propose ARTICLE | PAGE 8

la construction d’un bâtiment destiné à accueillir les équipes de fouilles. Ce sont les étudiants qui sont chargés de la construction du bâtiment et une fois fini, ce sont une soixantaine d’élèves qui vont fréquenter les lieux durant trois à quatre années. Le groupe qui s’est formé, dont Jean-Paul Cauchi fait partie, s’unit fortement au point de se faire appeler “Les Gergoviotes”.

La résistance

Certains d’entre eux s’engageront dans la résistance mais les “Gergoviotes” n’est pas un mouvement de résistance. Seulement, certains d’entre eux se sont fait approcher par des mouvements résistants et ont entrepris des actions : graffitis, distribution de journaux clandestins.

Ces membres des Gregoviotes ont d’abord rejoint Libération-Sud, mais les activités du mouvement se sont stoppées en 1941. En 1942 est inauguré Combat, et nombre d’entre eux rejoignent le groupe. La même année, Jean-Paul Cauchi est chargé par le cofondateur de Combat, Alfred Coste-Floret, de fonder une section étudiante : Combat étudiant. Les actions gagnent en intensité : destruction de kiosques diffusant des journaux allemands, menaces contre les collaborationnistes, fabrication de faux papiers, utilisation d’explosifs et même une tentative d’attentat contre Dr Raymond Grasset, secrétaire d’État à la santé de Pétain.

En plus d’être membre de Combat Étudiant, Jean-Paul Cauchi infiltre déjà des groupes collaborationnistes et fait partie intégrante de réseaux de renseignement comme Mithridate ou Navarre.

Par ces actes et réalisations, il est ainsi considéré comme l’un des Gergoviote résistants les plus actifs, voire un “héros” par certains, dont le résistant Julien Feund.

L’exécution

A cause de ses nombreuses obligations, Jean-Paul Cauchi doit déléguer une partie de ses fonctions. Il choisira Georges Mathieu, un autre étudiant en Histoire. Malheureusement, ce dernier travaillera avec l’armée allemande en tant que collaborationniste et jouera un rôle dans les rafles menés par l’Allemagne contre l’Université en 1943.

Jean-Paul est arrêté en avril 1944 à Paris et est déporté en août à Buchenwald. Il est affecté à un camp de travail avant d’être abattu en 1945 lors d’une évacuation du camp, alors que les Alliés approchaient. Durant sa période au camp, Jean-Paul a collecté des informations sur les gardiens, sur le contenu de l’armurerie et sur les moyens d’y accéder. En 1957, JeanPaul Cauchi est élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur, à titre posthume.

La majorité des résistants ont été oubliés, à l’image de Jean-Paul Cauchi. Pourtant, tous ont permis de lutter contre le totalitarisme et ont permis l’avénement de notre démocratie. Si un jour, au détour de pages d’histoire, un nom vous interpelle, n’hésitez pas à pousser la fouille, tel un “Gergoviote”. Vous trouverez sans nul doute des morceaux d’histoire aussi touchants qu’ils ont pu être déterminants pour notre histoire.

Cet article a été écrit dans le cadre de « Démocratie ? 1944-2024 », le Taurillon entre Alsace et Auvergne, un partenariat entre les Jeunes Européens Strasbourg et Auvergne. Il a été écrit du point de vue de l’auteur, qui raconte sa démarche de recherches.

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