Le litas, la monnaie locale qui avait succédé au rouble de l’ère soviétique et au talon des débuts de l’indépendance, était d’ailleurs lié à l’euro depuis 2002, et le désir du pays de rejoindre la zone n’était un secret pour personne. Répondre aux critères d’adhésion, surtout après la crise qui a réduit le PIB lituanien de près de 15% en 2009, s’est traduit par un certain nombre de sacrifices demandés à la population. L’ancien gouvernement d’Andrius Kubilius a ainsi imposé une cure d’austérité suffisamment sévère pour inspirer, face au chômage grandissant, le départ de près de 6% de la population, principalement vers d’autres pays européens.
En tout cas son successeur, Algirdas Butkevicius, s’est réjoui de cette adhésion, déclarant que « l’euro servira de garantie à notre sécurité économique et politique ». Finalement, c’est peut être l’aspect symbolique, et donc politique, qui eu le plus de poids dans la balance. A vrai dire, la population lituanienne était même globalement peu favorable à l’adoption de la monnaie unique jusqu’à l’année dernière, par peur de voir les prix monter en flèche.
Mais la montée des tensions avec le grand voisin russe a inévitablement renforcé l’idée qu’il était temps de rallier la zone, afin d’accélérer un certain processus de sanctuarisation des Etats baltes. Il y a trois ans, c’était l’Estonie, il y a un an la Lettonie, voilà maintenant l’ensemble des pays de la région partageant la monnaie unique.
La Lituanie avait adhéré à l’Union européenne et à l’OTAN en 2004, mais l’euro est donc une étape supplémentaire dans son intégration et donc dans le rejet de son passé soviétique. La détermination montrée par Vladimir Poutine en Ukraine n’a cessé de renforcer les soupçons quant à l’appétit territorial de Moscou et, à titre d’exemple, le gouvernement lituanien a produit et distribué début janvier un manuel expliquant en détail comment réagir en cas d’invasion étrangère. Il y est par exemple conseillé de s’organiser rapidement sur les réseaux sociaux, de mener des cyberattaques et surtout de ne pas céder à la panique. Cela montre bien l’ambiance qui règne à Vilnius, Tallinn ou Riga, et en Europe de l’Est de manière plus générale.
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